Auteur : Ministère du Plan de la République du Niger
Type de publication : Rapport
Date de publication : 2017
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Situation économique
L’économie du Niger a été insuffisamment dynamique et trop instable du fait de sa dépendance vis-à-vis de la volatilité liée aux ressources naturelles et aux aléas climatiques. La croissance économique du Niger a été trop faible compte tenu du taux de croissance de sa population, pour permettre une amélioration du niveau de vie des nigériens. Cette très faible croissance économique qui en moyenne n’a pas dépassé 1,2% entre 1960 et 2004, reflète la faiblesse de son capital humain et de ses infrastructures, et l’insuffisante diversification de son économie trop fortement tributaire d’un secteur agropastoral traditionnel soumis aux aléas climatiques. A partir de 2005, la croissance économique s’est accélérée pour atteindre une moyenne de 5,5%. Cette progression a reposé sur trois facteurs : une bonne gestion économique, une meilleure pluviométrie, et la forte croissance de la demande et des prix internationaux des matières premières. Mais le point très inquiétant est que depuis l’indépendance, la structure de l’économie nigérienne n’a guère changé, avec le maintien d’une agriculture de subsistance peu productive et un très faible développement du secteur privé.
« L’économie du Niger a été insuffisamment dynamique et trop instable du fait de sa dépendance vis-à-vis de la volatilité liée aux ressources naturelles et aux aléas climatiques »
Le revenu moyen par habitant du pays a nettement divergé par rapport à l’évolution du revenu moyen par habitant en Afrique subsaharienne (ASS) et dans le monde au cours des 50 dernières années. Alors que dans l’Afrique subsaharienne le revenu par habitant a augmenté de quelques 40% entre 1965 et 2015, le revenu par habitant du Niger a diminué entre 1965 et 1985, et n’a dès lors connu qu’une très faible augmentation. La raison en est l’ampleur de la croissance de la population et un taux de croissance économique plus lent.
La stagnation sur une longue période des revenus par habitant contraste avec l’ampleur des fluctuations interannuelles du taux de croissance. Ces grandes fluctuations interannuelles des taux de croissance sont la conséquence d’une pluviométrie très volatile et de la volatilité de la demande et des prix des matières premières. Dans 60 % des cas, au cours des 50 dernières années, le taux de croissance du revenu par habitant a été négatif. Comme environ 4 nigériens sur 5 vivent des ressources naturelles et de l’élevage en milieu rural, ces fluctuations interannuelles élevées et la faible croissance du revenu par habitant impliquent une vulnérabilité croissante des populations.
Un examen de la croissance du PIB au niveau sectoriel montre une augmentation de la part de l’agriculture au cours des 20 dernières années et un déclin de la part des services. La part de l’agriculture (y compris l’élevage, la pêche et la foresterie) est passée de 38 % en 1995 à 42,1 % en 2014, reflétant la croissance d’une population rurale n’ayant que peu d’autres possibilités d’emplois et une amélioration de la pluviosité par rapport aux décennies précédentes. Parallèlement, le déclin des services est d’une ampleur quasiment identique, passant de 47 % du PIB en 1995 à 39 % en 2014. Ces chiffres pourraient refléter la dominance des méthodes traditionnelles dans l’agriculture et les services, avec pour effet l’absorption d’une main-d’œuvre incapable de trouver un emploi ailleurs. Il se peut également que l’augmentation des possibilités d’emploi dans l’agriculture se soit traduite par un déclin de l’emploi informel dans les services traditionnels.
« Environ 4 nigériens sur 5 vivent des ressources naturelles et de l’élevage en milieu rural »
La part du secteur industriel (hors pétrole et extraction minière) a peu évolué au cours des 20 dernières années et continue de se situer autour des 10 % du PIB. Quant à la part de l’extraction pétrolière et minière, elle reste peu élevée après avoir connu deux périodes d’évolution distinctes. En effet, entre 1995 et 2008, la part des activités pétrolières et minières a connu un déclin régulier, passant d’environ 4 % du PIB en 1995 à moins de 2 % en 2008, pour ensuite augmenter régulièrement à partir de 2009 jusqu’à atteindre 6 % du PIB en 2012, suite à l’exploitation pétrolière.
