Auteur : UNICEF Tchad
Type de publication: Bulletin d’information
Date de publication : 2015
La revitalisation de l’éducation de base
Le renouveau du système éducatif tchadien est en marche. Le gouvernement du Tchad a commencé la revitalisation du système d’éducation en 2012, dans le cadre de la Stratégie Intérimaire pour l’Education et l’Alphabétisation (SIPEA 2013-2016), qui met l’accent sur l’offre équitable d’une éducation de qualité aux enfants. La volonté nationale de développer l’éducation et d’envoyer les enfants à l’école est bien présente, et cela malgré un contexte socioéconomique et géopolitique qui est un des plus difficiles du continent.
Aujourd’hui, le Tchad connait une situation démographique qui nécessite une attention particulière avec un tiers de sa population en âge d’être scolarisé. Le pays connait une croissance démographique proche de 3,5% qui devrait l’amener à voir cette population à scolariser augmenter d’au moins 50% dans les dix prochaines années.
Face à ces défis, l’engagement fort de l’État s’est d’abord traduit à travers le niveau de ressources allouées au secteur de l’éducation et au cycle primaire en particulier. Jusqu’en 2013, 25% des dépenses courantes de l’Etat étaient réalisées pour l’éducation, et 43% du budget de l’éducation était alloué à l’enseignement primaire. Cette détermination se retrouve aussi chez les parents d’élèves qui investissent eux-mêmes pour que leurs enfants bénéficient d’une éducation, qu’elle soit formelle ou informelle.
En effet, d’après la dernière étude RESEN, le nombre d’enseignants communautaires pris en charge par les associations de parents d’élèves représente plus des trois quarts des enseignants du cycle primaire. Mais cette situation exemplaire de la part de la communauté reste fragile car elle est directement liée à une situation économique ellemême précaire. Par ailleurs, cette situation n’est pas satisfaisante car le corps enseignant a aussi besoin d’une professionnalisation que les associations de parents d’élèves ne peuvent lui offrir.
Cette volonté commune s’est traduite par des progrès importants qui ont été réalisés ces dernières années. En effet, les partenaires du secteur de l’éducation, représentés par l’UNICEF, sont aux côtés du gouvernement et des communautés pour développer les secteurs sociaux de base.
Ainsi en 2012 avec l’élaboration de la SIPEA, l’UNICEF, en partenariat avec le Gouvernement et le Groupe Local des Partenaires de l’Éducation et notamment l’UNESCO, a mobilisé des fonds importants auprès du Partenariat Mondial pour l’Éducation (Global Partnership for Education, GPE) et du programme Eduquer un Enfant (Educate a Child, EAC) de la Fondation Education Avant Tout (Education Above All, EAA) pour appuyer la mise en œuvre de la SIPEA avec le Projet de Revitalisation de l’Education de Base du Tchad (PREBAT).
Ce projet, qui s’achèvera en même temps que la SIPEA fin 2016, a déjà permis la construction d’environ 1000 nouvelles salles de classes, l’achat et la distribution de presque deux millions de manuels scolaires et de guides pour les enseignants, l’appui pour la formation des enseignants à travers un programme de formation qualifiante diplômante qui a déjà bénéficié à 1100 enseignants. L’UNICEF a également soutenu la réalisation du modèle des écoles amies des enfants (lire page 9) dans certaines régions ciblées.
Les réalisations sont multiples mais les défis sont nombreux, notamment celui de la scolarisation des enfants en âge d’aller à l’école, les filles particulièrement.
Au final, le projet PREBAT aura bénéficié à plus d’un million d’enfants. L’éducation est un droit fondamental et inaliénable des enfants pour lequel le Tchad s’est engagé, avec l’UNICEF à ses côtés. L’éducation est un des piliers fondamentaux pour réussir la vision nationale de développement socioéconomique et culturelle du pays, et c’est ensemble
En effet, tout au long de leur scolarité, les filles sont confrontées à de nombreux obstacles tels que : les coûts de scolarisation, les mariages précoces, l’insécurité liée à la distance entre le domicile et l’école ou les violences en milieu scolaire. L’absence d’infrastructures sanitaires et la faible proportion d’enseignantes n’encouragent pas non plus la scolarisation des filles. Cette situation est accentuée par l’analphabétisme des parents notamment ceux vivants dans les milieux ruraux pauvres.
C’est au regard de cette situation que le Ministère de l’Education et ses partenaires au développement ont initié la Stratégie Intérimaire pour l’Education et l’Alphabétisation (SIPEA) 2013-2015 qui définit les axes d’interventions pour répondre aux besoins urgents de l’éducation primaire et non formelle en prélude à l’élaboration du Plan Décennal de Développement de l’Education et de l’Alphabétisation (PDDEA).
