Auteur: Commission économique pour l’Afrique
Type de publication: Rapport
Date de publication: 2016
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Vue d’ensemble
Après des années de bonnes performances, le Ghana est entré dans une phase de ralentissement économique avec des taux de 7,3 % en 2013, en baisse par rapport aux chiffres de 9,3 % en 2012 et 14,0 % en 2011. Cette tendance s’est poursuivie avec un taux de croissance de 4,0 % en 2014, puis de 3,9 % en 2015. Les principaux indicateurs macroéconomiques traduisent des fondamentaux macroéconomiques non soutenables, une situation qui couvait depuis de nombreuses années.
Le déficit budgétaire est demeuré élevé à 7,2 % du PIB en 2015, après avoir atteint un niveau de 10,2 % du PIB en 2014. Le ratio dette/PIB a stagné autour de 70 %. Le déficit du compte courant a atteint 8,3 % du PIB en 2015, contre 9,6 % du PIB en 2014. La menace des pressions inflationnistes est élevée, le taux d’inflation ayant grimpé depuis des valeurs à un chiffre en 2010 jusqu’à 15,5 % en 2014 et près de 17,0 % en 2015.
Le cedi s’est déprécié de 24,5 % par rapport au dollar, chutant d’une moyenne annuelle de 3,06 cedis pour 1 dollar en 2014 à 3,81 cedis pour 1 dollar en 2015. Le coût élevé de l’emprunt est directement lié aux taux d’intérêt intérieurs globalement hauts, alimentés par les pressions inflationnistes et le risque élevé de refinancement de la dette publique. L’économie devrait rebondir en 2016, avec une croissance attendue d’environ 4,5 %, stimulée par l’augmentation de la production pétrolière et gazière, l’investissement du secteur privé, l’amélioration des infrastructures publiques et la stabilité politique du pays.
La population ghanéenne est jeune, avec une vaste base comprenant beaucoup d’enfants et peu de personnes âgées. En se basant sur le seuil de pauvreté supérieur (environ 307,1 dollars), la proportion de la population classée comme pauvre a diminué, passant de 28,5 % en 2005-2006 à 24,2 % en 2012-2013. Les inégalités se sont creusées, mais l’accès aux soins de santé s’est globalement amélioré sur la période 2005-2013. La proportion des personnes qui ont déclaré avoir été malades, mais qui n’ont pas cherché à se faire soigner était de 34 % en 2013, soit une baisse par rapport au chiffre de 40,6 % en 2005.
La politique du Ghana en matière d’éducation au cours des 10 dernières années a été axée sur la réalisation de l’objectif du Millénaire pour le développement connexe ainsi que des objectifs du programme Éducation pour tous. L’objectif de taux brut de scolarisation dans l’enseignement primaire a été atteint en 2012, soit avant l’échéance de 2015.
La population ghanéenne est jeune, avec une vaste base comprenant beaucoup d’enfants et peu de personnes âgées
Depuis 2013, le Ghana est au cœur d’une grave crise énergétique, qui suscite une profonde indignation dans l’opinion publique et paralyse l’économie. Les coupures de courant dues aux délestages se sont aggravées depuis décembre 2014. De sérieux problèmes liés à la disponibilité d’une électricité de qualité assombrissent les perspectives économiques du pays.
Il faut par conséquent mettre en œuvre des politiques solides dans le secteur de l’électricité afin de renforcer la reprise économique. Ces politiques devraient notamment sensibiliser la population à mieux utiliser l’électricité, mettre en œuvre des programmes tels que le système de compteurs prépayés, investir dans le secteur de l’électricité et développer l’énergie renouvelable.
Performances économiques
Croissance économique
Le cadre directeur pour le développement national à moyen terme du Ghana a été guidé depuis 2010 par le GSGDA. Couvrant la période 2010-2013, le premier GSGDA a mis l’accent sur une transformation structurelle de l’économie ghanéenne fondée sur l’industrialisation du pays, la modernisation de l’agriculture et le développement des ressources naturelles. Il a été suivi d’un deuxième GSGDA pour la période 2014-2017.
La croissance relativement forte de l’économie ghanéenne pendant la mise en œuvre du premier GSGDA (9,6 % en moyenne) a favorisé un accroissement sensible du revenu par habitant, qui est passé de 1 260 dollars en 2010 à 1 550 dollars en 2012. Cette croissance est toutefois en grande partie imputée au démarrage de l’exploration et de la production pétrolières. L’industrie pétrolière a enregistré le taux de croissance moyen le plus élevé sur cette période, devant le secteur des services et l’agriculture. La structure de la production a progressivement évolué de l’agriculture vers les services.
Ces derniers ont enregistré la plus forte croissance (5,2 %), devant l’agriculture (2,5 %) et l’industrie (1,0 %). Les services demeurent le secteur le plus important, et leur contribution au PIB a augmenté, passant de 52,0 % en 2014 à 53,3 % en 2015. Leur taux de croissance a toutefois diminué, atteignant 5,2 % en 2015 contre 5,6 % en 2014.
