Auteur : Adrian Lakrichi
Organisation affiliée : Humanium Tchad
Type de publication : Rapport
Date de publication : 2020
Pauvreté
Au Tchad, 80% de la population dépend du secteur de la ferme et de l’élevage de bétail en ce qui concerne sa subsistance, ce qui est un des facteurs qui explique la fragilité tchadienne. Dans les régions rurales, le taux élevé de mortalité et de migration des hommes conduit 23 % des ménages à être gérés par les femmes.
Bien que la pauvreté ait été réduite de 55% à 47 % entre 2003 et 2011, le pays fait encore face à une autre crise financière qui impacte son évolution future. En 2016, le Tchad figurait à la 186ème position sur 188 pays, basé sur l’Index du développement humain des Nations-Unies qui mesure l’espérance de vie, les années de scolarité escomptées, le Revenu National Brut (RNB), l’indice de développement humain ajusté aux inégalités, l’évolution de la femme, la population, la pauvreté, l’emploi, la sécurité humaine et plus.
Les enfants du Tchad vivent des situations de pauvreté extrême aussi parce que la plupart des gens manquent de commodités telles que l’eau potable, le système sanitaire, les infrastructures médicales et le logement. Hormis cela, il y a seulement un docteur en médecine pour 38.000 habitants
L’indice des inégalités en matière de pauvreté, utilisé pour mesurer combien le revenu moyen des personnes pauvres chute en dessous du seuil de pauvreté, montre de très grosses différences entre les régions rurales et urbaines au Tchad. Par exemple, si les zones rurales ont un index de pauvreté qui atteint 22,6%, les zones urbaines ont un index de pauvreté de 6 %.
De plus, alors que les bas niveaux d’éducation ont un impact concret sur la pauvreté rurale, le nombre d’enfants par ménage et l’effet du changement climatique ont aussi des conséquences sur le niveau de revenu et d’emploi, tout comme les vies tchadiennes sont profondément affectées par des sécheresses fréquentes et la pénurie d’eau.
Les enfants du Tchad vivent des situations de pauvreté extrême aussi parce que la plupart des gens manquent de commodités telles que l’eau potable, le système sanitaire, les infrastructures médicales et le logement. Hormis cela, il y a seulement un docteur en médecine pour 38.000 habitants.
Le travail des enfants
Les enfants du Tchad vivent souvent les pires situations de travail infantile, dans l’élevage de bétail et dans le travail domestique qui peuvent parfois mener au trafic d’êtres humains.
En 2018, on a considéré que le pays avait plus ou moins avancé dans ses efforts pour éliminer les pires formes de travail infantile. Le pays avait envoyé 3 inspecteurs du travail sur une période de 45 jours au Centre Régional Africain de l’OIT pour l’Administration du travail. Il a également présenté le Projet de Soutien aux Réfugiés et aux Communautés Migrantes pour améliorer l’accès aux soins de santé pour les réfugiés, incluant les enfants, qui ont vécu des formes de travail inacceptables.
Un des problèmes principaux en ce qui concerne le travail des enfants est que le cadre juridique légal au Tchad ne prévoit pas de sanctions criminelles pour l’utilisation d’enfants dans des activités illicites. Aussi, le gouvernement ne collecte par encore de données sur les efforts de renforcement de la loi et n’a pas été proactif dans le développement de politiques afin de gérer en conséquence la problématique du travail infantile.
Au Tchad, l’âge minimum d’embauche est de 14 ans. Cependant, en raison des difficultés économiques, beaucoup de familles sont souvent contraintes de laisser leurs enfants travailler. Vu que les enfants ne reçoivent pas l’éducation appropriée, ils travaillent dans de très rudes conditions, longues heures, bas salaire, pas de nourriture, etc. De plus, ils encourent les risques liés à la prostitution, à la discrimination, aux abus, etc.
Exploitation et abus d’enfants
Certains enfants sont souvent sujets à la violence au sein de leur propre famille. Cependant, cette pratique est permise selon la coutume tchadienne. En outre, les enfants sont souvent abusés à l’école, dans les lieux de détention ou dans la rue. Malheureusement, la violence est très courante au Tchad et les enfants en sont souvent les victimes. Les filles sont les principales victimes de viol et d’autres genres de violences sexuelles. Pendant les conflits, les groupes armés et les membres de la communauté sont les principaux auteurs de telles violences.
Le gouvernement est incapable de les protéger ou, selon certaines sources, ne veulent pas protéger les enfants de tels abus. Le rapport de 2008 de Ban Ki-moon, traitant de ce sujet, mettait en évidence les attaques dans les écoles et les enlèvements d’enfants par les groupes armés. En Mars 2018, le gouvernement tchadien a ratifié une ordonnance qui interdit le trafic d’êtres humains. Le recrutement des enfants et des adolescents est courant, principalement par les groupes armés et la milice est de manière courante, aussi due au déplacement interne des familles.
