Auteur : Partenariat mondial pour l’éducation
Type de publication: Rapport
Date de publication: 2018
LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION AU TCHAD
Présentation et évolution
Le contexte sectoriel est assez particulier : le secteur éducatif est dans une phase transitoire entre une SIPEA (Stratégie Intérimaire Pour l’Éducation et l’Alphabétisation) qui s’achève et un PIET (Plan Intérimaire de l’Éducation du Tchad) qui se prépare.
Le Tchad présente les caractéristiques d’un pays n’ayant pas atteint l’objectif d’un enseignement primaire universel. En dépit des progrès réalisés, le taux net de scolarisation primaire reste faible et les taux d’achement persistent modestes et surtout le niveau d’acquisition des connaissances demeure problématique : moins de la moitié des sortants du primaire maitrise la lecture avec aisance. Depuis le début des années 1990, le Tchad a accordé une priorité particulière à l’éducation.
Les indicateurs disponibles montrent que les progrès réalisés sont significatifs. Durant les 25 ans de la période 1990‐2014, le taux brut d’admission en première année est passé de moins de 52% à plus de 130%, le taux brut de scolarisation a plus que doublé en passant de moins de 50% à plus de 100% avant d’être ramené à moins de 90% en 2016 ; le nombre d’élèves du primaire a presque quintuplé en passant de moins de 0,5 million à plus de 2,4 millions en 2014 pour passer à 2,2 millions en 2016, soit un accroissement annuel de 6,9% contre 3,7% pour la tranche d’âge concernée (6‐11 ans) et la proportion des filles est passée de 30% à plus de 43% durant la même période.
Le secteur de l’éducation au Tchad
En plus de ces difficultés conjoncturelles, la situation du secteur de l’éducation au Tchad continue de poser de nombreux problèmes : l’accès à l’éducation et les performances du secteur sont en régression, ou au mieux en stagnation; l’efficacité et la qualité de l’éducation sont en voie de dégradation, les infrastructures scolaires se détériorent de plus en plus et le personnel enseignant s’implique de moins en moins par manque de qualification et de motivation, les disparités régionales sont importantes, les disparités de genre ne diminuent pas significativement et l’analphabétisme demeure persistant, voire s’aggrave.
Les indicateurs disponibles montrent que les progrès réalisés sont significatifs. Durant les 25 ans de la période 1990‐2014, le taux brut d’admission en première année est passé de moins de 52% à plus de 130%, le taux brut de scolarisation a plus que doublé en passant de moins de 50% à plus de 100% avant d’être ramené à moins de 90% en 2016
Les objectifs de l’éducation pour tous sont loin d’être atteints pour le Tchad qui fait partie d’un ensemble restreint de pays qui n’ont atteint aucun des trois objectifs mesurables fixés à Dakar : l’éducation primaire universelle, l’égalité des sexes et la réduction de moitié des taux d’illettrisme. Cela montre que le Tchad commence à accuser un retard significatif et qu’un effort important reste à déployer durant les prochaines années afin d’améliorer sensiblement l’accès à l’enseignement primaire et de relancer la tendance vers l’atteinte d’une éducation primaire universelle.
Ainsi, la situation actuelle du secteur de l’éducation au Tchad est extrêmement critique. Le secteur est exposé à un risque de blocage dans l’hypothèse d’absence de rémunération des maitres communautaires.
Cette situation génère par ailleurs une accentuation des disparités et des iniquités en raison des contributions accrues demandées aux ménages pour subvenir en partie à la rémunération publique des maitres communautaires qui constituent l’essentiel du corps enseignant dans les régions rurales qui sont aussi les zones les plus pauvres du pays.