Deux sous-secteurs de services ont affiché une croissance à deux chiffres: l’information et la communication (13,4 %) et la santé et le travail social (11,5 %). Secteur à la croissance la plus faible, l’industrie (26,6 % du PIB) a légèrement progressé de 0,8 % en 2014 à 1,0 % en 2015. Le sous-secteur de l’eau et de l’assainissement a enregistré la plus forte croissance au sein des activités industrielles, soit 21,5 % en 2015.
Politique monétaire
L’outil de la Banque du Ghana est le taux de politique monétaire, la cible opérationnelle étant le taux d’intérêt du marché monétaire au jour le jour (taux interbancaire). La Banque du Ghana utilise le taux de politique monétaire comme un taux directeur afin de progressivement résorber l’inflation sur l’horizon politique jusqu’à l’objectif de moyen terme de 8 % ± 2 %. Les taux d’inflation moyens annuels s’établissaient à 11,5 % en 2013, 15,5 % en 2014 et 17,7 % en 2015.
L’inflation était tirée par les répercussions de la dépréciation de la monnaie, l’ajustement à la hausse des prix à la pompe après la déréglementation des prix du pétrole et l’augmentation des prix alimentaires en raison du cycle de saison sèche. Le Ghana n’est actuellement pas près d’atteindre le critère de premier rang de la CEDEAO, à savoir de maintenir le taux d’inflation annuel moyen à moins de 5 %. Au cours des dernières années, le cedi n’a cessé de se déprécier par rapport au dollar.
Le taux de change moyen annuel cedi/dollar est passé de 1,4/1 en 2010 à 3,7/1 en 2015, en grande partie sous l’effet des pressions accrues de la demande, des activités spéculatives, d’une baisse des entrées de devises et d’un fléchissement des fondamentaux macroéconomiques. Le marché des changes a affiché une volatilité accrue au premier semestre 2015, entraînant une dépréciation accélérée du cedi, qui a cédé 26,2 % par rapport au dollar.
Cette tendance s’est toutefois atténuée au quatrième trimestre 2015, en raison de l’amélioration des entrées de devises dans un contexte de politique restrictive. D’après la Banque du Ghana, les entrées de devises provenant de l’emprunt du Ghana Cocoa Board et de l’émission des euro-obligations se sont élevées à environ 2,8 milliards de dollars.
Ce solide amortisseur face aux fluctuations des taux de change a favorisé une appréciation du cedi de 14,5 % au cours du deuxième semestre 2015. La monnaie ghanéenne s’est toutefois globalement dépréciée de 5,7 % en glissement annuel en 2015, mais bien moins qu’en 2014 où la dépréciation avait atteint 31,3 %.
Compte courant
Ces dernières années, le déficit du compte courant est demeuré à un niveau élevé non soutenable de 8,3 % du PIB en 2015, contre 9,6 % en 2014. Son évolution à la baisse découlait principalement d’une amélioration de la balance commerciale. La balance commerciale (y compris coût des services) a enregistré un déficit plus élevé, égal à 4 098 millions de dollars (7,1 % du PIB) en 2015, contre 3 989 millions de dollars (3,6 % du PIB) en 2014.
Cette variation était le résultat net d’une forte baisse des importations en 2015, et non d’une diminution des recettes d’exportation. La valeur des exportations de marchandises était estimée à 11 011 millions de dollars (19,1 % du PIB) en 2015, soit un recul de 16,7 % par rapport à 2014. On estimait la valeur des importations de marchandises à 13 799 millions de dollars (23,9 % du PIB) en 2015, soit un repli de 5,5 % par rapport à 2014.
Les dépenses totales liées aux importations non pétrolières ont chuté de 6,6%en 2015, atteignant 11 303 millions de dollars (19,6 % du PIB). Cette baisse s’est répercutée sur toutes les catégories d’importations: biens d’équipement, produits intermédiaires et biens de consommation.
Analyse thématique: L’offre énergétique insatisfaisant pénalise la croissance du Ghana
Avec une croissance tombée à 4,1 % en 2015, l’économie continue de ralentir en raison de la crise énergétique sévère, du poids non soutenable de la dette intérieure et extérieure et du creusement des déséquilibres macroéconomiques et financiers. Les moteurs de la croissance continuent d’être les services (50,2 %), suivis de l’industrie (28,4 %) et de l’agriculture (19,9 %).
En particulier, le bon fonctionnement de l’industrie et d’une grande partie des services dépend d’un approvisionnement énergétique fiable. Les sérieux problèmes de disponibilité d’une énergie de qualité ont par conséquent des répercussions néfastes sur les perspectives de reprise économique au Ghana. Le présent profil de pays se penche donc sur le secteur énergétique au Ghana ces dernières années.
