Auteur : Ministère de l’Economie et de la planification du développement
Date de publication : 2017
Type de publication : Rapport
Lien vers le document original : https://www.refworld.org/pdfid/5b34ac4f4.pdf
Une croissance économique sans impact réel sur le développement humain
La croissance économique au Tchad a connu deux périodes au cours des deux dernières décennies : la phase d’avant 2003 avec une croissance moyenne de 3% environ et la phase d’après 2003 avec une croissance moyenne proche de 9%. La croissance de la phase d’après 2003 est portée essentiellement par le secteur pétrolier, alors que celle d’avant 2003 est portée par les sous-secteurs de l’élevage et de l’agriculture.
Plus récemment, l’environnement économique tchadien a été marqué par la chute du prix du baril de pétrole et l’insécurité imputable au terrorisme dans le bassin du Lac Tchad. En dépit de ces deux chocs exogènes qui ont impacté négativement la gestion des finances publiques, la croissance économique a atteint 6,4% en 2014, contre 0,9% en 2013.
Le taux de croissance moyen du PIB de la période 2011-2015 (3,1%) a été impulsé en partie par la hausse des investissements publics et privés conformément aux dispositions du PND 2013-2015. Le taux d’investissement (FBCF public et privé / PIB) a culminé à plus de 30% en 2003 avec l’avènement la production de pétrole avant de passer à 18,6% en 2011, puis à 23,6% en 2014. Il a chuté en 2015 à 13,4%. Le taux d’investissement public est passé de 1% en 2011 à 6,1% en 2014, contre respectivement 11% et 8,5% pour le taux d’investissement privé.
En termes de structure du PIB, le poids relatif du secteur agricole reste prépondérant après 2004. L’essor du secteur pétrolier n’a pas permis de modifier la structure du PIB par une augmentation substantielle de la part des industries pétrolières dans la formation des richesses nationales. L’année 2004 a toutefois été marquée par la hausse du secteur industriel (47% du PIB), consécutivement aux investissements importants réalisés pour l’acquisition d’équipements pétroliers. Le secteur primaire, essentiellement agricole et informel et à faible valeur ajoutée, représente environ 50% du PIB sur la période 2009-2013, contre environ 36% sur la même période pour le secteur des services.
Quant à la dette intérieure, elle a enregistré une hausse : de 10% en 2013 à 18% en 2015. Cette hausse n’est pas sans conséquence sur la demande intérieure. Le niveau d’endettement du Tchad reste soutenable et le service de la dette ne représente que 14,47% des recettes budgétaires. Le taux global d’endettement (moins de 40% entre 2011 et 2014) est estimé en dessous de 43% pour 2015, ce qui est loin du seuil de 70% fixé par la CEMAC dans le cadre de la surveillance multilatérale.
L’économie tchadienne reste caractérisée par sa dépendance vis-à-vis du marché international
Cependant, la situation reste fragile au regard de la baisse progressive du prix du baril de pétrole et de l’augmentation des dépenses publiques, malgré des mesures drastiques prises récemment par le Gouvernement pour éviter que le déficit ne se creuse davantage. L’économie tchadienne reste caractérisée par sa dépendance vis-à-vis du marché international. Longtemps déficitaire, le solde du compte courant a fait un bond en 2005 avec l’exploitation du pétrole pour se hisser à son niveau le plus élevé en 2008.
L’excédent du solde du commerce extérieur reste tiré principalement par les exportations des produits de rente notamment le coton, le bétail, la gomme arabique et le pétrole. Les Etats-Unis d’Amérique sont le premier partenaire commercial du Tchad, absorbant près de 85% de ses exportations entre 2011 et 2014. La Chine est le premier fournisseur du Tchad, avec 25% des importations en 2014. La France et le Cameroun suivent avec respectivement 13% et 9%.
Le secteur privé est dominé par des entreprises informelles indiquant le faible rythme de modernisation de l’activité économique. Le Tchad dispose de très peu d’entreprises formelles pour contribuer efficacement à la croissance et à la création d’emplois décents. La création des entreprises évolue positivement mais très lentement à cause des difficultés que connait l’environnement des affaires.
Le nombre total des entreprises créées est passé de 3 488 en 2013 à 3 957 en 2014 (+13,5%). Les contraintes du secteur privé s’expliquent notamment par les coûts élevés des facteurs de production (notamment l’énergie) et par un environnement des affaires ne répondant pas encore aux standards internationaux. Le faible financement de l’économie par le système financier en raison de la frilosité du système bancaire d’une part, et la non-sécurisation des titres de propriété, d’autre part, limitent l’éclosion d’un secteur privé dynamique et compétitif.
Le nombre total des entreprises créées est passé de 3 488 en 2013, à 3 957 en 2014
Les impacts de la situation humanitaire au Tchad sur le développement humain peuvent aussi être circonscrits à travers l’évaluation de la mise en œuvre des OMD auxquels le Tchad avait souscrits. L’engagement du pays à réaliser les OMD s’est traduit par la mise en œuvre de deux Stratégies Nationales de Réduction de la Pauvreté (SNRP 1 et 2), dont la deuxième a été alignée aux OMD tout comme le PND 2013-2015.
Le Rapport d’évaluation des progrès sur les OMD, validé en décembre 2015, souligne des avancées notables enregistrées par le pays, en dépit du fait que la trajectoire de la plupart des OMD a été contrariée par des facteurs climatique, sécuritaire et humanitaire qui ont caractérisé la dernière décennie.
Le taux de chômage des jeunes de 15-24 ans est encore élevé
Au niveau de l’OMD 1, par exemple, on relève la baisse de la pauvreté monétaire (de 55% à 46,7% entre 2003 et 2011) et de la faim avec des disparités régionales. En revanche, le taux de chômage des jeunes de 15-24 ans est encore élevé (9,6% en 2011) en dépit de la baisse enregistrée par rapport à 2003 (10,3%). Tandis qu’à l’OMD 7, on note une hausse significative de l’accès à l’eau potable de 21% en 2000 à 52% en 2014 pour une cible de 60%.
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