Organisation affiliée : UNICEF
Type de Publication : Rapport
Date de publication : 2020
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Pays enclavé sahélien, le Niger se trouve au cœur d’une région fragile marquée par la violence politique et religieuse dans le nord du Nigéria, les mouvements séparatistes et armés dans le nord du Mali et à l’Est du Burkina Faso, et la violence intercommunautaire et l’effondrement de l’État dans le sud de la Libye.
La situation sécuritaire demeure très instable et marquée par la lutte persistante contre les groupes terroristes et les narcotrafiquants. Cette situation entraîne des crises sociales et humanitaires (2,9 millions de personnes auront besoin d’une aide humanitaire en 2020 dont 1,6 million d’enfants3) avec une augmentation du nombre de réfugiés (dont le nombre est estimé à 218 000) et une hausse notable des dépenses de sécurité.
Le Niger est le pays avec l’indice de développement humain le plus faible au monde. Les
caractéristiques démographiques (croissance démographique de 3,9 % par an et taux de fécondité de 7,2 enfants par femme en 2017) ne permettent pas à la croissance économique d’améliorer significativement les indicateurs sociaux et de réduire la pauvreté.
La prépondérance du secteur agricole/élevage (43% du PIB) rend la croissance économique fortement volatile. Le déficit d’infrastructures notamment dans le secteur de l’alimentation, de l’eau et de l’assainissement, de l’énergie et du transport, limite le potentiel de croissance du pays. L’activité informelle est très largement répandue (le secteur informel représenterait 70 % du PIB et emploierait 90 % de population active). Malgré l’accentuation de la dégradation du contexte national et international (aléas climatiques, baisse des prix des matières premières, insécurité, etc.), le taux de croissance économique s’est établi à 5,2 % en 2018 et 6,3 % en 2019 grâce à la bonne tenue du secteur agricole et au dynamisme des secteurs de la construction et des services.
Plusieurs grands projets d’infrastructures ont soutenu l’activité en 2019 (poursuite de la construction du barrage de Kandadji, construction d’un oléoduc avec le Bénin, extension de l’aéroport pour la tenue du sommet de l’Union africaine en juillet 2019).
Le contexte social est marqué quant à lui par la prévalence de la pauvreté, une population jeune et une forte croissance démographique : environ 45% des Nigériens vivent sous le seuil de la pauvreté monétaire, 54% ont moins de 15 ans et la population nigérienne fait plus que doubler tous les 20 ans.
95% des enfants et des jeunes n’ayant jamais été scolarisés et 90% des déscolarisés sont en milieu rural. Le taux d’accès en 1ère année du primaire est de 91% pour les enfants en zone urbaine contre 54% pour ceux en zone rurale
L’amélioration du capital humain est l’un des enjeux majeurs identifiés dans le Plan de Développement Economique et Social (PDES) 2017-2021 du Niger. Le programme 3 du PDES 2017- 2021 « Développement du capital humain » vise particulièrement l’amélioration du niveau d’instruction et de formation de la population à travers notamment i) une prise en charge plus efficace des flux scolaire, universitaire et la formation professionnelle, ii) la prise en charge des jeunes hors du système éducatif, iii) le renforcement de l’alphabétisation, iv) l’amélioration de l’offre et de la qualité de l’éducation, v) une gestion et un pilotage plus efficaces des structures en charge de l’éducation et de la formation, vi) le développement des capacités du système de la recherche scientifique et de l’innovation technologique et vii) le renforcement de la gouvernance et de la coordination du secteur.
L’accès à l’école s’est amélioré mais reste marqué par de fortes disparités. Les inégalités entre urbains et ruraux sont celles pesant le plus sur l’accès à l’éducation, la poursuite d’études et la qualité des apprentissages : 95% des enfants et des jeunes n’ayant jamais été scolarisés et 90% des déscolarisés sont en milieu rural. Le taux d’accès en 1ère année du primaire est de 91% pour les enfants en zone urbaine contre 54% pour ceux en zone rurale. 26% seulement des enfants en zone rurale entrent au collège contre 67% de ceux en zone urbaine. Par ailleurs, les opportunités d’achever un cycle complet d’études primaires ne sont pas les mêmes sur l’ensemble du territoire : à Niamey, 90% des écoles offrent les six niveaux du cycle primaire alors que ce n’est le cas que pour 60% des écoles de Dosso et de Tillabéry.
Malgré l’accentuation de la dégradation du contexte national et international (aléas climatiques, baisse des prix des matières premières, insécurité, etc.), le taux de croissance économique s’est établi à 5,2 % en 2018 et 6,3 % en 2019
Par ailleurs, si 80% des enfants des familles du quintile le plus riche de la population entrent en 1ère année de primaire, ce n’est le cas que pour 57% de ceux du quintile le plus pauvre. La scolarisation des filles accusent également un retard de 11,1 points par rapport aux garçons dès le début du primaire.
Si cet écart se réduit au fur et à mesure de la scolarisation , il augmente de nouveau au moment de l’entrée au collège, témoignant de cassures significatives dans le parcours éducatif des filles et de la préférence des familles à scolariser les garçons.
