Site de publication : Société générale France
Date de publication : 2021
Type de publication : Article
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Economie
L’économie du Tchad s’est bien comportée en 2019, progressant à un rythme de 3% grâce à la reprise du secteur non pétrolier et à la hausse des prix du pétrole. Selon les prévisions actualisées du FMI du 14 avril 2020, en raison de l’apparition du COVID-19, la croissance du PIB devrait tomber à -0,2 % en 2020 et remonter à 6,1 % en 2021, sous réserve de la reprise économique mondiale post-pandémie, soutenue par une augmentation significative des paiements liés à l’impôt sur les bénéfices du principal opérateur pétrolier et par de nouvelles mesures destinées à rationaliser les exonérations fiscales et réformer la TVA. La production de pétrole devrait également augmenter grâce à de nouvelles technologies d’extraction.
En 2019, l’inflation était de -1% et elle devrait passer à 2,2% en 2020 et à 2,9% en 2021, selon les dernières prévisions du FMI concernant l’économie mondiale (avril 2020). Le ratio dette/PIB était de 44,7% et le service de la dette représentait 12,8% du PIB du pays. La signature d’un accord sur la dette avec l’Angola a contribué à la baisse des arriérés extérieurs du pays.
La Guinée équatoriale et la République du Congo sont les deux seuls créanciers bilatéraux envers lesquels le Tchad présente encore des arriérés. Néanmoins, le FMI a déclaré que bien que la situation budgétaire et le niveau d’endettement se soient améliorés, les conditions économiques restent difficiles. Le déficit global s’est creusé pour atteindre -0,1%, contre un niveau antérieur de +1,9%, en raison de dépenses salariales supérieures aux prévisions effectuées pour répondre aux problèmes de sécurité.
Le déploiement d’un plan de relance agricole devrait relancer l’économie du pays par l’intermédiaire de la consommation privée et des exportations. Cependant, l’insécurité dans la région du Sahel, en particulier en Libye, continue de menacer la mise en œuvre du plan de relance économique.
Le Tchad est toujours dominé par la pauvreté et de fortes inégalités sociales
S’il enregistre un niveau de scolarité élevé, le Tchad est toujours dominé par la pauvreté et de fortes inégalités sociales. Selon la Banque mondiale, le taux de chômage était estimé à environ 2,3% en 2019. Si l’incidence de la pauvreté s’était réduite ces dernières années, la crise que traverse actuellement le pays a augmenté le taux de pauvreté (à 39,8% en 2019, selon la Banque mondiale). En 2019, le Tchad se classait au 187ème rang mondial en termes de développement humain.
Commerce international
Le Tchad est relativement ouvert aux échanges internationaux, qui représentaient 73,9% du PIB en 2018 (Banque mondiale, dernières données disponibles). Le pays demeure néanmoins plutôt fermé aux importations, avec des droits de douane de 15,1% en moyenne. Le Tchad a adopté les tarifs extérieurs communs à la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), et la Communauté des Etats du Sahel et du Sahara (CEN-SAD). Le pays est aussi membre de l’OMC depuis 1996. Malgré le libre-échange entre les pays de la CEMAC, les échanges commerciaux au sein de la zone sont faibles en raison des barrières non-tarifaires.
La balance commerciale est fortement dépendante du pétrole, qui représentait en moyenne 78% des exportations totales entre 2016 et 2017, et 89% en 2018, selon la BAD. La chute du cours du pétrole brut a sévèrement touché la balance commerciale du pays. Selon l’OMC, les importations ont légèrement dépassé les exportations en 2018 (2,1 milliards USD contre 2 milliards USD, respectivement). En 2018, le Tchad a importé pour 2,1 milliards USD de marchandises alors qu’il en a exportées pour 2 milliards USD.
Les principales destinations des exportations du Tchad sont les États-Unis (57%), l’Inde (8,9%), la Chine (6,7%) et la France (6,4%)
Le pays exporte principalement du coton, du bétail et de l’acacia. Le pays importe des machines et des équipements de transport, des produits industriels, des denrées alimentaires et du textile. Les importations au Tchad proviennent principalement de la France (19,8%), de Chine (15,7%), du Cameroun (15,1%) et d’Inde (6,1%).
Investissement
Selon le Rapport sur l’investissement dans le monde 2020 de la CNUCED, dans le Tchad exportateur de pétrole, les entrées d’IDE ont augmenté à 567 millions USD en 2019, contre 461 millions USD en 2018. Les contributions positives provenaient de nouveaux projets pétroliers et de la vente d’une entreprise publique, CotonTchad. Le stock d’IDE était estimé à 6,5 milliards USD en 2019. La majorité des IDE est destinée à l’exploration pétrolière et au développement des infrastructures. Le secteur des services a récemment attiré des investissements étrangers, principalement par le biais des télécommunications et des secteurs bancaires. Les principaux investisseurs du pays sont le Nigéria, la France, le Royaume-Uni et la Corée du Sud.
Le pays est classé 182ème mondial en termes de facilité de faire des affaires d’après le rapport Doing Business 2020 de la Banque mondiale. Cela représente une légère baisse par rapport à l’édition 2019, dans laquelle le pays était classé 181ème. Le Tchad a néanmoins fait des progrès en réduisant le temps nécessaire au transfert de propriété et donc en accélérant leur enregistrement. La plupart des sommes investies dans le pays sont absorbées par les secteurs pétroliers et gaziers, malgré les efforts déployés dans le secteur des infrastructures.
L’insécurité, l’instabilité politique et la médiocrité des infrastructures, ainsi que le marché intérieur limité et la pénurie de main-d’œuvre qualifiée demeurent des obstacles majeurs à l’investissement
Bien que le Tchad soit ouvert aux investissements, le manque de diversification de l’économie, ainsi que la difficulté à créer de nouvelles entreprises et la complexité des procédures fiscales, constituent des contraintes majeures. On peut également citer le mauvais état des infrastructures, le marché intérieur étroit et la pénurie de main-d’œuvre qualifiée.
Néanmoins, le gouvernement a mis en place des réformes visant à améliorer le climat des affaires. Il prévoyait également de réduire de moitié les coûts d’enregistrement des propriétés. Bien que le pays soit ouvert aux investissements, il est difficile d’investir au Tchad en raison du climat des affaires relativement défavorable. La protection de la propriété privée est inadéquate, et la fraude est courante dans les transactions immobilières.
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