Auteur : Ministère de la Santé publique
Date de publication : 2018
Type de publication : Rapport
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Santé de la femme
Les résultats de l’Enquête Démographique et de Santé & Multiple Indicators Cluster Survey (EDS-MICS) 2014 – 2015 montrent que le taux de mortalité maternelle est passé de 1. 099 pour 100.000 naissances vivantes (NV) en 2004 à 860 pour 100.000 NV en 2014, soit une baisse d’environ 20% sur une période de 11 ans. La cible fixée par le pays pour 2015 (OMD) était de 275 décès pour 100 000 naissances vivantes. Ce rythme de réduction qui est d’environ 2% l’an est trop lent. Sans efforts et investissements supplémentaires, plusieurs décennies seront nécessaires pour atteindre la ciblée fixée pour 2015.
Le taux de mortalité maternelle est passé de 1. 099 pour 100.000 naissances vivantes (NV) en 2004 à 860 pour 100.000 NV en 2014, soit une baisse d’environ 20% sur une période de 11 ans
Les facteurs à l’origine de cette forte mortalité sont entre autres : (i) l’âge de la femme (plus de grossesses précoces et/ou tardives : avant 18 ans et au-delà de 35 ans) ; (ii) le nombre élevé de grossesses (plus de 6 par femme) ; (iii) les grossesses rapprochées (moins de 2 ans entre 2 naissances) ; (iv) le faible pouvoir d’achat des ménages ; (v) l’éloignement du centre de santé ou le manque de routes pour atteindre les formations sanitaires ; (vi) l’ignorance des signes de danger de la grossesse par les femmes , les familles, les accoucheuses traditionnelles et les communautés; (vii) le statut de la femme ; (vii) la qualité insuffisante des services obstétricaux (la plupart des accouchements sont faits par le personnel non formé) ; (viii) le manque de sensibilisation en faveur de la santé de reproduction ; (ix) l’analphabétisme ; (x) les us et coutume, (xi) l’insuffisance ou manque de couverture en services de SONU, etc.
Santé de l’enfant
Entre 2004 et 2014, le taux de mortalité néonatale est passé de 48‰ à 34‰ pour une cible Objectif du millénaire pour le développement (OMD) fixée à 12‰. Le taux de mortalité infantile est passé de 102‰ à 72‰ soit une réduction moyenne annuelle de 3%. La mortalité des enfants de moins de 5 ans est passée de 163 à 133‰ sur la même période, soit 1.8% de réduction moyenne annuelle. La cible OMD était de 64‰. Toutefois, ces taux restent encore élevés.
Cette situation est due au fait que les soins essentiels au nouveau-né sont très peu développés dans les formations sanitaires surtout celles du niveau périphérique. Seuls 74% des CS sont dotés de moyens de transport pour une évacuation rapide vers un hôpital.
Les taux de mortalité chez les enfants sont légèrement plus élevés en milieu rural qu’en milieu urbain. Si on considère le taux de mortalité infanto-juvénile, les écarts sont importants entre les régions : Il est plus faible dans le Wadi Fira (67‰) et beaucoup plus élevé dans le Logone Oriental (230‰). Il est plus faible parmi les ménages de quintiles de biens économiques les plus élevés que parmi ceux des ménages des quintiles les plus faibles.
Les couvertures vaccinales sont encore très basses au Tchad
Enfin, un intervalle inter génésique d’au moins 36 mois entre les naissances réduit le risque de mortalité infanto-juvénile : les enfants qui naissent moins de deux ans après la naissance précédente présentent le taux de mortalité le plus élevé (192‰ contre 71‰ pour les enfants qui naissent plus de 4 ans après la naissance précédente). Au Tchad 30% des enfants sont nés moins de 2 ans après la naissance précédente.
Les couvertures vaccinales sont encore très basses au Tchad. La couverture vaccinale complète avant le premier anniversaire est passée de 11% en 2004 à 25% en 2014 tandis que les taux de couverture par vaccin sont variables (le BCG est de 60%, les taux de Penta 1 et Penta 3 sont respectivement de 58% et 33%, soit une déperdition de 25%).
Santé de l’adolescent
La population du Tchad est relativement jeune. Les moins de 25 ans représentent 68% du total de la population. Par rapport à la sexualité des jeunes, l’âge médian à la première union des femmes de 25 à 49 ans est de 16,1 ans contre 22,8 ans chez les hommes. Chez les adolescents, 36% des femmes de 15 à 19 ans ont commencé leur vie féconde et 30% ont déjà un enfant.
