Auteur : Abdel Aziz Nabaloum / Scidev.net
Type de document : article
Date de publication : 10 septembre 2020
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Le projet du premier satellite « made in Burkina » dénommé : Burkina Sat-1, se concrétise davantage avec la réception le 27 août 2020 de la station au sol de ce dispositif.
Implantée au sein de l’université Norbert Zongo à Koudougou, à une centaine de kilomètres de la capitale Ouagadougou, la station au sol est composée d’une antenne UHF/VHF fixée à un mât de cinq mètres de hauteur, d’un module radio transmetteur et receveur UHF/VHF, d’un dispositif de contrôle du satellite, d’un ordinateur, d’un écran d’affichage, etc.
L’astrophysicien Fréderic Ouattara, concepteur du projet, explique que les antennes permettront de communiquer avec les satellites passant au-dessus de la station. Précisant que l’antenne VHF sera utilisée pour la réception tandis que l’UHF va servir à la transmission des données de Burkina-Sat-1.
La réception de la station au sol marque la fin de la première phase du projet de construction de Burkina Sat-1. La 2e phase quant à elle va porter sur la construction du cube satellite.
Selon les explications de Frédéric Ouattara, il s’agira d’assembler les différents éléments nécessaires pour obtenir un satellite fonctionnel à même d’orbiter autour de la terre et de communiquer avec une station au sol pour transmettre et recevoir des données.
« Le projet se porte bien et avance normalement au regard de nos prévisions. Nous sommes en train d’acquérir les différents éléments constitutifs du satellite. Le contrôle de l’espace va nous permettre de résoudre les problèmes fondamentaux des Burkinabè. La priorité des Burkinabè est d’avoir de l’eau potable, de se soigner et de se nourrir. Le satellite répondra à ces besoins fondamentaux », assure le chercheur qui a été élu meilleur physicien de l’espace en 2018 par l’Union américaine de géophysique.
Station au sol Burkina Faso
L’antenne UHF sera utilisée pour la transmission de données de Burkina Sat-1. En effet, SciDev.Net a appris auprès de l’équipe de conception que « Burkina Sat-1 » aura pour mission la prévision de la pluviométrie, le renforcement de la capacité de résilience aux changements climatiques et la détection des ressources en eau disponibles. Il permettra aussi aux agro-pasteurs qui sont en transhumance de localiser la biomasse et les points d’eau. Ce satellite d’observation scientifique, à usage civil, permettra aussi, à terme, de mesurer le couvert végétal, de détecter les ressources souterraines en eau, d’aider à lutter contre l’avancée du désert, à prévenir des maladies comme la méningite et autres affections respiratoires…
D’ores et déjà, confie le doctorant en géophysique, Sibri Alphonse Sandwidi, qui est membre de l’équipe de conception, la station au sol a enregistré des images de satellites américains qui ont permis de suivre en temps réel l’évolution, la probabilité et l’intensité des précipitations et de la température ces derniers temps.
Intérêt stratégique
Pour Alkassoum Maïga, le ministre de la Recherche scientifique, la conquête de l’espace est d’un intérêt certain pour le pays. « S’il y a un seul projet qu’il faut faire avancer, c’est bien celui-là. Il est d’intérêt stratégique, ne serait-ce que pour notre sécurité alimentaire, pour prévenir les catastrophes et certaines maladies », a-t-il affirmé à l’occasion de la cérémonie de réception de la station au sol.
Quant à Roch Kaboré, le chef de l’État burkinabè, il a indiqué dans un tweet le 3 septembre à l’issue de son audience avec l’astrophysicien que « le projet Burkina Sat1 qui est amené à se développer davantage dans les années à venir, traduit l’esprit d’audace de notre communauté scientifique et universitaire. Le gouvernement veillera à leur apporter le soutien nécessaire ».
à l’Association pour le développement du monde rural (ADMR), on est conscient que l’imagerie satellitaire civile est un véritable outil opérationnel d’aide à la décision. Jean-Victor Ouédraogo, son secrétaire exécutif l’illustre en rappelant que les images sont utilisées pour un grand nombre d’applications agricoles.
Il évoque notamment le suivi de l’évolution des terres cultivées, le contrôle des déclarations des agriculteurs pour la politique de subventions agricoles, les systèmes d’alerte précoce pour la sécurité alimentaire, les assurances agricoles, la réalisation de cadastres ruraux ou encore des services en agriculture de précision.
Création du savoir
Cette initiative est aussi bien accueillie par le chercheur Sylvère Salga, concepteur du Tensis System, un système qui se propose de provoquer une deuxième saison pluvieuse au Burkina Faso. Ce dernier se félicite de ce projet et rappelle que « la science n’est pas seulement pour les pays développés. Il faut qu’on quitte l’école de la consommation du savoir à celle de la création du savoir ».
Il se dit dès lors convaincu qu’avec cette conquête spatiale, le développement à courte vue du Burkina Faso va céder la place à un développement multidimensionnel.
« Peu de pays africains ont une agence spatiale. Cette absence a un impact sur l’agriculture et l’élevage », renchérit Jean-Victor Ouédraogo.
En effet, avec ce programme, le Burkina se place en tête des pays d’Afrique francophone à se lancer dans l’aventure spatiale.
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