Auteur : Aïssa Ibrahim
Organisation affiliée : Institut d’Etudes de Sécurité (ISS)
Type de publication : Article
Date de publication : 24 octobre 2019
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Le Niger siège au Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) depuis janvier 2020, pour un mandat de deux ans, en tant que membre non permanent aux côtés de deux autres pays africains : l’Afrique du Sud et la Tunisie. Il est perçu par les acteurs internationaux comme un partenaire stratégique qui joue un rôle clé dans la stabilisation de la région sahélienne et arrive au CSNU avec une forte légitimité, ayant été élu à 191 voix sur 193 en juin.
Le pays se situe à la croisée de plusieurs zones d’instabilité, dans la bande sahélo-saharienne. Depuis 2011, il fait les frais de la crise qui secoue la Libye, son voisin au nord, et subit de plein fouet les attaques des groupes extrémistes violents à l’ouest, dans le Liptako-Gourma, et au sud-est, dans la région de Diffa qui borde le Lac Tchad.
L’appartenance du Niger à plusieurs organisations sous-régionales offre l’opportunité de relier différentes échelles décisionnelles. Il est notamment membre de l’Autorité de développement intégré des États du Liptako-Gourma (ALG), de la Commission du bassin du lac Tchad, du Conseil de l’Entente, de la Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD) et du G5 Sahel.
Ce mandat débute au moment où le Niger assure la présidence de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Il occupe également les postes clés de commandant de la Force conjointe du G5 Sahel et en assure le Secrétariat permanent. En 2018, il occupait le 19e rang mondial des pays contributeurs de contingents aux opérations de maintien de la paix.
Le pays se situe à la croisée de plusieurs zones d’instabilité, dans la bande sahélo-saharienne. Depuis 2011, il fait les frais de la crise qui secoue la Libye, son voisin au nord, et subit de plein fouet les attaques des groupes extrémistes violents à l’ouest, dans le Liptako-Gourma, et au sud-est, dans la région de Diffa qui borde le Lac Tchad
Cet engagement multidimensionnel permet au Niger de contribuer à la stabilisation du Sahel en tirant parti des mécanismes régionaux et continentaux existants. Afin d’exercer son mandat au CSNU de manière efficace, tout en s’acquittant de ses divers engagements multilatéraux, le Niger devra déployer les ressources humaines adéquates là ou il faut. En particulier, il sera essentiel de veiller à ce que la Mission permanente auprès de l’Organisation des Nations Unies à New York dispose d’effectifs suffisants. S’appuyer sur l’expertise non gouvernementale de la société civile, des groupes de réflexion et des universitaires sur des questions thématiques pourrait également s’avérer utile.
Pour la résolution de la crise libyenne, le Niger pourrait plaider au CSNU pour s’assurer de la mise en œuvre effective de l’embargo sur les armes et la création des conditions nécessaires pour la tenue d’élections transparentes. Ceci est essentiel pour parvenir à la paix en Libye et rétablir un gouvernement légitime. Ce plaidoyer pourrait être mené avec la Tunisie, allié du Niger sur la question libyenne.
Le financement de la Force conjointe du G5 Sahel, qui bénéficie du soutien de la France, est une question importante mais controversée, compte tenu de la détérioration de la situation sécuritaire dans la région du Liptako-Gourma et des revers subis par cette force sur le terrain. Le plaidoyer du Niger devrait se focaliser sur l’importance d’un financement durable des opérations africaines, qui demeure un véritable défi, les États-Unis et le Royaume-Uni ayant opposé leur veto aux récentes tentatives de financement de ces opérations à partir des contributions statutaires des Nations unies.
En ce qui concerne la stabilisation du Mali et de la région du Liptako-Gourma, le Niger contribue à la Mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation des Nations Unies au Mali et participe au comité de suivi de l’accord de paix. Il devrait continuer à plaider en faveur d’une plus grande efficacité des dispositifs de sécurité existants en mettant l’accent sur leur complémentarité et leurs avantages comparatifs.
La présence du Niger au CSNU constitue également une occasion de sensibiliser des acteurs clés parmi les cinq membres permanents – notamment le Royaume-Uni, la Russie et la Chine – de la nécessité de renforcer leur engagement dans le Sahel.
Le Niger pourrait également jouer un rôle important dans le suivi de certains dossiers africains, comme la crise en Guinée-Bissau, inscrits à l’agenda du Conseil. Il pourrait par exemple plaider en faveur d’un soutien accru des Nations unies dans la lutte contre le trafic de drogue
La mise en œuvre de la stratégie régionale de la Commission du bassin du lac Tchad est une des conditions à la stabilisation de la région. Elle a pour objectif de soutenir une transition d’une mise en œuvre d’une solution militaire à la crise vers le traitement des causes profondes de l’insécurité. Le Niger pourrait utiliser sa position de membre du Conseil de sécurité pour plaider en faveur de programmes efficaces qui appuient les priorités de développement de la région.
Le Niger pourrait également jouer un rôle important dans le suivi de certains dossiers africains, comme la crise en Guinée-Bissau, inscrits à l’agenda du Conseil. Il pourrait par exemple plaider en faveur d’un soutien accru des Nations unies dans la lutte contre le trafic de drogue.
Le Niger pourrait aussi encourager une meilleure synergie entre les positions prises par les trois pays africains membres non permanents du Conseil de sécurité (A3). Il pourrait également améliorer la cohérence entre les décisions du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et celles de l’A3.
L’année 2020 sera décisive pour le pays. Le 27 décembre 2020, le Niger tiendra des élections présidentielles et des élections législatives, qui pourraient engendrer des tensions, au vu des récentes contestations au sujet du code électoral. L’organisation et les résultats de ces scrutins pourraient avoir un impact significatif sur l’action du Niger au Conseil de sécurité.
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