Auteur : OCHA
Type de publication : Rapport
Date de publication : 2020
Aperçu du Plan de réponse
L’analyse des besoins humanitaires révèle que le Tchad fait face à trois crises majeures : les mouvements de population, l’insécurité alimentaire et la malnutrition et les urgences sanitaires. Ces crises résultent des causes conjoncturelles et structurelles et accroissent la vulnérabilité de plusieurs millions de personnes qui sont déjà confrontées au faible développement local et à la pauvreté affectant les capacités de résilience des communautés.
Les mouvements de population affectent 757 483 personnes et résultent de plusieurs attaques des villages par les groupes armés dans la région du Lac, aux conflits intercommunautaires à l’Est et au contexte sécuritaire fragile dans les pays limitrophes au Tchad.
L’insécurité alimentaire et la malnutrition : l’analyse du cadre harmonisé de novembre 2019 révèle que 2 780 473 personnes souffrent actuellement de l’insécurité alimentaire parmi lesquelles 564 175 personnes sont en phase sévère.
L’analyse des besoins humanitaires révèle que le Tchad fait face à trois crises majeures : les mouvements de population, l’insécurité alimentaire et la malnutrition et les urgences sanitaires. Ces crises résultent des causes conjoncturelles et structurelles et accroissent la vulnérabilité de plusieurs millions de personnes qui sont déjà confrontées au faible développement local et à la pauvreté affectant les capacités de résilience des communautés
La situation pourrait se dégrader au cours de la prochaine période de soudure (juin – septembre 2020) pour atteindre 3 942 618 personnes en insécurité alimentaire parmi lesquelles 1 112 112 personnes seront dans la phase sévère. La situation nutritionnelle reste préoccupante au Tchad avec une prévalence de 12,9% de la MAG et 2,9% de MAS affectant 18 provinces sur les 23 que compte le pays.
Les urgences sanitaires affectent près de 3 millions de personnes et résultent des épidémies récurrentes dont la rougeole, le paludisme, la méningite, du faible accès à l’eau potable, à l’hygiène et assainissement et de la faiblesse du système sanitaires qui constituent des obstacles majeurs en termes d’offre et d’accessibilité aux soins de santé primaires.
Pour répondre à ces besoins, le plan de réponse humanitaire 2020 cible 3 millions de personnes parmi les 5,3 millions ayant besoin d’aide humanitaire d’urgence pour un financement requis de 543,3 millions de dollars USD. 42 partenaires contribueront à mettre en œuvre 163 projets
Réponse par objectif stratégique
0S1: En 2020, le plan de réponse humanitaire vise à sauver et préserver la vie et la dignité de 2 millions de personnes affectées par les conséquences humanitaires liées au bien-être physique et mental.
Objectifs spécifiques : – Fournir une assistance multisectorielle rapide, intégrée et coordonnée aux personnes vulnérables en situation d’urgence. – Développer une capacité de réponse rapide aux urgences : la mise en place des mesures préventives et de réponse à l’urgence dans les zones affectées ou à risque épidémique et d’inondation. – Favoriser l’accès aux services essentiels de base et de qualité. Ceci comprend entre autres, l’accès aux soins de santé primaire, la prise en charge adéquate des personnes souffrant de la malnutrition aigüe ; la prévention de différentes formes de la malnutrition ainsi que de la résilience nutritionnelle
0S2: Réduire la vulnérabilité de 2,2 M populations affectées à travers le renforcement de la résilience communautaire et institutionnelle pour mieux répondre et résister aux chocs récurrents
Objectifs spécifiques : – Soutenir les plus vulnérables, via le renforcement des moyens de subsistance et l’accès à des solutions durables ainsi qu’aux opportunités économiques. Ce qui comprend entre autres, le renforcement de moyens d’existence de personnes en phase sous pression de l’insécurité alimentaire, l’amélioration des conditions de vie et la protection physique des personnes déplacées et retournées par la coordination efficace des interventions au sein des sites d’accueil. L’amélioration de l’environnement scolaire, inclusif, sécurisé, propice à l’égalité d’accès, à l’équité et à la réduction des disparités entre les filles et les garçons affectées par les crises. – Renforcer les capacités étatiques à mieux réponses aux crises, en matière de prévention et de réponse à l’urgence dans les zones épidémiques, à risque d’inondation et des zones affectées par les mouvements de population.
