Auteur : Ministère de la Santé publique
Date de publication : 2016
Type de publication : Rapport
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Organisation du système de santé
Le système de santé tchadien est de type pyramidal à 3 niveaux : un niveau central, un niveau intermédiaire et un niveau périphérique. Il repose sur le développement des districts sanitaires. Le niveau central comprend un Conseil National de Santé, les services centraux du Ministère de la Santé Publique, les programmes nationaux, les institutions nationales dont l’Hôpital Général de Référence Nationale (HGRN), l’Hôpital de la Mère et de l’Enfant (HME), l’Ecole Nationale des Agents Sanitaires et Sociaux (ENASS) et la Centrale Pharmaceutique d’Achats (CPA).
A ce niveau, notons l’existence de l’Hôpital de la Renaissance qui offre des soins d’un niveau tertiaire élevé en complément aux structures nationales du même niveau. L’hôpital de la Renaissance est géré actuellement par un Groupe privé dans le cadre d’une contractualisation entre le Gouvernement et ce Groupe.
Le niveau central a pour rôle la conception et l’orientation de la politique sanitaire du pays et la mobilisation des ressources. Il est chargé de coordonner les aides extérieures, de superviser, évaluer et contrôler la mise en œuvre des programmes nationaux.
Le niveau intermédiaire comprend les Conseils Régionaux de Santé, les 23 Délégations Sanitaires Régionales (DSR) calquées sur les Régions Administratives, les Etablissements Publics Hospitaliers des Régions (hôpital régional de référence), les Pharmacies Régionales d’Approvisionnement (PRA) et les Ecoles Régionales de formation. Le niveau intermédiaire est chargé de la coordination de la mise en œuvre de la politique de santé. Il apporte un appui technique au niveau périphérique.
Le niveau périphérique est composé de 127 Districts Sanitaires (DS) subdivisés en 1.290 Zones de Responsabilité (ZR). Chaque DS comprend des Etablissements de soins qui sont l’ hôpital de District situé au chef-lieu du département ou de la sous-préfecture et les Centres de santé. Le DS est chargé de la mise en œuvre des activités définies par la politique sanitaire.
Le centre de santé offre le Paquet Minimum d’Activités (PMA) qui comprend des activités préventives, curatives et promotionnelles, tandis que l’hôpital de district prend en charge le Paquet Complémentaire d’Activités (PCA) dont les complications maternelles et néonatales. Les activités de santé sont étendues au niveau communautaire sous forme de stratégies avancées et de stratégies mobiles, ainsi que des activités à base communautaire impliquant des agents de santé communautaire qui sont placés sous la supervision des Responsables des Centres de Santé (RCS).
Situation sanitaire
L’enquête SARA 2015 fournit des données actualisées sur la disponibilité de l’offre de soins et la capacité opérationnelle des services de santé dont quelques indicateurs sont résumés ci-après :
- la «densité d’établissements de soins» (nombre d’établissements pour 10 000 habitants) pour mesurer l’accès aux services de consultation externe : elle est de 0.96 établissements de santé pour 10 000 habitants, contre une norme OMS de 2 établissements pour 10 000 habitants ;
- la « densité de lits d’hospitalisation» (nombre de lits pour 10 000 habitants) pour apprécier l’accès aux services d’hospitalisation, est de 3 lits/10 000 habitants, contre une norme de l’OMS de 25 lits/10 000 habitants pour les pays à faibles revenus) ;
- l’indicateur de ‘’densité de personnels médicaux de base’’ est de 2,74 professionnels de santé de base pour 10 000 habitants, contre la norme OMS de 23 travailleurs de santé pour 10 000 habitants ;
- l’indice de « disponibilité de l’infrastructure sanitaire » est faible à 11,96% au niveau national ;
- l’indice de « disponibilité du personnel de santé» est faible au niveau national ( 13,80% ), tandis qu’il est très élevé à N’Djaména (82.96%) ;
- l’indice de « disponibilité des services », calculé en utilisant les 3 indices (indice de la disponibilité de l’infrastructure sanitaire, indice de disponibilité du personnel et l’indice d’utilisation des services) est faible (10,20% au niveau national).
Le taux d’utilisation des services de santé est faible. Il est de 24% en 2013 et se justifie par le fait que l’offre et la demande ne s’ajustent pas. Les résultats de l’EDS-MICS 2014 – 2015 montrent une légère amélioration des principaux indicateurs de santé dans certains groupes cibles. Le taux de mortalité maternelle est passé de 1. 099 pour 100.000 NV en 2004 à 860 pour 100.000NV en 2014 soit une baisse de 21,7%. Ce taux reste toujours parmi les plus élevés de la sous-région.