Le Projet de revitalisation de l’éducation de base du Tchad (PREBAT) a reçu un soutien financier capital du Partenariat Mondial pour l’Education (GPE) et Eduquer un enfant (Educate a Child, EAC), un programme mondial de la fondation Education Avant Tout (Education Above All, EAA) L’UNICEF et l’UNESCO fournissent un appui technique et financier au gouvernement du Tchad pour la mise en œuvre de ce projet.
Ce dernier vise entre autres à soutenir la scolarisation, le maintien et la réussite scolaire des filles à travers l’amélioration de l’environnement d’apprentissage (construction de salles de classe, latrines, points d’eau, mise à disposition de manuels scolaires, formation des enseignants, etc.).
Le programme prévoir aussi la mise en œuvre d’un programme d’alimentation scolaire et de mesures incitatives assurées par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) en étroite collaboration avec la Direction de l’Enseignement Primaire et la Direction de la Promotion de l’Education des Filles. L’UNICEF soutient ainsi ces efforts multiples et conjugués pour une meilleure prise en compte de la parité et de l’équité du genre dans le système éducatif tchadien qui se veut inclusif et de qualité.
L’éducation, moteur de la réussite
Moundou, deuxième ville du Tchad et capitale économique compte plusieurs écoles privées et publiques où les enfants ont plaisir à étudier. En ville, la plupart des écoles ont de vraies salles de classe et tables-bancs. Pourtant, non loin de cette ville moderne, c’est une autre réalité pour les enfants de Mbalkabra. Ce village, entouré de végétation, est difficilement accessible en saison des pluies, mais en arrivant à l’école entourée de manguiers, les enfants nous réservent un accueil très chaleureux. Le premier élève qui s’approche de moi s’appelle Mbailassem Gérard. A 11 ans, Gérard est très curieux, intelligent et a l’esprit ouvert.
Cette année, il entre en cours moyen : « Je suis très content d’étudier pour la nouvelle année dans des salles de classes en dur qui sont en train d’être construites, avec des portes, fenêtres et surtout des tables-bancs. L’année passée, on étudiait sous une cabane en paille ». J’observe alors ce qui faisait augure de salle de classe avant la construction des salles modernes, difficile de s’imaginer étudier dans de telles conditions.
« Pendant les cours, quand le vent soufflait, on ne pouvait même pas rester concentrés et écouter le maitre, » rajoute Gérard. Mr Djetodjide Kembaye, l’inspecteur pédagogique de Mbalkabra me partage alors ses impressions, en observant fièrement cette nouvelle école : « Les conditions d’études sont difficiles, les élèves utilisaient des morceaux de briques comme des bancs pour étudier ou s’asseyaient à même le sol.
Difficile deconvaincre les parents d’inscrire leurs enfants, surtout les filles, dans ces conditions. » Pour la rentrée scolaire 2015 -2016, les élèves de ce village vont finalement profiter de dix nouvelles salles de classe, deux latrines et vont recevoir des kits scolaires. Le sourire aux lèvres, Gérard lance : « Quand je regarde ma nouvelle école, je suis très excité de commencer les cours. Surtout, je sais que je vais passer l’année dans de bonnes conditions. Je ferais tout pour être premier de ma classe !»
Je suis ravi d’observer l’état d’esprit de ce jeune garçon courageux et je me rends compte qu’un simple appui comme celuilà peut inciter les parents, et motiver des centaines d’enfants, notamment les filles, à suivre et prendre l’éducation plus au sérieux. Ces nouveaux bâtiments sont le fruit de l’appui du Global Partnership for Education (GPE) et Educate A Child (EAC) qui soutiennent le Projet de Revitalisation de l’Education de Base au Tchad (PREBAT), avec pour objectif de renforcer l’accès à une éducation de base de qualité pour tous les enfants du Tchad. « Gérard est l’un des meilleurs élèves, il est très actif et malgré sa grande passion pour le football, il est toujours sérieux dans son travail » souligne le Directeur de cette école, Mr Mbaikoubou Mathieu.
Le petit garçon est en train de jouer au foot et je me repose sur un banc pour regarder la partie. Je me demande alors, si j’avais étudié dans cet environnement et dans ces conditions, est ce que j’y serais arrivé ? Une chose est certaine, au Tchad, le chemin de l’éducation nous amène à un avenir meilleur, mais ce chemin est encore long. Malgré cela, le courage et la détermination des enfants et des enseignants m’ont redonné espoir.
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