La deuxième composante du Programme opérationnel de mise en œuvre du plan global de réponse à la pandémie de COVID-19 est entièrement orientée vers l’appui à la résilience du secteur éducatif. Elle est plus largement détaillée dans le Plan de réponse de l’éducation et de la formation face à la pandémie du coronavirus (COVID-19). Le coût de cette composante est estimé à 13,38Mds FCFA et vise à assurer la continuité des apprentissages à travers i) la mise en œuvre de la continuité des 30 apprentissages à distance et ii) le renforcement des mesures de prévention et de protection.
Des indicateurs de performance sont définis avec des cibles centrées sur les taux de réussite aux examens et sur l’exécution du programme scolaire en fin de primaire et à tous les niveaux du secondaire. Le nombre de recueils (cours, exercices et corrigés) à disposition des enseignants et des élèves est également un indicateur de performance du plan de réponse. De manière globale des mesures de prévention et de protection sanitaires sont prévues par chaque ministère, à travers le renforcement du système d’hygiène et d’assainissement des établissements et la mise à disposition des kits d’hygiène (gels/savon, masques de protection, dispositif de lavage de main) à tous les niveaux. Chaque ministère a mis en place un comité technique sous la responsabilité de son Secrétaire général afin de suivre la mise en œuvre des actions et l’atteinte des résultats.
Le Partenariat Mondial pour l’Education a annoncé par courrier le 8 avril 2020 que le Niger faisait partie des pays éligibles au guichet de financement accéléré COVID-19 du Partenariat mondial pour l’éducation (PME) pour un montant maximum de 15 millions de dollars US. Le Niger a confirmé le 14 avril 2020 son intention de déposer une requête de financement. Le 16 avril 2020, les partenaires techniques et financiers du Niger se sont réunis afin d’échanger sur les prochaines étapes pour accompagner le Niger dans l’obtention de ce financement.
Deux accords de financement seront signés : l’un entre UNICEF et la République du Niger (pour un montant de 8 180 990USD), l’autre entre l’AFD et la République du Niger représentée par le ministère des Finances (pour un montant de 6 819 010 USD)
A cette occasion, l’AFD et l’UNICEF ont présenté aux PTF leur disponibilité à accompagner le gouvernement du Niger dans la préparation et la formulation d’un programme et d’une requête de financement permettant d’accéder au guichet de financement accéléré COVID-19 du PME. Aucune autre agence n’a manifesté son intérêt.
Dans le cadre de cette crise, il est essentiel de poursuivre le renforcement structurel du système éducatif (en particulier pour prévenir l’affaiblissement des structures étatiques alors que la pandémie de COVID-19 affecte l’ensemble du secteur éducatif sur tout le territoire national) et d’accompagner les capacités de préparation et de réponse aux crises des pouvoirs publics tout en répondant aussi rapidement que possible aux besoins urgents identifiés.
L’approche de conception du programme repose sur la prise en charge de ces deux volets à travers une réponse en deux temps (ou à double détente) pour permettre i) de répondre rapidement aux besoins urgents liés à la fermeture des établissements scolaires (nécessité de mettre en place les premières mesures permettant d’assurer la continuité des apprentissages) et à leur réouverture la plus rapide possible et de ii) préparer le relèvement et le renforcement du système éducatif dans son ensemble. Cette approche permettra par ailleurs de préserver et contribuer aux objectifs de moyen terme (2022) du PTSEF afin de ne pas hypothéquer le fonctionnement de long terme du système éducatif et de poursuivre sa structuration sur des bases solides.
La très grande fragilité du système de santé ainsi que les difficultés d’organisation et de coordination de la réponse pourraient accentuer les impacts de la pandémie notamment sur le système éducatif
Deux accords de financement seront signés : l’un entre UNICEF et la République du Niger (pour un montant de 8 180 990USD), l’autre entre l’AFD et la République du Niger représentée par le ministère des Finances (pour un montant de 6 819 010 USD). Le financement sera mis en œuvre progressivement à compter de la signature des conventions. La signature des conventions ne pourra intervenir qu’à partir de la décision d’octroi du financement par la Directrice exécutive du PME conformément aux Directives du PME relatives au guichet de financement accéléré de la réponse au COVID-19. Les accords de financement seront néanmoins préparés en amont. La signature de ces accords de financement est prévue pour le 1er juillet 2020.
La durée prévisionnelle du programme est de 18 mois (du 1er juillet 2020 au 31 décembre 2021). Une partie des financements dédiés au programme transitera par le Fonds commun sectoriel de l’éducation (FCSE) qui privilégie un mode d’exécution aligné sur les circuits budgétaires de l’Etat nigérien. L’autre partie sera gérée par UNICEF.
Le Niger est le pays du Sahel le plus touché par la pandémie de COVID-19 avec au 11 mai 2020 821 cas confirmés et 46 décès.
En dépit de facteurs favorables à une limitation de l’épidémie (climat, faible densité de la population) et du faible nombre de cas graves à ce stade en raison de la jeunesse de la population (54% de la population a moins de 15 ans), la très grande fragilité du système de santé ainsi que les difficultés d’organisation et de coordination de la réponse pourraient accentuer les impacts de la pandémie notamment sur le système éducatif.
En fonction de l’évolution de la pandémie, notamment dans les centres urbains et les localités accueillant un grand nombre de déplacés et/ou de réfugiés dans des conditions précaires relativement propices à la transmission du virus (faible accès à l’eau, à l’hygiène et à l’assainissement), les écoles pourraient être de nouveau fermées.
Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.