Gestion des finances publiques
L’augmentation considérable de la taille des pouvoirs publics est certainement le changement le plus notable dans les finances publiques au cours des 20 dernières années. La part des recettes publiques dans le PIB a plus que doublé : partant du niveau très faible de 7,5 % en 1995, elles ont augmenté avec régularité pour atteindre 17,5 % du PIB en 2014. Ces dernières années, cette augmentation a été en grande partie stimulée par les recettes tirées de l’uranium et du pétrole, qui représentent 23 % des recettes publiques depuis 2012. Les dépenses ont également augmenté, mais à un rythme plus lent que les recettes, passant de 16 % du PIB en 1995 à 28 % en 2013. Alors que les recettes totales ne couvraient pas même les dépenses courantes entre 1995 et 2004, elles ont augmenté au cours de la deuxième décennie au point de générer un excédent. Malgré quelques variations annuelles, le déficit public global est resté remarquablement constant au cours des 20 dernières années, à environ 8 % du PIB. Cette stabilité a toutefois connu un véritable bouleversement en 2014, lorsque les dépenses ont augmenté pour atteindre 44 % du PIB entraînant un déficit représentant 26 % du PIB en conséquence d’un nouveau prêt (équivalent à 11 % du PIB) destiné au refinancement du prêt à la construction de la raffinerie SORAZ. Bien que l’année 2014 puisse être considérée comme une exception et que les dépenses devraient, selon les prévisions, revenir à des niveaux plus normaux en 2015, cette situation peut servir de mise en garde en rappelant le contexte de la fin des années 1970, lorsqu’un boom de l’uranium s’est traduit par une augmentation insoutenable des dépenses, une hausse considérable de la dette et la crise économique et financière du début des années 1980. Le financement extérieur est lui aussi resté particulièrement stable, autour de 8 % du PIB, avec quelques variations annuelles liées principalement aux coups d’État ou aux transitions politiques. Ainsi, le Niger a été en mesure de mobiliser un niveau relativement élevé de soutien extérieur, qui a permis de financer l’intégralité du déficit budgétaire pendant 20 ans. L’augmentation des recettes au cours de cette période a été utilisée pour accroître les dépenses.
Le niveau et la composition des importations ont également peu évolué entre 1995 et 2006, avant de connaître ensuite une croissance importante suite aux importations liées à l’exploration et à la production minières et pétrolières. La part des importations dans le PIB a augmenté de manière lente et régulière entre 1995 et 2006, période durant laquelle ces importations étaient dominées par les importations de denrées alimentaires. Par la suite, les importations ont connu une augmentation considérable, liée aux développements dans les secteurs de l’extraction minière et pétrolière. Les importations de capitaux et de biens intermédiaires destinés à l’exploration et à la production minières et pétrolières ont connu une croissance rapide à partir de 2007, avec un quadruplement de leur valeur en 2014. Les importations de carburant ont également augmenté régulièrement jusqu’en 2012, lorsque la raffinerie SORAZ a été mise en service ; suite à cette mise en service, elles ont connu un vif déclin.
« Les importations du Niger ont augmenté plus rapidement que ses exportations au cours des 20 dernières années, jusqu’au commencement de la production de pétrole en 2012 »
Le déficit commercial s’est régulièrement creusé, de 1 % du PIB à 8 % en 2008, pour ensuite monté jusqu’à 14,5 % entre 2009 et 2011 sous l’effet des investissements pétroliers, avant de redescendre à 9 % en 2014. Malgré ce creusement du déficit commercial, le déficit du compte courant est resté relativement stable entre 1995 et 2007, dans une fourchette de 10 à 11 % du PIB, notamment grâce au fort déclin des paiements d’intérêts suite à l’allégement de la dette. Ensuite, le déficit du compte courant a plus que doublé entre 2009 et 2011 pour atteindre 25 % du PIB, suite aux importations destinées aux investissements pétroliers et miniers. Il est redescendu à 19 % en 2012, lorsqu’a commencé la production pétrolière.
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