Auteur : Babatunde A. Ahonsi
Site de publication : unsdg.un
Type de publication : Article
Date de publication : 3 novembre 2022
La Sierra Leone fait partie des 10 % de pays les plus vulnérables face aux effets délétères du changement climatique, et elle est actuellement aussi l’un des pays les moins à même de faire face à ces effets. Les phénomènes météorologiques imprévisibles, les violentes inondations, les coulées de boue et les mauvaises récoltes sont autant d’effets qui découlent du changement climatique en Sierra Leone, et ces effets y sont de plus en plus fréquents. Dans le même temps, en Sierra Leone, les arbres continuent d’être abattus à un rythme plus rapide que celui auquel ils sont replantés. Or, les climatologues nous disent que si le monde ne parvient pas à réduire drastiquement le niveau du réchauffement de la planète dans les huit prochaines années, les catastrophes naturelles que nous avons connues récemment partout sur le globe terrestre ne seront qu’un jeu d’enfant comparées à celles qui nous attendent.
Comme beaucoup de pays en développement, la Sierra Leone est aujourd’hui confrontée à une crise multidimensionnelle caractérisée par une insécurité alimentaire, une situation de quasi- surendettement, une crise de la vie chère qui ne cesse de s’aggraver et un problème de déficit énergétique. Du fait de cette crise, la communauté internationale pourrait ne plus se préoccuper autant que nécessaire au danger présent et réel que représente la crise climatique pour l’humanité. Or, nous ne pouvons pas relever les défis auxquels nous faisons face actuellement si les ressources consacrées au financement du développement restent au niveau où elles sont actuellement et si nous continuons à procéder comme nous l’avons fait jusqu’ici. Il est donc temps pour le pays d’exploiter au maximum les opportunités qui lui sont offertes de bénéficier de solutions innovantes en matière de financement de l’action climatique et du développement durable.
Il faut que la philosophie qui sous-tend les politiques publiques change et que des approches intégrées soient adoptées qui traitent simultanément au moins deux des problématiques suivantes : le renforcement des moyens de subsistance, la création d’emplois, le développement du capital humain, l’amélioration de la santé publique, la protection de l’environnement, la promotion de l’égalité des sexes, le renforcement de la sécurité alimentaire et l’extension de l’accès à l’énergie. Prenons un exemple simple : les interventions en matière de production d’énergie solaire. Leur promotion est indissociable de la mise en œuvre de politiques visant à améliorer les opérations de transformation des produits agricoles, les sources d’eau potable, la qualité des soins de santé et l’accès à Internet dans les établissements scolaires secondaires des districts ciblés. D’autres exemples ambitieux d’innovation et de solutions intégrées de développement durable respectueuses de la nature seront justement mis à l’honneur, discutés et promus lors de cette COP27.
Comme beaucoup de pays en développement, la Sierra Leone est aujourd’hui confrontée à une crise multidimensionnelle caractérisée par une insécurité alimentaire, une situation de quasi- surendettement, une crise de la vie chère qui ne cesse de s’aggraver et un problème de déficit énergétique
En tant que premier représentant de l’ONU en Sierra Leone, j’ai eu pour mission notamment de réunir des parties prenantes très diverses, notamment des représentant·e·s des autorités nationales, des organisations internationales et des acteurs de la société civile, afin de faire avancer les discussions sur l’action climatique et de définir des objectifs communs pour le pays en vue de la tenue de la COP27.
Au début du mois dernier, j’ai organisé un Dialogue sur l’action climatique avec des représentant·e·s du Gouvernement de la Sierra Leone, du Haut-Commissariat britannique et de l’Union européenne en vue de renforcer la participation de la délégation sierraléonaise de haut niveau à la COP27 et d’améliorer la coordination entre les différent·e·s intervenant·e·s. Ce Dialogue est le fruit de discussions que j’ai eues avec le Gouvernement britannique, lequel a assuré la présidence de la précédente Conférence des Nations Unies sur le climat, la COP26, à Glasgow, l’année dernière. Dans le sillage de la COP26, j’ai poursuivi ces discussions avec le Gouvernement britannique et l’Union européenne cette année en vue de l’élaboration d’un programme prévoyant l’intervention de différent·e·s orateur·trice·s dans le cadre du Dialogue sur l’action climatique. Ce Dialogue a en définitive permis de dégager des priorités pour le secteur privé, les ONG, les partenaires du développement et le gouvernement et de définir des actions potentielles à mettre en œuvre pour les réaliser.