Malgré leur niveau d’amélioration constaté de 2004 à 2014, tous les indicateurs de la santé maternelle sont relativement bas. Les Couvertures en premières et quatrièmes consultations prénatales (CPN) sont passées respectivement de 53% et 23% en 2004 à 64% et 31% en 2014. Les accouchements assistés par le personnel qualifié sont passés de 20,7% en 2004 à 34 % en 2014.
Seulement 22% des accouchements ont eu lieu dans un établissement de soins en 2014. Les consultations post natales suivent la même logique, elles sont de 15,4% pour la même période. Le taux de prévalence contraceptive moderne est passé de 1,6 en 2004 à 5% en 2014. Les besoins non satisfaits en contraceptifs de 28,3% en 2004 sont passés à 23% en 2014.
Les mariages précoces 69,1% avant l’âge de 18 ans et les grossesses précoces associés à un Indice Synthétique de Fécondité (ISF) de 6,4 enfants par femme augmentent considérablement les risques de décès maternel.
44,2% de la population vit dans l’insécurité alimentaire et la malnutrition aigüe atteint le seuil critique de 15% dans la plupart des régions
L’enquête sur la disponibilité des Soins Obstétricaux Néonatals d’Urgence (SONU) en 2011 a relevé que le taux de césariennes est très faible (0,5 % au lieu de 5 à 15% du total des accouchements attendus recommadé par l’OMS). Le Taux de létalité obstétricale directe est de 10,7 %. Il est donc très élevé par rapport à moins 1% recommandé par l’OMS. Aucune des 23 Régions n’a atteint le nombre requis de formations sanitaires offrant des SONU.
Concernant la santé des enfants, le taux de mortalité infantile est passé de 102‰ en 2004 à 72‰ en 2014. Le taux de mortalité néonatale est passé de 48‰ en 2004 à 34‰ en 2014.
La couverture vaccinale complète avant le premier anniversaire est passé de 11% en 2004 à 25% en 2014. La couverture en BCG est de 60%. La déperdition est énorme en Penta qui passe de 58% à 33% entre Penta 1 et Penta 3. La couverture en VAT 2 + des femmes enceintes est passée de 42% en 2004 à 56% en 2014. L’utilisation de la vaccination systématique a permis d’interrompre la circulation du polio virus sauvage et la méningite à méningocoque.
L’allaitement maternel exclusif (0-6 mois) est de 0,3%. 40 % d’enfants de moins de 5 ans montrent un retard de croissance. Avec de tels indicateurs, la santé des enfants demeure une des préoccupations majeures du Gouvernement.
En ce qui concerne la malnutrition, d’une manière globale, 44,2% de la population vit dans l’insécurité alimentaire et la malnutrition aigüe atteint le seuil critique de 15% dans la plupart des régions : près de 40% des enfants souffrent de la malnutrition chronique sans que cette proportion donne des signes de diminution notable depuis les années 1990. Les régions les plus touchées par la malnutrition sont: le Lac, le Kanem, le Hadjer-Lamis, le Barh Elgazel, le Batha, le Guéra, le Wadi Fira ele Ouaddai.
Le paludisme demeure toujours un problème majeur de santé publique au Tchad
Le paludisme demeure toujours un problème majeur de santé publique au Tchad. En 2014, la morbidité hospitalière est de 35,4% et le taux de létalité de 3,9%. En matière de prévention, 77% de ménages disposent de moustiquaires imprégnées.
Pour la tuberculose, le nombre de cas a augmenté passant de 6.200 cas dépistés en 2007 à 12.305 en 2014. La tranche d’âge la plus touchée est celle de 24 à 45 ans. La co-infection TB/VIH représente 46,6% des cas de tuberculose. A titre de rappel, la prise en charge de la TB se fait au Tchad à travers la gratuité des médicaments anti-TB, la stratégie DOTS et la prévention par la vaccination des enfants au BCG et l’administration de l’INH aux enfants contacts de moins de cinq ans et aux PVVIH.
En matière de VIH, la projection de la prévalence est de 2,5 pour la population générale et de 2,9 pour les femmes enceintes. Le taux final de transmission du VIH de la mère à l’enfant après allaitement est de 32 %. La disponibilité continue des ARV financés par l’Etat et les partenaires notamment le Fonds Mondial, a permis de prendre en charge 59.622 personnes vivant avec le VIH en 2015 contre 5.000 en 2006. Malgré cet effort, seuls 37,3% des malades ont été mis sous ARV (Rapport annuel PSLS, 2015).
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