Auteur : Ministère du Plan de la République du Niger
Type de publication : Rapport
Date de publication : 2017
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Une pauvreté élevée bien qu’en baisse relative
L’incidence de la pauvreté a baissé passant de 48,2% en 2011 à 45,1% en 2014. Quant à la profondeur de la pauvreté, elle s’est quasiment stabilisée autour de 13% entre 2011 et 2015 tandis que la sévérité s’est aggravée passant de 4,9% en 2011 à 5,5% en 2014. Ces taux de pauvreté sont plus élevés en milieu rural qu’en milieu urbain. Ainsi, en 2014 l’incidence ressort à 52,4% en milieu rural contre 9,1% en milieu urbain. En somme, malgré l’amélioration de l’incidence de la pauvreté, le niveau de la pauvreté reste élevé au Niger. Aussi le nombre absolu des pauvres continue-t-il d’augmenter en raison notamment de la forte croissance démographique. En matière d’inégalités, bien que faible, l’indice de Gini passe de 0,299 en 2011 à 0,325 en 2014 traduisant un creusement des inégalités. Toutefois, selon l’approche monétaire, la proportion de la classe moyenne est passée de 44,9% en 2011 à 46,2% en 2014.
Une démographie galopante dans un contexte de rareté des ressources
Plus d’un demi-siècle d’actions n’a pas encore permis d’infléchir la croissance démographique du Niger qui s’est même accélérée ces dernières années malgré la mise en œuvre de la déclaration du Gouvernement en matière de politique de population. Selon les résultats des Recensements généraux de la population et de l’habitat, la population du Niger est passée de 11 060 291 habitants en 2001 à 17 138 707 habitants en 2012, soit un taux de croissance démographique intercensitaire de 3,9% par an. Le Niger connaît ainsi une croissance très élevée de sa population engendrée par une fécondité élevée (7,6 enfants par femme en moyenne), elle-même tributaire d’un fort taux de mariages précoces (76,3% des filles âgées de 20 à 24 ans se marient avant l’âge de 18 ans et 28% avant 15 ans), le faible recours aux méthodes contraceptives (12,2%), la scolarisation relativement faible des filles. A titre illustratif, le TBS des filles au primaire 70,2% en 2016 , au secondaire 1er cycle 24,3% en 2015 et 28,8% en 2016, au secondaire 2è cycle 4,5% en 2015 et 5,7% en 2016. Ce rythme d’accroissement de la population du Niger est synonyme d’un doublement tous les 18 ans. Ainsi, en 2030, la population du Niger dépassera 34 millions d’habitants et en 2050, elle dépassera 68 millions d’habitants. Il en résulte, une population extrêmement jeune dont les 68,88% ont moins de 25 ans, d’où les besoins énormes de dépenses publiques dans les secteurs de base (santé, éducation, infrastructures, …).
Le taux de croissance économique qui évolue en dents de scie au cours de ces dernières années ne pouvant soutenir ces besoins, on assiste à une accentuation de la précarité des conditions de vie
Les implications immédiates de ce qui précède sont : (i) un faible potentiel pour capturer le dividende démographique ; (ii) la forte demande sociale en éducation, santé, eau et assainissement ; (iii) une forte pression sur les ressources naturelles dont l’eau et les terres (de cultures et de pâturage) ; (iv) les risques de dégradation de l’environnement liés à la surexploitation des ressources naturelles ; (v) l’exacerbation des conflits sur le contrôle et l’exploitation des ressources naturelles (agriculture/élevage, …) ; (vi) le risque d’aggravation des crises alimentaires et nutritionnelles ; (vii) les risques de migrations non contrôlées. Une structure par âges de la population qui n’est pas favorable au développement économique La forte croissance de la population du Niger engendre une population extrêmement jeune (comme l’illustre la pyramide des âges ci-dessous). Du point de vue démo-économique, la répartition de cette population par grands groupes d’âges fait ressortir que les inactifs potentiels sont plus nombreux que les actifs potentiels (population en âge de travailler). En effet, les enfants de moins de 15 ans et les personnes âgées de 65 ans et plus représentent respectivement 51,7% et 3,1% de la population totale alors que la population en âge de travailler (15 à 64 ans) ne représente que 45,2%. Il en résulte un ratio de dépendance très élevé de 121 inactifs potentiels pour 100 actifs en âges de travailler. Cette situation n’est donc pas favorable au développement économique et social car dans les pays émergents et les pays développés, le ratio de dépendance est de l’ordre de 50 à 60 inactifs potentiels pour 100 actifs en âges de travailler. La baisse du ratio de dépendance à travers l’amélioration de la structure par âge de la population est une condition nécessaire pour l’émergence du Niger. Cette baisse du ratio de dépendance n’intervient qu’au moment de la transition démographique.
