Auteur : Ministère de la Population de la République du Niger
Type de publication : Rapport
Date de publication : 2019
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Une répartition inégale de la population sur le territoire
La forte croissance démographique passée s’est traduite par une augmentation continue de la densité de la population qui s’établit en 2012 à 13,5 habitants au km². Mais avec une superficie de 1,267 million de km², la majeure partie du territoire national est désertique et peu habitée. Ainsi, en 2012 plus de 80% de la population vivait dans cinq régions : Dosso, Maradi, Tillabéri, Zinder et Niamey qui totalisent une superficie de 328 924 km², soit 26 % du territoire.
Ces régions sont situées dans la bande sud du territoire national, la plus propice aux activités agro-pastorales. En 2012, des densités d’environ 100 habitants au km² ou plus ont été relevées dans plusieurs départements comme par exemple à Aguié, Madarounfa, Guidan Roumdji dans la région de Maradi, et à Matamèye dans la région de Zinder. Compte tenu de la qualité variable des sols, de l’irrégularité des pluies et des techniques culturales traditionnelles, il va être de plus en plus difficile de produire localement les quantités de céréales suffisantes pour nourrir convenablement les populations de ces départements, si celles-ci continuent de doubler tous les vingt ans.
Il faut noter que ces densités démographiques, élevées pour le Sahel, conduisent à une surexploitation des terres et donc à leur dégradation. Aussi, elles accélèrent le déboisement, le bois restant la principale source d’énergie pour la cuisson des aliments au Niger. L’extension des superficies cultivées est également source de conflits entre agriculteurs ainsi qu’entre agriculteurs et éleveurs.
Une population très jeune
La croissance exceptionnelle de la population du Niger est le résultat du maintien sur plusieurs décennies d’une fécondité élevée (aujourd’hui la plus forte du monde) et d’une baisse assez rapide de la mortalité. Le solde migratoire annuel étant quasiment nul (- 0,03%), la migration ne joue qu’un rôle marginal dans la dynamique démographique du pays. Le Niger en est donc au tout début de sa transition démographique, qu’on peut définir comme le passage de niveaux de mortalité et de fécondité élevés, non maîtrisés à des niveaux plus faibles maîtrisés, comme c’est le cas aujourd’hui dans les pays dits développés, les pays émergents, et de nombreux pays en développement. Dans ce contexte, l’accroissement naturel de la population s’est accéléré passant de 2,9% au début des années 1960 à 3,9% en 2012, provoquant un rajeunissement de la population.
Il va être de plus en plus difficile de produire localement les quantités de céréales suffisantes pour nourrir convenablement les populations de ces départements, si celles-ci continuent de doubler tous les vingt ans
Non seulement le nombre de jeunes de moins de 15 ans entre 1960 et 2015 a été multiplié par six mais son pourcentage dans la population totale est passé de 48% en 1960 à 51% en 2012. Parallèlement, si le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus a été multiplié par plus de 10, son pourcentage dans la population totale n’est que de 3%. Le nombre moyen d’enfants par couple étant d’environ 7, les enfants d’aujourd’hui sont ainsi trois fois plus nombreux que leurs parents. Même si dans l’avenir ils ont moins d’enfants que leurs parents, ils vont donc constituer du fait de leur nombre un frein au ralentissement de la croissance démographique du pays.
Les femmes : faible pouvoir de décision
Le maintien d’une fécondité forte au Niger peut s’expliquer en partie par le faible pouvoir de décision en matière de procréation et au sein du ménage en général. En effet, les résultats de l’EDSN de 2012 indiquent clairement que c’est l’homme qui décide. La décision finale est prise dans plus des trois quarts des cas par l’homme en ce qui concerne les soins de santé de la femme et les achats importants du ménage, et même dans 60% des cas en ce qui concerne les visites de la femme à sa famille. Seulement 4% des femmes ont déclaré prendre seules leurs décisions concernant leurs propres soins de santé, et seulement dans 18% des cas cette décision est prise conjointement par l’homme et la femme. Par contre, dans près de trois cas sur quatre (73%) les hommes prennent seuls leurs décisions concernant leurs propres soins de santé.
Les enfants d’aujourd’hui sont ainsi trois fois plus nombreux que leurs parents
La violence conjugale constitue aussi un frein à l’épanouissement des femmes. Des questions ont été aussi posées en 2012 aux hommes et aux femmes sur les raisons justifiant que le mari frappe sa conjointe. Cinq raisons ont été retenues : le fait que la femme brûle la nourriture, qu’elle argumente avec son mari, qu’elle sorte sans lui dire, qu’elle néglige les enfants, et/ou qu’elle refuse d’avoir des rapports sexuels. Les résultats de l’EDSN de 2012 indiquent que les violences conjugales sont toujours largement admises par les femmes, puisque 60% d’entre elles ont déclaré trouver normal qu’un mari batte sa femme pour au moins l’une des cinq raisons retenues.