Les hautes autorités du pays ont pris l’Ordonnance N°006/PR/2015 portant Interdiction du Mariage d’Enfants avant 18 ans
Cette entrée précoce dans la vie féconde, facilitée par un niveau d’instruction faible (62% des femmes n’ont aucun niveau d’instruction), favorise la morbidité et la mortalité chez la femme. A cela s’ajoutent les facteurs socioculturels dont le mariage précoce des filles avant l’âge de 15 ans dans certaines régions du pays. En effet 52% des adolescentes sont mariées à 16 ans et 71% des filles ont déjà un enfant à 19 ans. Cette situation a amené les hautes autorités du pays à prendre l’Ordonnance N°006/PR/2015 portant Interdiction du Mariage d’Enfants avant 18 ans.
Principaux déterminants de la santé
L’état de santé de la population tchadienne est influencé par plusieurs déterminants dont les principaux sont décrits ci-dessous :
- Les conditions géo-climatiques
L’étendue du Tchad avec les grandes distances séparant les différentes localités influe négativement sur le développement d’un système de santé harmonieux. A cela s’ajoute le fait que certaines populations insulaires ou nomades sont difficiles d’accès. L’existence de trois zones climatiques fait que le profil des problèmes sanitaires varie du Nord au Sud avec une prédominance des pathologies vectorielles et des maladies hydriques dans le sud.
- Le Tchad est enclavé au niveau interne et externe
Le pays s’ouvre à l’extérieur à travers le transport routier vers le Cameroun, le Bénin et le Nigeria (le port le plus proche, Port Harcourt au Nigeria, étant situé à environ 1750 km de la capitale). Au niveau intérieur la plupart des grandes villes du Tchad sont reliées entre elles par des routes bitumées dont certaines sont assez dégradées. Cette situation influe sur le transport des intrants et surtout, la circulation des personnes pendant la saison des pluies où des formations sanitaires sont difficiles d’accès. Les dunes de sable constituent également une entrave majeure pour le déplacement des patients en toutes saisons dans les régions désertiques.
- Le taux d’analphabétisme est de 62% chez les femmes et 36% chez les hommes de 15 à 49 ans
Par rapport à la santé génésique, l’âge médian à la première union est de 23,4% pour les femmes de niveau supérieur contre 15, 9% chez les analphabètes. Par rapport aux utilisatrices des méthodes contraceptives modernes, les femmes qui ont une instruction supérieure utilisent 7 fois plus de ces méthodes (21%) par rapport à celles qui ne sont pas instruites (3%).
- La situation socioculturelle
Il existe dans le pays des pratiques socioculturelles qui influencent négativement la santé de la population. C’est le cas de l’excision des filles, du mariage précoce, du lévirat et du sororat, du maraboutage et de certains interdits alimentaires. La situation économique. En dépit de la mise en œuvre de différentes stratégies de développement, le Tchad reste l’un des pays les plus pauvres au monde. Les deux-tiers de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté. Cette situation économique difficile a un impact sur le pouvoir d’achat des populations et réduit l’accès au service de santé.
- L’hygiène, l’eau et l’assainissement
Selon les résultats de l’EDST-MICS (INSEED, 2014/2015), 56% de la population utilise une source d’eau améliorée. L’accès aux sources d’eau améliorées est d’environ 85% pour les ménages urbains contre seulement 48% pour les ménages en milieu rural. Le manque d’eau potable dans certaines régions du pays ainsi que des mauvaises pratiques de stockage de l’eau potable à la source, exposent les populations à des maladies hydriques (choléra, l’hépatite virale E, la fièvre typhoïde…). En 2014-2015, seulement 8% des membres de ménages utilisent des toilettes améliorées qui ne sont pas partagées (28% en milieu urbain et 3% en milieu rural).
- L’évacuation des ordures ménagères est un sérieux problème de santé publique
La situation actuelle se caractérise par l’insuffisance d’ouvrages pour l’élimination des ordures. Il en est de même pour l’évacuation des eaux usées et pluviales. Ces conditions précaires d’hygiène du milieu et d’assainissement constituent un facteur de risque important de morbidité et de mortalité pour la population.
- Les autres déterminants de la santé
En dehors des déterminants développés plus haut s’ajoutent les facteurs suivants : le mode de vie sédentaire surtout dans les villes, le stress, l’inactivité physique, l’alimentation non équilibrée (l’ignorance et la méconnaissance des bonnes pratiques alimentaires dont la consommation des fruits et de légumes, l’indisponibilité des aliments et la barrière financière limitant la variation et l’utilisation des aliments), le surpoids (25% des adultes), la consommation du tabac (Proportion des adultes qui fument : 20,2% ), de l’alcool (22.6%) et des autres drogue. Tous ces facteurs favorisent le développement des maladies non transmissibles comme l’hypertension artérielle (HTA),le diabète ou le cancer, qui sont en pleine expansion dans le pays.
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