En réunissant les principales parties prenantes concernées en Sierra Leone pour discuter de ce sujet, ce Dialogue a permis d’axer les efforts sur les moyens concrets dont dispose la Sierra Leone pour tirer parti de ses impressionnants atouts naturels (notamment de ses forêts, de ses actifs agricoles, de ses ressources en eau, de sa biodiversité et de sa capacité de production d’énergie solaire) afin que le pays se donne les moyens d’accéder à des fonds pour financer son action climatique et promeuve des solutions fondées sur la nature pour soutenir son relèvement économique et son plan de développement à long terme. Autre point important : ce Dialogue a permis aux différentes parties prenantes de débattre de la manière dont la Sierra Leone pourrait bénéficier davantage des fonds mondiaux consacrés au financement de l’action climatique. En amont de ce Dialogue, les membres de l’équipe de mon bureau avaient préparé une note d’information sur les partenariats pour l’action climatique qui a été distribuée à tou·te·s les participant·e·s.
Il est ressorti clairement de ces discussions franches et constructives que les riches ressources naturelles de la Sierra Leone pourraient être mieux utilisées pour lui permettre de tirer parti des financements et des technologies dont le pays a besoin pour s’assurer une croissance économique inclusive, écologique et durable, au lieu d’exporter d’importantes ressources telles que des produits primaires à bas prix. Des discussions sont en cours entre les trois partenaires de développement hôtes – les Nations Unies, le Royaume-Uni et l’Union européenne – en vue de planifier des manifestations de suivi qui permettront d’examiner plus en profondeur les mesures spécifiques que pourraient prendre la Sierra Leone pour honorer ses engagements climatiques.
En réunissant les principales parties prenantes concernées en Sierra Leone pour discuter de ce sujet, ce Dialogue a permis d’axer les efforts sur les moyens concrets dont dispose la Sierra Leone pour tirer parti de ses impressionnants atouts naturels
Nous espérons que la participation de la Sierra Leone à la COP27 permettra d’accélérer la mise en œuvre des prochaines actions capitales décidées dans le cadre de ce Dialogue s’agissant des modèles de financement de l’action climatique, et que cette participation entraînera la mise à l’échelle rapide des projets climatiques rationnels en cours de mise ne œuvre dans le pays dans les domaines de la conservation des forêts, de la production et de la distribution d’énergie solaire et hydroélectrique, de la pêche, de la gestion des zones côtières, de l’agriculture et de l’agroalimentaire. La participation de la Sierra Leone à la COP27 devrait en outre permettre de consolider la volonté du pays d’honorer sa promesse de mettre fin aux activités de déforestation d’ici à 2030.
Comme dans le reste du monde, le changement climatique affecte tous les secteurs de l’économie et de la société en Sierra Leone. La COP27 servira donc aussi à nous rappeler à toutes et à tous que mener une action climatique urgente ne relève pas de la seule responsabilité du gouvernement. Nous encourageons donc les délégué·e·s qui seront présent·e·s à la conférence, non seulement les représentant·e·s du gouvernement, mais aussi des organisations de la société civile, du secteur privé, des médias, des agences de développement international et des établissements d’enseignement supérieur, à rentrer au pays avec une volonté et une ambition renouvelées pour mener, de concert, des actions climatiques de toute urgence et travailler pleinement sur la question des modalités de financement de ces actions. Ce n’est que par cette voie que le pays pourra véritablement faire face à la crise climatique d’une manière qui lui permettra de préserver ses ressources environnementales, de renforcer sa capacité de résilience face aux chocs climatiques et de promouvoir un développement durable qui ne laisse personne sur le bord du chemin.