Auteur : Ministère de l’Education nationale, ministère de l’Enseignement et de la promotion civique supérieur, de la recherche et de l’innovation
Type de publication : Rapport
Date de publication : 2017
Contexte d’élaboration du PIET
Une première expérience inaboutie
Depuis plusieurs années, le Tchad s’est fixé pour objectif de se doter d’un cadre de développement du secteur de l’éducation et de rejoindre le Partenariat Mondial pour l’Education (PME/GPE). La conjonction de plusieurs difficultés qu’a connues le pays, notamment la non-disponibilité de données statistiques suffisantes, les troubles sécuritaires de 2008, ainsi que les difficultés de coordination des appuis, a rendu difficile l’objectif d’élaborer un plan sectoriel complet avec des objectifs de développement du secteur sur le long terme qui devaient permettre au pays de rejoindre le PME.
En 2007, le Tchad a entamé de nouvelles démarches, afin de disposer d’un diagnostic complet du secteur dans la perspective d’élaborer un Plan Décennal de Développement de l’Education et de l’Alphabétisation (PDDEA). Des contacts ont été pris avec les partenaires techniques et financiers, pour un appui à l’élaboration d’un diagnostic de type RESEN (Rapport d’état du système éducatif national). Une démarche similaire était parallèlement engagée auprès de la Banque Mondiale, ayant débouché sur la mobilisation d’experts sur différents accords contractuels. Mais ces initiatives n’ont malheureusement pas abouti.
Une seconde tentative révisée
A la suite du RESEN publié fin 2014, le gouvernement tchadien a pris la décision de se doter d’un plan décennal avec l’appui technique de l’UNESCO. Le travail d’élaboration du plan avec l’équipe technique nationale a démarré en 2015. Les premières conclusions étaient disponibles en 2016.
Mais celles-ci souffraient d’une lacune particulièrement préoccupante, car les statistiques les plus récentes jusque-là disponibles dataient de 2013. A cette difficulté technique, s’ajoutait une dégradation des finances publiques du pays due à la conjonction de deux facteurs : la baisse des revenus du pétrole et le poids des dépenses militaires pour faire face à la menace terroriste aux frontières nord du pays.
Cet environnement particulièrement difficile a eu pour conséquence, au niveau du secteur de l’éducation, la détérioration des conditions d’enseignement, le non-paiement des subsides des maîtres communautaires et la baisse de moitié des primes des enseignants (mesure généralisée à l’ensemble des fonctionnaires du pays) ; toute chose favorable à l’émergence de mouvements sociaux des enseignants, qui ont eu pour effet de retarder la rentrée scolaire de 2016-17.
Face à cet environnement social délétère, aggravé par les dernières statistiques scolaires qui montre une baisse historique des effectifs d’élèves (plus de 100 000 en moins) au cours des années 2015 et 2016, le gouvernement a décidé de surseoir provisoirement à l’élaboration d’un plan décennal pour s’orienter vers un plan triennal plus réaliste et qui offre une visibilité plus accrue de ce que le gouvernement pourrait faire.
Le plan triennal, assorti d’un plan d’action budgétisé, offre ainsi des garanties de réalisation et une approche plus réaliste et pragmatique. Le PIET trouve ses origines de cette évolution conjoncturelle. III. Le système éducatif tchadien : défis et opportunités
Les défis du système éducatif
Quatre (04) défis majeurs apparaissent comme essentiels au regard de l’analyse sectorielle du système éducatif tchadien :
- Accroître l’offre d’éducation dans tous les ordres d’enseignement ;
- Améliorer la qualité des apprentissages et des acquis scolaires pour les apprenants;
- Mettre en adéquation le niveau de financement du secteur avec les ambitions de développement retenues ;
- Rendre l’éducation dans tous les ordres d’enseignement plus équitable, en veillant à la réduction des disparités ;
- Rendre plus performants et plus efficaces la gestion et la gouvernance du système éducatif.