La crise énergétique au Ghana
Le secteur de l’énergie au Ghana a été durement touché en raison d’une offre qui empêche de disposer d’une énergie accessible, abordable en termes de coût et fiable. Relativement simple, le bouquet énergétique ghanéen pose toutefois quelques problèmes. Le pays dépend de la biomasse et du charbon de bois (39,8 % en 2014), de gaz, du pétrole brut et des produits pétroliers (46,6 %) et de l’électricité (13,6 %) pour assurer les besoins énergétiques totaux de la population et de l’industrie (Commission de l’énergie du Ghana, 2015). À l’heure actuelle, la demande étant supérieure à l’offre, la distribution électrique est irrégulière, et l’électricité est rationnée par le biais de délestages.
La demande électrique totale au Ghana se situait entre 14 000 et 16 400 GWh en 2015, pour une offre d’environ 15 000 GWh
D’après GRIDCo, la clientèle électrique comprend plus de 2 millions de consommateurs résidentiels et 1 150 consommateurs industriels. D’après la Commission de l’énergie du Ghana (2012 et 2014), le pic de demande électrique a augmenté, passant de 1 943 MW en 2012 à 2 061 MW en 2014. À ce rythme, le pays doit pouvoir produire entre 16 398 et 17 350 GWh, ce qui exige une capacité supplémentaire de 4 000 à 4 200 MW pour suivre la progression de la demande.
La demande électrique totale au Ghana se situait entre 14 000 et 16 400 GWh en 2015, pour une offre d’environ 15 000 GWh. Jusqu’en 1998, l’électricité du pays était principalement produite par les 1 020 MW de capacité hydroélectrique installée du barrage d’Akosombo construit en 1996. Deux nouveaux barrages s’y sont ajoutés depuis, portant la capacité totale installée à environ 3 200 MW.
Les conditions pluviométriques, les incidents et les retards dans la construction de nouvelles centrales ont influé sur les tendances de la production électrique au Ghana. L’Autorité du fleuve Volta exploite 83 % de la capacité de production, tandis que des producteurs indépendants se partagent les 17 % restants.
C’est une source de frustration pour les Ghanéens de constater que le pays a plus de capacité installée que nécessaire pour satisfaire la demande. Sur les 3 200 MW installés, l’hydroélectricité représente 49,9 %, les centrales thermiques au gaz naturel, au pétrole léger et au diesel 49,8 % et les sources d’énergie renouvelable à peine 0,3 %. Le pic de demande fluctue entre 1 900 et 2 200 MW, mais ces derniers temps, seuls 1 500 MW étaient disponibles dans le meilleur des cas, soit la moitié de la capacité totale, justifiant les délestages chroniques.
D’après la Commission de l’énergie du Ghana (2014), la consommation électrique annuelle par habitant du pays depuis 2010 se situe en moyenne autour de 400 kWh. À titre de comparaison, la plus faible moyenne au niveau mondial s’élève à 500 kWh pour la tranche inférieure des pays en développement à revenu intermédiaire. Si cette consommation n’a connu qu’une hausse à la marge entre 2013 (399 kWh/habitant) et 2014 (410 kWh/habitant), il existe encore cependant un net déficit d’électricité à combler.
Les problèmes d’approvisionnement en électricité se manifestent principalement dans les déficits hydrologiques périodiques qui découlent de l’irrégularité des régimes pluviométriques et des apports hydriques alimentant les centrales hydroélectriques. Compter sur les précipitations pour remplir les barrages hydroélectriques n’est peut-être pas la solution optimale compte tenu des changements climatiques.
D’après la Commission de l’énergie du Ghana (2014), la production électrique globale aurait pu être meilleure en 2013, où l’approvisionnement était limité dans le pays, si les centrales hydroélectriques avaient reçu davantage d’apports hydriques
Le pays se trouve ainsi contraint de faire appel aux centrales thermiques alimentées au pétrole et au gaz. L’incapacité de ces centrales à atteindre leur pleine capacité de production, en raison des volumes limités et du coût élevé du combustible, empêche d’assurer un approvisionnement électrique fiable. L’offre gazière était limitée au mieux à 30 à 50 millions de ft3 normalisés par jour (soit environ 850 000 m3 à 1,4 million de m3 par jour) en 2014, au lieu des 123 millions de ft3 normalisés (environ 3,5 millions de m3) en provenance du Nigéria qui étaient prévus au contrat pour alimenter les centrales thermiques.
L’Autorité du fleuve Volta a par conséquent dû utiliser du pétrole brut, ce qui s’est également avéré coûteux ces derniers temps. Les centrales thermiques ne peuvent ainsi pas fonctionner efficacement et à pleine capacité, et l’approvisionnement électrique s’en trouve réduit.
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1 Commentaire. En écrire un nouveau
Bonne initiative que de publier des notes sur les différents secteurs économiques du pays.Mais celles-ci ont besoin d’être actualisées vu qu’elles remontent à 2015.