En plus de ces difficultés conjoncturelles, la situation du secteur de l’éducation au Tchad continue de poser de nombreux problèmes : l’accès à l’éducation et les performances du secteur sont en régression, ou au mieux en stagnation; l’efficacité et la qualité de l’éducation sont en voie de dégradation, les infrastructures scolaires se détériorent de plus en plus et le personnel enseignant s’implique de moins en moins par manque de qualification et de motivation, les disparités régionales sont importantes, les disparités de genre ne diminuent pas significativement et l’analphabétisme demeure persistant, voire s’aggrave
L’analyse de la couverture scolaire montre d’importantes disparités entre les régions et le genre. Le taux brut de scolarisation (TBS) par région se situe entre 21% (Ennedi Est) et 147,1% pour le Logone oriental. La ville de N’Djamena enregistre un TBS de 153%. Le même type de disparité est enregistré en matière l’accès. Les régions du Nord, particulièrement les régions du Borkou (TBA 54,7%), de l’Ennedi Est (TBA 14,9%) et de l’Ennedi Ouest (TBA 47,8%) connaissent d’importants problèmes d’accès et d’équité.
L’enseignement primaire continu d’afficher des performances limitées et à être soumis à des contraintes majeures :
- le taux d’achèvement dans le primaire est particulièrement faible, il se situe en 2016 à 45,5% en raison des forts taux de redoublement et d’abandon : environ le quart des élèves sont des redoublants et près du cinquième quitte l’école chaque année ;
- plus de la moitié des écoles sont à cycle incomplet dont la majorité sont situées en milieu rural ;
- plus de 57% des enseignants sont non qualifiés en raison de la prépondérance des maitres communautaires, dont près de la moitié sont payés par les parents d’élèves qui sont précisément parmi les plus pauvres en raison de la forte concentration des MC en milieu rural.
La situation de crise actuelle fait de 70% des enseignants du public et du communautaire ne sont pas payés. L’accès au second cycle du fondamental (ou enseignement moyen) reste assez faible avec de fortes discriminations entre les filles et les garçons et de fortes disparités entre les régions : En 2014, le TBS était de 29,8% dont 41,2% pour les garçons et 19,1% pour les filles.
Entre les régions, le TBS au moyen varie fortement en passant de 4,3% dans la Région de Sila à 73,1% au Mayo Kebbi Ouest. Les performances de ce niveau d’enseignement sont aussi modestes avec un taux global de 16,9%, plus favorable aux garçons (25%) et extrêmement faible pour les filles (9,5%).
Les données sur l’alphabétisation au Tchad montrent que près 78% de la population âgée de 15 ans et plus est analphabète, cette proportion atteint 86% chez les femmes. Ainsi l’analphabétisme concerne une population totale de 5,9 millions de personnes dont 3,3 millions de femmes.
Par ailleurs, les études sur les enfants non scolarisés montrent que la moitié des enfants âgés de 6‐11 ans sont en dehors du système scolaire. Cela concerne une population de l’ordre de 1,3 million d’enfants dont 0,7 million de filles.
Les efforts déployés par le MENPC en ciblant chaque année l’alphabétisation de 110 000 adultes et la scolarisation de 2000 enfants dans l’EBNF demeurent très modestes par rapport à l’ampleur du phénomène d’analphabétisation et de l’exclusion scolaire.
