Auteurs : Institut national de la statistique, des études économiques et démographiques (INSEED), Ministère de la Santé publique (MSP), ICF International
Date de publication : 2016
Type de publication : Rapport
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Situation sanitaire récente
Le Tchad par rapport aux autres pays de la sous-région est confronté à une situation sanitaire caractérisée par une morbidité et une mortalité élevées dues aux épidémies (méningite, rougeole, choléra etc.) et aux autres maladies transmissibles et non transmissibles. Ce lourd fardeau, endeuille chaque année des familles tchadiennes et entraine de graves conséquences, particulièrement sur la santé des populations pauvres et vulnérables, notamment celle de la mère et de l’enfant.
Pour relever ces défis, le gouvernement a déployé d’énormes efforts en termes de constructions d’infrastructures sanitaires, d’équipements biomédicaux, de moyens logistiques, de formation, de mobilisation du personnel qualifié, de financement des services, de gratuité des soins d’urgences, de la mise en œuvre de nouveaux programmes de santé, etc.
Accouchement
Parmi les naissances ayant eu lieu au cours des cinq années ayant précédé l’enquête, près de huit sur dix (77 %) ont eu lieu à la maison. Ce résultat cache des disparités et on constate des écarts importants en fonction des caractéristiques sociodémographiques. En effet, en milieu rural, parmi les femmes sans instruction et parmi celles dont le ménage appartient au quintile le plus pauvre, au moins 85 % ont accouché à domicile.
Par contre, à N’Djaména, parmi les femmes ayant au moins un niveau secondaire ou supérieur et parmi celles dont le ménage est classé dans le quintile le plus élevé, plus de la moitié ont accouché dans un établissement sanitaire. On constate également que les proportions de femmes ayant accouché dans un établissement de santé diminuent au fur et à mesure que le rang de naissance augmente (de 30 % pour le rang 1 à 21 % pour le rang 6 ou plus).
Le nombre de visites prénatales effectuées par les femmes enceintes influence nettement le lieu d’accouchement. En effet, seulement 4 % des femmes qui n’ont effectué aucune visite prénatale ont accouché dans un établissement sanitaire
Au niveau de la région de résidence, les résultats font apparaître un écart entre N’Djaména et les autres régions, la proportion de femmes ayant accouché à la maison variant de 30 % à N’Djaména à 70 % et plus dans les autres régions. Dans la région du Lac, la quasi-totalité des femmes ont accouché à la maison (96 %).
Le nombre de visites prénatales effectuées par les femmes enceintes influence nettement le lieu d’accouchement. En effet, seulement 4 % des femmes qui n’ont effectué aucune visite prénatale ont accouché dans un établissement sanitaire. Par contre parmi les femmes qui ont effectué 1 à 3 visites, cette proportion est de 27 % et elle atteint un maximum de 42 % quand les femmes en ont effectué 4 visites ou plus.
On constate qu’environ six femmes sur dix sont restées moins de six heures dans l’établissement de santé après un accouchement normal. Quand l’accouchement a eu lieu par césarienne, la durée du séjour est nettement plus longue puisque pour 53 % des femmes ayant accouché par césarienne, la durée du séjour a été de trois jours ou plus.
24 % des naissances des cinq dernières années ont été assistées par un professionnel de la santé
On constate que 24 % des naissances des cinq dernières années ont été assistées par un professionnel de la santé : dans la majorité des cas, ce sont des infirmières/sages-femmes (18%) qui ont aidé à l’accouchement, les matrones et agents de l’hôpital/centre de santé et les médecins n’intervenant que pour une part négligeable (respectivement, 4 % et 2 %).
À l’opposé, on relève que dans sept cas sur dix, les accouchements ont été assistés par du personnel non qualifié comprenant, dans 10 % des cas, les accoucheuses traditionnelles formées, dans 48 % des cas les accoucheuses traditionnelles non formées et, dans 12 % des cas, les Agent de santé communautaire/villageoise/Autres. Les accouchements qui se sont déroulés sans assistance représentent 5 %. Une proportion très faible d’accouchements (1 %) ont eu lieu par césarienne.
Soins postnatals
Une proportion importante de décès maternels et de décès de nouveau-nés qui surviennent dans la période néonatale se produisent dans les 48 heures qui suivent l’accouchement. Il est donc fortement recommandé que les femmes effectuent une visite postnatale dans les deux jours qui suivent l’accouchement.
On constate que 78 % des femmes n’ont reçu aucun soin postnatal ou des soins tardifs, c’est-à-dire 41 jours après l’accouchement. Dans certaines catégories de femmes, cette proportion est nettement plus élevée. Il en est ainsi des femmes sans niveau d’instruction parmi lesquelles 84 % n’ont reçu aucun soin après l’accouchement et de celles du milieu rural (83 %). On relève également que dans certaines régions comme le Wadi Fira (95 %), le Lac (94 %) ou le Batha (93 %), la quasi-totalité des femmes n’ont eu aucun examen de leur état de santé après l’accouchement.
Accès aux soins de santé
Dans les pays où l’accès aux soins de santé n’est pas généralisé, de nombreux facteurs peuvent empêcher les femmes de recevoir des avis médicaux et des traitements quand elles en ont besoin.