En 2009, il y eut un conflit entre les forces gouvernementales et les groupes rebelles dans lequel les 2 groupes d’opposition ont utilisé des enfants soldats, ce qui a conduit à de graves violences contre les enfants- viol, maltraitance et meurtre.
Les articles 335 et 336 de la loi pénale sanctionnent l’exploitation des enfants à travers la prostitution et prévoit des peines de 2 à 5 ans d’emprisonnement et une amende allant de 100.000 à 2 millions de CFA (180 à 3.520 dollars). L’Assemblée Nationale a réexaminé les révisions du Code de la Protection de l’Enfant, le Code du Travail, le Code de la Famille qui contiennent maintenant des provisions additionnelles qui sanctionnent le trafic d’enfants et augmentent la protection des enfants qui travaillent dans un secteur informel.
Le trafic et l’exploitation des enfants est très courant au Tchad. C’est essentiellement interne, c’est-à-dire que cela commence souvent avec des enfants qui sont confiés par des membres de la famille ou des intermédiaires en échange de promesses consistant à contribuer à leur donner l’accès à l’éducation, la nourriture, l’argent et plus. Certains de ces enfants sont forcés de travailler dans les zones urbaines, dans l’agriculture ou dans les mines d’or du nord du pays. D’autre formes de travail forcé qui sont pratiquées sont : la mendicité et le commerce de rue.
Mariage des enfants
Le Tchad s’est engagé à éliminer le mariage d’enfant, le mariage prématuré et le mariage forcé d’ici 2030 selon l’objectif 5,3 figurant aux Objectifs de Développement Durable. Le pays a aussi adopté, de manière proactive, la co-sponsorisation de la Résolution du Conseil des Droits de l’Homme de 2015 ainsi que la Résolution de l’Assemblée Générale des Nations-Unies de 2013 sur le mariage d’enfants. En outre, beaucoup d’autres actions sont en cours.
Malgré ces efforts, le mariage des jeunes filles est encore une pratique courante au Tchad, étant donné que l’âge de la majorité est fixé de manière différente selon les textes. D’un point de vue législatif, la majorité civile est atteinte à l’âge de 21 ans et l’âge légal du mariage est fixé à 15 ans pour les filles et 18 ans pour les garçons. Cependant, dans la loi coutumière, l’âge du mariage est implicitement fixé à 13 ans, ce qui va à l’encontre de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant.
Les mariages infantiles ont un impact négatif sur la santé, le développement et les droits d’un enfant. Les filles qui sont mariées prématurément sont limitées dans leurs interactions sociales étant donné qu’elles abandonnent l’école. Elles risquent une grossesse prématurée ce qui peut être dangereux pour elles comme pour leur enfant.
En 2017, l’UNICEF, a évalué à 30% le nombre d’enfants mariés à l’âge de 15 ans et à 67% ceux mariés à l’âge de 18 ans. Selon l’UNICEF, le Tchad a actuellement le troisième taux de prévalence le plus élevé de mariage d’enfants au monde. Il est plus courant dans les régions de Guéra, Lac, Chari Baguirmi, Sila et Mayo Kebbi Est.
La raison principale donnée au taux élevé de mariage est le déplacement considérant que le viol est très courant dans les camps de réfugiés à la frontière avec le Soudan. Les traditions peuvent obliger les filles à marier leurs violeurs pour préserver leur honneur. En règle générale, plus le niveau d’éducation est élevé, plus le mariage a lieu tard.
Les religions, qu’elles soient Catholiques, Protestantes, Animistes et Musulmanes sont aussi au coeur du mariage infantile. Des pratiques religieuses conduisent parfois à des mutilations génitales féminines et à l’excision (FGM/C) qui sont subies par 44% des femmes âgées entre 15 et 49 ans et à la polygamie où les filles sont mariées comme 3ème ou 4ème épouse.
Enfants des rues
Le nombre d’enfants tchadiens qui errent et vivent dans les rues est en constante augmentation et cela est principalement dû à la situation financière très instable au Tchad. Leurs droits au logement, à la santé, à l’éducation et à la nutrition ne sont pas respectés.
Les enfants des rues au Tchad vivent souvent en groupe de 10 à 25 enfants. En raison de la dramatique expérience émotionnelle ressentie et qui provient du fait de dormir et de vivre dans la rue, ces enfants se tournent souvent vers l’usage des drogues. De plus, à cause de l’environnement malsain des lieux, les enfants ne peuvent pas occuper les espaces publics en toute sécurité et ils peuvent faire face à beaucoup de risques tels que l’exploitation économique et sexuelle, des problèmes de santé etc.. En outre, les enfants des rues n’ont aucune chance de trouver la garantie d’accéder à l’éducation qui peut leur permettre de quitter la rue de manière définitive.
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