Les pourcentages d’acceptation de la violence conjugale les plus élevés cités par les femmes concernent le refus d’avoir des rapports sexuels et le fait d’argumenter avec le mari. Mais, le pourcentage d’acceptation globale de la violence conjugale a diminué de 70% à 60% entre les EDSN de 2006 et 2012. De manière intéressante, les mêmes questions ont été posées aux hommes en 2012. Contre toute attente, les hommes ont été deux fois moins nombreux que les femmes (27 %) à penser qu’il était justifié de battre sa femme pour au moins l’une des cinq raisons retenues.
La première raison citée par les hommes est le fait que sa femme argumente avec lui (20 %), suivie par le fait qu’elle sorte sans le lui dire, ou qu’elle néglige les enfants (16% dans les deux cas), puis le fait qu’elle refuse d’avoir des rapports sexuels (14 %), et enfin qu’elle brûle la nourriture (9 %).
Les adolescentes : mariages et grossesses précoces
La fécondité élevée du Niger est souvent expliquée par la précocité des mariages et des premiers rapports sexuels. Les données disponibles à ce sujet révèlent en fait une réduction importante des mariages très précoces (mariages d’enfants). Parmi les femmes âgées de 20-24 ans, 28 % ont déclaré en 2012 avoir été mariées avant 15 ans contre 50 % en 1992, et 76 % avant 18 ans en 2012 contre 84 % en 1992. Mais, malgré ces avancées, trois Nigériennes sur quatre restent exposées au risque d’une grossesse trop précoce (avant 18 ans) mettant en danger leur vie et celle de leurs enfants.
Contre toute attente, les hommes ont été deux fois moins nombreux que les femmes (27 %) à penser qu’il était justifié de battre sa femme
La diminution des mariages précoces s’est traduite par une augmentation modeste, d’un an environ, de l’âge auquel la moitié des femmes (ou âge médian) est mariée. L’âge médian au premier mariage reste ainsi de 16 ans en 2012 pour l’ensemble du pays, et de près de 20 ans à Niamey. Il était de 15,7 ans parmi les femmes non scolarisées, mais de 21,7 ans, soit six ans de plus, chez les jeunes femmes ayant un niveau d’éducation secondaire (EDSN 2012). Les hommes, eux, se marient beaucoup plus tard, et on note une évolution vers des mariages plus tardifs.
Un désir d’enfants toujours très fort
Le maintien tout à fait particulier dans le monde actuel d’une fécondité supérieure à sept enfants par femme au Niger est le résultat de plusieurs facteurs. Le premier de ces facteurs est le fort désir d’enfants que l’on peut apprécier par le nombre idéal moyen d’enfants. Ainsi, le nombre idéal moyen indiqué par les femmes de 15 à 49 ans lors de l’EDSN de 2012 était de 9,2 enfants, et de 10,9 enfants pour les hommes de 15 à 59 ans. Cet idéal était également élevé, de 8,3 enfants, chez les jeunes femmes de 15-24 ans. Il en était de même parmi les jeunes femmes ayant un niveau d’études secondaires et plus qui indiquaient en 2006 un idéal moyen de 6,5 enfants.
Deux femmes nigériennes sur trois n’expriment donc aucun besoin en contraception
La conséquence de ce fort désir d’enfants est logiquement la faiblesse de la demande en contraception c’est-à-dire en planification familiale. Selon l’EDSN de 2012, seulement 30% des nigériennes en union exprimaient alors un besoin en contraception. Cette faible proportion est confirmée par les résultats de l’ENISED de 2015 qui indiquent que seulement 13,4% des femmes de 15 à 49 ans utilisaient une méthode quelconque de contraception, et que seules 21,4% des non utilisatrices avaient l’intention d’utiliser une méthode contraceptive dans l’avenir.
Deux femmes nigériennes sur trois n’expriment donc aucun besoin en contraception. Parmi les raisons de ce désintérêt, si on exclut les femmes non mariées, veuves et divorcées, plus de la moitié des femmes, 57% ont indiqué vouloir un enfant, 14% que la contraception/planification familiale était interdite par leur religion, 10% ont mentionné l’opposition de leur mari, 8% ont dit ignorer l’existence des méthodes contraceptives, 2 % ont invoqué l’inaccessibilité des services, et le reste, soit 9% ont donné d’autres raisons.
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