Auteur : Zakari Aboubacar
Organisation affiliée : Département de Sociologie, Faculté des lettres et sciences humaines, Université de Zinder
Type de Publication : Extrait de recherche
Date de publication : 2017
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Des facteurs pesant sur la prise de décision et l’investissement des femmes
- Un moindre accès à l’éducation et à la formation ;
- Les responsabilités familiales incompatibles avec le temps politique ;
- Le manque de moyens financiers et de réseau de solidarité.
Le rapport du PNUD sur Promouvoir les rôles des femmes pour renforcer les partis politiques apporte d’éléments nouveaux sur les autres. Ce rapport mentionne que les partis politiques sont la clé de la participation politique des femmes, car ce sont eux qui recrutent et choisissent les candidats aux élections et décident de l’agenda politique du pays.
Et pourtant, si les femmes sont généralement bien représentées dans les partis au niveau local ou dans des rôles subalternes, elles sont sous-représentées aux postes de pouvoir. Comme elles n’ont pas accès aux réseaux d’influence en place, qu’elles disposent de très peu de ressources, qu’elles ont peu de modèles à suivre ou de mentors et parfois ne bénéficient même pas du soutien de leur famille ou de leur communauté, on peut comprendre que leur participation à la vie politique reste largement inférieure à celle des hommes.
La présence des femmes au sein des partis politiques est un facteur clé de leur émancipation politique. Elle joue aussi un rôle essentiel pour inciter la société toute entière à se préoccuper de l’égalité des sexes.
Si les femmes sont généralement bien représentées dans les partis au niveau local ou dans des rôles subalternes, elles sont sous-représentées aux postes de pouvoir
Pour donner de bons résultats, les données de ce rapport précisent que les stratégies encourageant la participation des femmes à la vie politique devraient être liées aux mesures que les partis peuvent prendre aux cours des différentes phases du cycle électoral (stade pré-électoral, électoral et post-électoral) ainsi qu’à l’organisation et au financement des partis eux-mêmes;
Participation des femmes au développement politique du Niger
Il convient de préciser que, conscientes de leur condition de vie, les femmes au Niger n’ont pas gardé les bras croisés pour participer au développement du pays. Longtemps mises de coté dans toutes les entreprises et initiatives nationales, les femmes ont commencé petit à petit à revendiquer leurs droits. On ne peut donc pas parler de participation au développement politique sans pour autant souligner la contribution du genre féminin aux divers secteurs de développement au Niger.
Aussi, en démocratie, la participation politique se fait essentiellement au niveau des partis politiques qui sont les structures chargées de participer aux élections pour conquérir et exercer le pouvoir. Analyser donc de la participation politique de la femme au Niger, c’est analyser les différentes activités partisanes qu’elles mènent au sein des partis politiques.
Les femmes sont également sous-représentées dans les instances de prise de décision dans l’écrasante majorité des partis politiques surtout si l’on compare cette présence à leur poids démographique, électoral et social.
La politique genre est inexistante au sein de l’essentiel des partis politiques et que, ceux qui l’invoquent ne l’appliquent qu’insuffisamment et /ou selon les circonstances, à l’occasion des consultations électorales aux fins d’engranger des suffrages.
Aussi, en démocratie, la participation politique se fait essentiellement au niveau des partis politiques qui sont les structures chargées de participer aux élections pour conquérir et exercer le pouvoir
Pourtant, si on part du principe de 10% de l’un ou l’autre sexe dans les postes électifs, les données au plan national sont encourageantes. Globalement, sur les 4040 élus que compte le Niger, 637 sont des femmes contre 3403 hommes soit 15,76%.
A l’Assemblée Nationale, sur un effectif de 171 députés, 29sont des femmes contre 142 hommes soit 16, 96, %. Au niveau des conseils régionaux sur les 260 conseillers, on y dénombre 36 femmes contre 224 hommes soit 13,84%.Au niveau des conseils municipaux, sur les 3676 conseillers, 584 sont des femmes contre 3092 hommes soit 15,80%.
S’agissant des conseils des villes, sur les 104 conseillers, 17 sont des femmes contre 87 hommes soit 16,34% de l’effectif. On constate également une sous-représentation des femmes dans les instances et organes décisionnels des partis politiques. En effet, sur les 1027 membres des bureaux des quatorze partis politiques, les femmes sont au nombre de 196 contre 831 hommes soit 19,08%.
Ce qui à priori, dépasse les 10% prévus par la loi sur les quotas, mais n’atteint pas les 25% consacrés pour les postes nominatifs. Aussi, lorsqu’elles sont membres du bureau, elles sont rarement à des postes de premiers plans dans les partis.
Contraintes liées à la participation politique des femmes
- Les contraintes dans le domaine du genre sont d’ordre budgétaire, institutionnel, juridique et culturel. Elles concernent également l’insuffisance d’information, l’ignorance et la faiblesse des données désagrégées dans le domaine du genre.
- Les discriminations dans le domaine juridique constituent la seconde contrainte à laquelle le genre est confronté (droit coutumier, moderne et religieux) avec une logique différente qui consacre plusieurs discriminations à l’égard de la femme notamment en ce qui concerne leurs droits, les rapports familiaux, les successions, l’accès à la terre, etc.
- La troisième contrainte porte sur l’ignorance des populations (faible taux d’alphabétisation notamment celui des femmes, méconnaissances de leurs droits et ceux de leurs enfants, les opportunités des affaires, technologies appropriées nécessaires à la production, la transformation et la conservation des produits,…).
- Les pesanteurs socioculturelles qui constituent la quatrième contrainte, font également que les femmes sont victimes de nombreuses violences fondées sur le sexe, notamment les violences conjugales, les mutilations sexuelles, les mariages forcés,…
A titre illustratif on peut citer : l’acceptation pour certains parents d’inscrire leurs enfants à l’école, la fréquentation des formations sanitaires, la formation militaire, le mariage extra communautaire, l’exercice de certains métiers, les habitudes alimentaires pour ne citer que ceux-là. Les pesanteurs les plus connues sont celles qui conduisent à une participation insuffisante à la vie publique. Les contraintes à la progression des femmes en politique sont pour la plupart structurelles : ainsi en est- il de l’idéologie traditionnelle que ni la politique coloniale, ni ensuite les systèmes législatifs nationaux n’ont réussie à supplanter.
La participation du genre féminin en Afrique en général et au Niger en particulier comme le précise les résultats de cet article est négligeable. Même si la question de la participation politique des femmes est une préoccupation mondiale, au Niger, dans la réalité, cette participation est moindre. S’il est vrai que le droit s’arrache, il n’en demeure pas moins vrai que les combats qu’ont engagés les sociétés civiles, les ONG, partenaires ont eu gain de cause. C’est dire que beaucoup d’acquis ont été obtenus même si par ailleurs les luttes politiques doivent continuer eu égard aux défis à relever dans divers domaines du progrès, de développement.
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