OS3: Contribuer à la protection de 527 000 personnes parmi la population vulnérable et renforcer la redevabilité envers les bénéficiaires de l’aide.
Objectifs spécifiques – Mettre en place et renforcer les mécanismes de protection en faveur les populations affectées dans le but de prévenir les risques liés aux violences en général et les violences basées sur le genre en particulier et améliorer l’accès et la qualité de services multisectoriels pour les survivants. – Promouvoir et renforcer la participation des populations affectées à l’amélioration de la qualité de l’aide à travers l’organisation des enquêtes de perceptions, la mise en place et le renforcement des mécanismes de communication et de retour, etc. – Appuyer les acteurs nationaux (Gouvernement et société civile) dans la promotion d’un environnement propice au bien-être et à la protection des populations en vue d’un meilleur respect des droits fondamentaux et la promotion des solutions durables. Ceci permet de prévenir et répondre aux risques de violence, d’abus et d’exploitation encourus par les filles et garçons affectés par les conflits.
Historique des tendances
Les besoins humanitaires ont augmenté en raison de l’évolution du contexte humanitaire qui résultent des causes conjoncturelles et structurelles face à un faible développement et une menace croissante des chocs climatiques sur les infrastructures socioéconomiques. Faisant face à trois crises humanitaires majeures : l’insécurité alimentaire et la malnutrition, les déplacements des populations résultant des conflits armés et les urgences sanitaires, le nombre de personnes dans le besoin a évolué en dents de scie durant les huit dernières années.
Ce nombre a atteint un pic en 2017, 2018 et 2020 où le nombre de personnes en insécurité alimentaire sévère a augmenté (897 415 en 2017, 889 400 en 2018, 519 000 en 2019 et 1,8 million en 2020). Le nombre de personnes en situation de déplacement a sensiblement augmenté avec la récurrence des attaques des groupes armés principalement dans la province du Lac suite à la crise du Bassin du Lac Tchad.
Cet accroissement des déplacés internes a été perceptible au deuxième trimestre 2017 avec l’expansion des opérations militaires contre les groupes armés dans la zone insulaire du Lac Tchad obligeant plus de 103 000 personnes à se déplacer. Depuis lors ces personnes sont restées en déplacement, certaines parmi elles (soit 51 000 personnes) qui ont tenté de retourner dans leurs villages au courant 2018 ont dû quitter à cause de la détérioration de l’environnement sécuritaire au courant 2019, avec les attaques en répétition des groupes armés.
Parallèlement à cette crise, le Tchad continue d’offrir l’accueil à plus de 350 000 réfugiés soudanais depuis plus de dix ans suite au contexte sécuritaire encore fragile dans leur pays. Cette population a continué à recevoir l’assistance humanitaire en réponse à ses besoins les plus urgents compte tenu de la dégradation de certains indicateurs nutritionnels, sanitaires et socioéconomiques.
Dans la logique de l’intégration socioéconomique, l’approche dite de « villagisation » a été entreprise au courant de 2018 visant à intégrer les camps dans les communautés d’accueil à travers des projets intégrateurs des communautés locales. Les réfugiés centrafricains et les réfugiés nigérians sont restés dans les camps respectivement au Sud et dans la région du Lac nécessitant une aide multisectorielle d’urgence.
L’assistance fournie aux retournés tchadiens à travers le projet d’intégration socio-économique a permis d’améliorer les conditions d’accueil de certains retournés mais d’autres, à l’instar de ceux accueillis au Sud sont restés dans une grande vulnérabilité aggravée par des chocs saisonniers liés à l’inondation, qui ont affecté leurs moyens d’existence. Le niveau de financement des Plans de réponse humanitaire n’a pas suivi l’évolution du contexte humanitaire. A l’exception des années 2013 et 2016, les financements humanitaires n’ont pas atteint 50% des besoins exprimés.
Ce faible financement constitue une contrainte majeure à la réalisation de la réponse humanitaire dans le respect des standards minimums et à l’opérationnalisation du nexus humanitaire – développement. Le sous-financement affecte la réponse humanitaire dans les secteurs clés : le faible accès à l’eau potable et à l’assainissement comme facteur aggravant la situation nutritionnelle, les urgences sanitaires. Ce secteur a été le moins financé, chutant de 43 à 35% entre 2016 et 2017 contre 4,9% en 2018 et 11% en 2019.