Près de trois femmes sur dix (29 %) ont déclaré qu’au moins un des problèmes cités lors de l’interview pouvait constituer un obstacle important pour recevoir un traitement ou un avis médical. Cette proportion varie surtout en fonction du niveau d’instruction, de 18 % parmi les femmes ayant un niveau supérieur à 31 % parmi celles n’ayant aucun niveau d’instruction.
La disponibilité de l’argent pour le traitement (27 %) constitue l’obstacle aux soins de santé le plus fréquemment mentionné par les femmes
Parmi les problèmes cités, c’est la disponibilité de l’argent pour le traitement (27 %) qui constitue l’obstacle aux soins de santé le plus fréquemment mentionné par les femmes. Cette proportion varie de manière importante selon le niveau d’instruction, de 16 % parmi les femmes ayant un niveau supérieur à 28 % parmi celles n’ayant aucun niveau d’instruction. De plus, dans une proportion un peu plus faible, les femmes ont déclaré que la distance au service de santé (22 %) pouvait limiter leur accès aux soins de santé.
Cette proportion est plus élevée en milieu rural qu’en milieu urbain (24 % contre 17 %) et parmi les femmes sans aucun niveau d’instruction que parmi les plus instruites (28 % contre 16 %). Il faut aussi souligner que la distance au service de santé a été citée par 31 % des femmes du Wadi Fira contre 16 % à N’Djaména et 18 % dans la Tandjilé. Enfin, obtenir la permission d’aller se faire soigner et la peur de se rendre seule ont été cités par 16 % des femmes, cela pour chaque cas.
Prévalence et traitement des maladies des enfants
Les Infections Respiratoires Aiguës (IRA), et particulièrement la pneumonie, constituent l’une des premières causes de mortalité des enfants dans les pays en développement. D’après les statistiques officielles du ministère de la Santé Publique du Tchad, les IRA constituaient en 2014, une des premières causes de consultation et d’hospitalisation chez les enfants de moins de cinq ans.
les enfants de moins de cinq ans, 8 % ont souffert de toux accompagnée de respiration courte et rapide, indiquant la présence d’IRA. Hormis l’âge et la région de résidence, on ne constate pas de variations importantes de la prévalence des IRA. En effet, les résultats selon l’âge font apparaître globalement une tendance à la diminution de la prévalence des IRA avec l’âge de l’enfant, variant de 10 % parmi ceux de moins de 12 mois à 6 % parmi ceux de 36-59 mois.
De même, la prévalence des IRA varie par région : les prévalences les plus faibles sont observées dans le Batha (2 %), le Guéra (3 %) et le Chari Baguirmi, le Ouaddaï et le Wadi Fira (4 % dans chaque cas). Par contre, les régions de Hadjer Lamis (13 %), du Logone Oriental et du Mandoul (12 %) sont celles où les enfants sont les plus touchés par les IRA.
Traitement du paludisme
Le Tchad, comme, la plupart des autres pays de la sous-région, a décidé de remplacer, depuis 2005, la chimio prophylaxie à la chloroquine par les Combinaisons Thérapeutiques à base d’Artémisinine (CTA). Le traitement du paludisme qui a été adopté consiste à prescrire, dans les structures sanitaires, des CTA. L’association Artésunate + amodiaquine est le traitement du paludisme simple de première intention. L’association Athéméter + Luméfantrine est le traitement de deuxième choix. Pour ce qui est de la quinine, elle n’est réservée que pour les cas de paludisme grave, que ce soit chez l’enfant, chez l’adulte ou la femme enceinte.
Les directives actuelles de prise en charge du paludisme au Tchad consistent à mettre à l’échelle les Tests de Diagnostic Rapide (TDR) et à rendre systématique la confirmation des cas avant tout traitement. Tout cas de paludisme doit être confirmé par un TDR ou une goutte épaisse. Le diagnostic du paludisme est effectué en prenant quelques gouttes de sang du patient et en examinant la présence de parasites du paludisme ou de protéines spécifiques au paludisme.
Niveaux et tendances de la mortalité des enfants
Pour la période des cinq dernières années avant l’EDS-MICS 2014-2015 (période 2010-2014), le risque de mortalité infantile est évalué à 72 décès pour 1 000 naissances vivantes ; le risque de mortalité juvénile à 65 ‰. Quant aux composantes de la mortalité infantile, elles se situent à 34 ‰ pour la mortalité néonatale et à 38 ‰ pour la mortalité post-néonatale. Globalement, le risque de mortalité infanto-juvénile, c’est-à-dire le risque de décès avant l’âge de 5 ans, est de 133 ‰.
Sur la période 2000-2014, la mortalité infantile aurait baissé
Sur la période 2000-2014, la mortalité infantile aurait baissé, particulièrement entre les deux dernières périodes quinquennales avant l’enquête, passant de 91 ‰ dans la période 2005-2009 à 72 ‰ dans la période 2010-2014. La mortalité juvénile aurait également baissé (de 79 ‰ à 65 ‰) et la mortalité infanto-juvénile serait passée de 163 ‰ à 133 ‰, au cours des mêmes périodes.
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