Défis et contraintes au développement de l’éducation
Le Plan Intérimaire de l’Éducation du Tchad (2018‐2020) a mis l’accent sur les principaux défis et contraintes du système éducatif qui présente des insuffisances à plusieurs niveaux :
- un faible niveau de scolarisation : près de la moitié des enfants de 6 à 14 ans sont hors du système scolaire. Même si l’ampleur de cette situation peut être en partie imputable à la demande, l’offre demeure tout de même très insuffisante ;
- un faible niveau d’équipement des classes comme le révèlent les études du PASEC 2014. Le Tchad est le pays où le niveau moyen des ressources pédagogiques dans les classes du primaire est le plus faible comparativement aux neufs autres pays PASEC‐2014 ;
- une insuffisance des manuels scolaires : seul 4,4% des élèves au niveau national disposent de leur propre manuel en lecture et 3,6% en mathématiques ;
- un niveau académique des enseignants globalement insatisfaisant : environ trois élèves sur quatre sont encadrés par des enseignants dont le diplôme le plus élevé ne dépasse pas le niveau secondaire ;
- une forte disparité à tous les niveaux d’enseignement. Au niveau de l’ETFP par exemple, seulement 13 régions sur 23 sont pourvues des établissements d’enseignement technique et professionnel ;
- une éducation marquée par d’importantes disparités : 25% des enseignants sont affectés dans les écoles sans considération des besoins réels, révélant ainsi un niveau d’aléa très élevé dans la répartition des enseignants ;
- un accès limité au supérieur, à l’enseignement technique et la formation professionnelle. Les défis qui en découlent sont au moins au nombre de cinq :
- accroître l’offre d’éducation dans tous les ordres d’enseignement ;
- améliorer la qualité des apprentissages et des acquis scolaires pour les apprenants ;
- mettre en adéquation le niveau de financement du secteur avec les ambitions de développement retenues ;
- rendre l’éducation dans tous les ordres d’enseignement plus équitable, en veillant à la réduction des disparités ;
- rendre plus performants et plus efficaces la gestion et la gouvernance du système éducatif. En dépit de la fragilité de la situation et de sa vulnérabilité, certaines opportunités sont potentiellement mobilisables et peuvent contribuer à initier une évolution favorable du secteur éducatif, elles concernent les aspects suivants :
- l’engagement des autorités gouvernementales à relever les défis du système éducatif du pays ;
- les perspectives encourageantes de croissance économique à moyen terme, après l’encaissement des répercussions du choc pétrolier ; Projet de renforcement de l’éducation et de l’alphabétisation a u Tchad Version finale Le secteur de l’éducation au Tchad
- la disponibilité d’un document de référence nationale de la politique éducative (PIET), élaboré de manière participative et inclusive, et doté d’objectifs de développement précis et réalistes ;
- la création du Fonds d’appui au développement de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle (FADAENF) pour soutenir les sous‐secteurs de l’alphabétisation et de l’EBNF ;
- la disponibilité d’un vivier d’enseignants qualifiés pour la réforme du corps enseignant, notamment à travers une politique de contractualisation et de gestion des carrières ;
- le bon fonctionnement du GLPE, qui contribue à l’amélioration de l’environnement des réformes ;
- la mobilisation des partenaires extérieurs au développement du secteur. En matière de capacités de réponse du système aux situations d’urgence et aux catastrophes naturelles, il y a lieu de mentionner que le cinquième du présent appui du GPE a déjà été reçu en avance à travers le Projet d’Urgence de l’Éducation de Base pour répondre à cette problématique particulièrement présente dans la région du Lac‐Tchad.
Les objectifs du PREAT
Le Projet de renforcement l’éducation et de l’alphabétisation au Tchad (PREAT) constitue une émanation du PIET afin de contribuer aux efforts du Gouvernement visant à préserver et à élargir l’accès à l’enseignement primaire et d’améliorer son taux d’achèvement (de 45,5% en 2016 à 48% en 2020) et d’augmenter le taux d’alphabétisation.
La crise socioéconomique que traverse le pays a eu des répercussions négatives sur le secteur de l’éducation se traduisant par un rétrécissement de l’accès qui pourrait s’aggraver davantage durant les prochaines années si des interventions urgentes ne sont pas mises en œuvre.
Les faibles performances du système éducatif expliquent la prédominance d’un analphabétisme doublement inquiétant : selon les données de l’Unesco, le Tchad présente le taux d’alphabétisme des jeunes le plus faible au monde après le Niger (30,8% en 2016) et il s’est aggravé durant les dernières années (le taux était de 41,7% en 2004). Cela montre l’ampleur du champ d’intervention de l’éducation non formelle et de l’alphabétisation qui souffre de plusieurs handicaps inhérents au manque de moyens financiers et humains et à l’inadaptation des programmes d’alphabétisation et des méthodes avec les besoins éducatifs de certaines communautés.
Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.