Cela rend difficile la mise en œuvre des stratégies intégrant la composante Eau, Hygiène et Assainissement pour répondre aux urgences sanitaires liées aux épidémies et à la malnutrition. La santé a vu son financement régresser au fil de temps, de 45% en 2016 à 28% en 2017, 12,9% en 2018 et 9,7% en 2019. La sécurité alimentaire et la nutrition sont des secteurs dont les financements avoisinent ou dépassent 50% ; ce qui a permis aux partenaires du clusters de focaliser la réponse aux personnes souffrant de la malnutrition aigüe sévère et des personnes en insécurité alimentaire sévère durant la période de soudure, laissant une faible capacité de réponse aux programmes de prévention de la malnutrition et au renforcement des moyens d’existence aux personnes en phase sous-pression alimentaire ( phase 2 du cadre harmonisé). Le financement accordé au secteur de la logistique a permis de renforcer la mobilité des acteurs humanitaires à travers les vols humanitaires (UNHAS) dans les zones d’accès difficiles ou enclavées
Conséquences humanitaires prioritaires pour la réponse
L’Aperçu des besoins humanitaires au Tchad révèle que les déplacements de population, l’insécurité alimentaire et la malnutrition, et les urgences sanitaires entrainent plus de 6,3 millions de personnes, soit plus du tiers de la population tchadienne, dans une vulnérabilité aigüe ou chronique, exacerbée par le faible niveau de développement, les risques climatiques et les crises économiques.
Ces conséquences humanitaires sont liées au bien-être physique et mental, aux conditions de vies et, de manière transversale, à la protection des populations . (cfr. Aperçu des besoins humanitaires 2020, Tchad, novembre 2019) Conséquences humanitaires liées au bien-être physique et mental Mouvement de population Près de 757 483 personnes en situation de déplacement nécessitent une assistance d’urgence et des solutions durables.
La situation de protection s’est dégradée dans la province du Lac affectant les déplacés internes et la communauté hôte en raison de l’augmentation des incidents de sécurité liés aux conflits armés (781 incidents de protection et 1 236 cas de violences basées sur le genre, notifiés entre janvier et août 2019) Insécurité alimentaire et malnutrition L’insécurité alimentaire affecte près de 4,6 millions de personnes parmi lesquelles 1,8 million sont dans la phase sévère nécessitant une assistance alimentaire d’urgence10.
L’Aperçu des besoins humanitaires au Tchad révèle que les déplacements de population, l’insécurité alimentaire et la malnutrition, et les urgences sanitaires entrainent plus de 6,3 millions de personnes, soit plus du tiers de la population tchadienne, dans une vulnérabilité aigüe ou chronique, exacerbée par le faible niveau de développement, les risques climatiques et les crises économiques
L’insécurité alimentaire résulte de la faible production alimentaire ou le faible accès à la nourriture, exacerbée par les facteurs conjoncturels et structurels. Ces facteurs sont entre autres, les changements climatiques, le contexte socio-économique difficile que traverse le pays depuis 2015, le faible investissement dans le secteur agricole, les maigres ressources disponibles (terre, fourrage, eau, etc.) dans les zones ayant connu des afflux de personnes en déplacement.
La malnutrition est stationnaire mais demeure préoccupante au Tchad, avec une prévalence de 12,9% de la malnutrition aigüe globale (MAG) et 2,9% de la malnutrition aigüe sévère. Elle affecte 1 865 883 enfants de moins de cinq ans parmi lesquels 461 000 enfants affectés par la forme sévère. Selon l’enquête nutritionnelle SMART d’octobre 2019, sur les 23 provinces, 18 sont en situation nutritionnelle préoccupante et 9 en situation d’urgence avec des tauxsupérieurs au seuil d’urgence de 15% de la MAG.
Cette situation est aggravée entre autres par la récurrence de l’épidémie de rougeole qui sévit au Tchad depuis mai 2018, le faible accès à l’eau potable et à l’assainissement et le faible accès aux aliments de base et de qualité dû à la faible production et aux habitudes alimentaires inadéquates. Urgences sanitaires Suite au faible accès aux services sociaux de base (accès limité à l’eau potable, à l’assainissement, aux soins de santé primaire, etc.) et à l’apparition de maladies à potentiel épidémique, près de 2 millions des personnes sont affectées par les urgences sanitaires parmi lesquelles les enfants, les femmes enceintes et les femmes allaitantes.
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