Il en résulte un ratio de dépendance très élevé de 121 inactifs potentiels pour 100 actifs en âges de travailler
Le dividende démographique : un espoir permis à condition d’agir très tôt adéquatement et efficacement Un dividende démographique est un surcroît de croissance économique qui se produit lorsque la proportion de la population active est supérieure à celle des personnes n’étant pas ou n’étant plus en âge de travailler. La création et la réalisation d’un dividende démographique reposent sur la transformation de la structure par âge de la population, en faveur d’une population potentiellement active plus nombreuse que celle inactive, l’autonomisation, l’éducation et l’emploi des personnes, ainsi que sur une augmentation de l’épargne et des investissements en faveur des catégories productives. L’estimation du dividende démographique en appliquant la méthodologie des Comptes de Transfert Nationaux (NTA) aux données du Niger issues des projections démographiques de la Division de la Population des Nations Unies, a permis de déterminer que le dividende démographique mesuré en termes de taux de variation du PIB par habitant était de – 0,6% en 2014. Cela veut dire que la structure par âge actuelle de la population du Niger, contribue à faire baisser son PIB par habitant de 0,6%. Elle constitue donc un frein pour son développement économique. Les analyses montrent également que la fenêtre d’opportunité pour la capture du dividende démographique pour le Niger s’ouvrira au cours de la période 2030-2035 sous hypothèse moyenne, avec un Indice synthétique de fécondité (ISF) de 6,2 enfants par femme.
Un système de protection sociale en construction
La faiblesse du système de protection sociale se caractérise par l’insuffisance des services sociaux aux groupes vulnérables, la faible couverture en assurance universelle et l’insuffisance du cadre réglementaire. La couverture de la sécurité sociale, estimée à seulement 3% de la population s’avère insuffisante chez les travailleurs du secteur formel et quasi inexistante dans le secteur informel. Entre 2011 et 2015, le nombre cumulé d’agents immatriculés à la CNSS s’élève à 230 686 travailleurs. Pour la couverture en assurance maladie universelle (tous régimes confondus), très peu de progrès ont été enregistrés dans ce domaine. La couverture de la population en assurance maladie reste très faible avec un niveau de couverture estimé à environ 20%.
Le Niger fait également partie des pays, où le travail des enfants et l’exploitation des personnes notamment des femmes, constituent encore des préoccupations
Toutefois, des avancées importantes ont été obtenues avec la prise en charge à 80% des coûts des prestations de soins par l’Etat de tous les agents de la fonction publique. Quant au privé, excepté la couverture des dépenses concernant la santé et la sécurité au travail, aucune autre obligation n’est faite aux entreprises. Ainsi, en l’absence de dispositions en la matière, la couverture dépend de la volonté des entreprises, si bien que la plupart d’entre elles ne pratiquent aucune forme de couverture médicale.
S’agissant du cadre règlementaire, malgré les efforts et une volonté politique exprimée à travers l’adoption de la politique nationale de protection sociale, le Niger n’est pas très avancé en la matière. Bien qu’elle soit inscrite dans la Constitution du 25 novembre 2010, son cadre législatif et réglementaire reste toujours peu fonctionnel. Le Niger fait également partie des pays, où le travail des enfants et l’exploitation des personnes notamment des femmes, constituent encore des préoccupations.
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