Auteur : Leon Usigbe
Site de publication : Afrique Renouveau
Type de publication : Article
Date de publication : 27 octobre 2021
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Le 30 juillet 2021, le gouvernement nigérian a soumis à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) ses premières contributions déterminées au niveau national (CDN), qui sont au cœur de l’accord de Paris et qui définissent les mesures à prendre par les pays après 2020 pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et s’adapter aux effets du changement climatique.
Cette ratification renforce l’engagement pris en 2016 par le président Muhammadu Buhari de réduire les émissions de 45 % d’ici à 2030. Elle a également signalé l’engagement du gouvernement à prendre des mesures qui atténuent ou inversent les effets de la crise climatique.
Les effets du changement climatique sont frappants au Nigeria, notamment les fréquentes inondations massives.
En 2012, par exemple, des rivières sont sorties de leur lit et ont submergé de vastes terres dans 30 des 36 États du pays, tuant plus de 400 personnes et en déplaçant 1,3 million d’autres. Cette catastrophe a entraîné des dégâts estimés à 17 milliards de dollars, selon l’Agence nationale de gestion des urgences du Nigeria (NEMA).
En 2019, 277 555 personnes ont été touchées par les inondations et 158 ont été tuées. En 2020, le nombre de personnes touchées par les inondations est passé à 2 353 647, entraînant la mort de 69 personnes, selon Muhammadu Muhammed, l’ancien chef de la NEMA, lors du dévoilement des perspectives annuelles d’inondation pour 2021 par l’Agence des services hydrologiques du Nigeria (NHSA).
Des rapports décrivant de sombres perspectives
Le rapport national prévoit que 27 des 36 États du Nigeria sont exposés à un risque important d’inondation en 2021.
Les États côtiers de Bayelsa et de Delta, ainsi que la ville très peuplée de Lagos (23 millions d’habitants), devraient être particulièrement exposés aux inondations en raison de l’élévation du niveau de la mer et du raz-de-marée.
En juillet 2021, la NEMA a averti les habitants de Lagos de prendre des précautions de sécurité car les inondations avaient submergé de nombreuses parties de l’État, entraînant le déplacement d’environ 4 000 résidents.
Les perspectives d’inondation de la NHSA sont en phase avec le rapport récemment publié par le sixième groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) intitulé « Climate Change 2021 : The Physical Science Basis ».
Le rapport national prévoit que 27 des 36 États du Nigeria sont exposés à un risque important d’inondation en 2021
Le rapport du GIEC observe une augmentation des inondations fluviales dans les pays d’Afrique de l’Ouest et prévoit « une augmentation de la vitesse moyenne des vents, une augmentation des fortes précipitations et des inondations pluviales ».
Les victimes des inondations au Nigeria sont décontenancées par l’intensité et l’acharnement des catastrophes météorologiques.
« L’inondation était si haute qu’elle a presque avalé ma voiture. C’était effrayant. Je n’avais jamais vu une telle quantité d’inondations de ma vie », raconte Bitrus Maina, 42 ans, un habitant de Jalingo, la capitale de l’État de Taraba. Deux personnes sont mortes et 300 maisons ont été endommagées à Jalingo le 5 août de cette année.
Le jour même de l’inondation de Jalingo, dans l’État voisin de Bauchi, huit personnes sont mortes, 57 maisons, plusieurs terres agricoles et du bétail ont été détruits à la suite d’inondations violentes.
« Récemment, dans l’État de Katsina, nous avons assisté à 100 millimètres de pluie en une seule journée. Cela ne s’était jamais produit depuis plus de 100 ans. Cela montre que ces événements extrêmes sont dus au changement climatique », déclare le professeur Mansur Bako Matazu, directeur de l’agence météorologique nigériane (NiMet).
Mesures d’atténuation
Toutefois, le président Buhari assure que le Nigeria et d’autres pays sont déterminés à prendre des mesures pour atténuer les effets négatifs du changement climatique, notamment les inondations. « Je surveille constamment la situation et nous veillerons à ce que toute l’aide possible soit apportée aux victimes », a-t-il promis en août, alors qu’il compatissait avec les victimes des inondations dans le pays.
Pour prévenir la désertification, le gouvernement crée un « mur d’arbres » à travers 11 États dans le cadre de l’initiative Grande Muraille verte du Sahara et du Sahel
Malgré les événements météorologiques anormaux actuels, le gouvernement se targue d’avoir dépassé l’objectif qu’il s’était fixé en 2016, à savoir une réduction de 20 % des émissions d’ici 2020.
Le gouvernement continue de sensibiliser les organismes publics et les citoyens à la nécessité d’une gestion efficace des déchets, de la plantation d’arbres, de la récupération des terres, de l’aménagement paysager et des efforts d’embellissement, ainsi que de la lutte contre la pollution des terres, de l’eau, du bruit et de l’air et du reboisement
Pour prévenir la désertification, le gouvernement crée un « mur d’arbres » à travers 11 États dans le cadre de l’initiative « Grande Muraille verte du Sahara et du Sahel ». Ce mur, d’une longueur de 1 500 kilomètres et d’une largeur de 15 kilomètres, couvrira de nombreuses communautés dans les États dits « de la ligne de front de la désertification » – Adamawa, Bauchi, Gombe, Kebbi, Sokoto, Zamfara, Katsina, Kano, Jigawa, Yobe et Borno. Au total, 225 000 hectares de terres devraient être réhabilités dans le cadre de ce projet.
Pour stimuler la productivité agricole, le pays promeut activement les sources d’énergie alternatives, la technologie de l’agriculture en zone aride et les sources d’eau alternatives pour l’utilisation humaine, végétale et animale grâce à des forages alimentés par l’énergie solaire.