Les insuffisances liées à ces défis se traduisent par : un faible niveau de scolarisation : près de la moitié des enfants de 6 à 14 ans sont hors du système scolaire. Même si l’ampleur de cette situation peut être en partie imputable à la demande, l’offre demeure tout de même très insuffisante ; ü un faible niveau d’équipement des classes comme le révèlent les études du PASEC 2014.
Le Tchad est le pays où le niveau moyen des ressources pédagogiques dans les classes du primaire est le plus faible comparativement aux neufs autres pays PASEC-2014 ; ü une insuffisance des manuels scolaires : seul 4,4% des élèves au niveau national disposent de leur propre manuel en lecture et 3,6% en mathématiques ; un niveau académique des enseignants globalement insatisfaisant : environ trois élèves sur quatre sont encadrés par des enseignants dont le diplôme le plus élevé ne dépasse pas le niveau secondaire ; ü une forte disparité à tous les niveaux d’enseignement.
Au niveau de l’EFTP par exemple, Seulement 13 régions sur 23 sont pourvues des établissements d’enseignement technique et professionnel ; ü une éducation marquée par d’importantes disparités : 25% des enseignants sont affectés dans les écoles sans considération des besoins réels, révélant ainsi un niveau d’aléa très élevé dans la répartition des enseignants ; ü l’accès limité au supérieur, à l’enseignement technique et la formation professionnelle.
Les dépenses associées aux options de politique éducative
Les estimations des coûts associés aux options de politique éducative retenues pour le développement du secteur entre 2018 et 2020 résultent du modèle de simulation conçu à cet effet (voir en annexe le tableau présentant le détail des objectifs et options de politique éducative).
Au niveau de l’enseignement moyen, la stratégie pour ce niveau s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la volonté politique de mettre en place l’éducation de base. L’objectif de la présente stratégie est d’accueillir la majorité des enfants ayant achevé le primaire, c’est-à-dire un taux de transition de 63,5% en 2020 contre 56,4% en 2016.
Le privé continuera à scolariser 20% des élèves en 2027, correspondant à un taux de 14,4% en 2016 et 16,4% à l’horizon du plan. e 32 L’augmentation importante attendue des effectifs du public impose la mise en place de mesures appropriées de rationalisation des moyens alloués à ce niveau et la mise en place d’un programme de construction et de recrutement des enseignants.
La rationalisation des moyens est recherchée à travers l’amélioration de l’utilisation des enseignants : atteindre progressivement le ratio élèves / enseignant de 47 en 2027, correspondant au chiffre de 42,6 en 2020, alors qu’en 2016 le ratio était de 40,5. Les besoins en enseignants seront croissants du fait de l’amélioration de la rétention au primaire et de l’amélioration de la transition entre les deux cycles du fondamental.
Sur la période du plan, 418 enseignants de CEG et assimilés devront être recrutés ainsi que 1628 enseignants communautaires et vacataires. L’intégration progressive des enseignants communautaires dans le corps des contractuels pourraient être envisagée dans le prochain plan, compte tenu des contraintes budgétaires que traversent actuellement le pays.
La qualité est recherchée à travers l’amélioration des ratios pédagogiques d’encadrement : nombre d’élèves par division (57 en 2020 contre 58 en 2016), nombre d’enseignants par division (1,33 en 2020 contre 1,43 en 2016) et le respect du quantum horaire par un suivi plus rigoureux au niveau administratif et une responsabilisation accrue des Chefs d’établissement. Comme on peut le constater, les ambitions sont pragmatiques, même si elles peuvent paraître modérées à certains égards.
Pour soulager le coût de ces mesures, des actions appropriées seront mises en place pour réduire les redoublements (20,2% en 2020 au lieu de 24,5% en 2016) et diminuer de manière significative le nombre d’enseignants dans des fonctions administratives. Ce dernier objectif sera conduit à partir d’un audit institutionnel du personnel. L’augmentation des dépenses de qualité au niveau des établissements et des structures d’encadrement favorisera l’atteinte de cet objectif. L’ensemble de ces mesures coûtera près de 61,175milliards de FCFA pour la période 2018- 2020.
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