Auteur : Perspective Monde
Site de publication : Perspective Monde
Type de publication : Article
Date de publication : 24 février 2022
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Avec l’avènement des avancées médicales, les populations mondiales vivent plus longtemps, et en meilleure santé. Dans les pays développés, la santé d’un nouveau-né incite peu de crainte pour les parents. Dans un pays comme le Canada, le taux de mortalité infantile n’est que de 5 décès sur 1000 enfants. Cependant, la situation est autre pour les pays où le système de santé est moins développé. C’est le cas de la Sierra Leone, un pays qui se remet encore d’une dure guerre civile, avec une perspective économique peu enviable.
Aspect régional ou cas unique ?
Il n’y a pas très longtemps, le taux de mortalité infantile était très élevé au Sierra Leone. En 1990, environ 260 enfants sur 1000 ne vivaient pas jusqu’à l’âge de 5 ans. En 2017, il s’agissait du troisième plus haut taux sur la planète. Depuis, celui-ci est en baisse, atteignant 108 sur 1000 pour l’année 2020. Il demeure toutefois élevé. Plusieurs causes peuvent être avancées pour expliquer ce taux élevé.
Selon l’UNICEF, plusieurs facteurs socioculturels causent la mortalité infantile au Sierra Leone. Le système de santé sous-développé ne permet pas d’offrir une vaccination adéquate ainsi que des compléments de vitamines qui augmentent grandement la chance de survie des enfants. De plus, l’insécurité alimentaire ne permet pas un développement sain pour les nouveau-nés. Cette insécurité touchait 1,76 million de Sierra-Léonais en 2021, sur une population de 6,8 millions. Des facteurs culturels tels que les mutilations génitales féminines ainsi que l’absence d’allaitement maternel sont aussi en cause.
Cependant, il ne s’agit pas d’un cas unique dans cette région. Toujours pour 2020, les taux de mortalité infantile pour deux pays limitrophes étaient élevés. Pour la Côte d’Ivoire, il était à 78 sur 1000, alors que celui de la Guinée était d’environ 96 sur 1000. Bien que ces taux soient moins hauts que celui de la Sierra Leone, la région affiche des taux élevés comparés à la moyenne mondiale d’environ 28 décès sur 1000 enfants en 2020.
Au Sierra Léone, le taux de mortalité infantile atteint 108 sur 1000 en 2020
Situation parallèle : les inégalités que les Sierra-Léonaises subissent
Pour assurer un bon développement à un enfant, le rôle de la mère est très important. Cependant, il existe plusieurs inégalités flagrantes pour les femmes au Sierra Leone. En 2019, le taux de femmes ayant subi une mutilation génitale était de 83 %. Pour ce qui est de la présence politique, seulement 20 % des postes élus sont occupés par des femmes, alors que la proportion de femmes au pays est de 52 %. La violence conjugale est un autre problème important dans le pays : 19,8 % des femmes âgées de 15 à 49 ans en ont subie en 2018. Seulement 36 % des femmes de cette tranche d’âge peuvent prendre leurs propres décisions en lien avec les relations sexuelles et l’utilisation des moyens de contraception.
Bien que l’inégalité homme-femme soit présente au Sierra Leone, le gouvernement tente de remédier à la situation. Sur certains indicateurs, les femmes sont plus avantagées que les hommes. Par exemple, environ 43 % des femmes peuvent lire et écrire, alors que seulement 35 % des hommes en sont capables. Cependant, ces indicateurs ne changent rien aux inégalités de sexe au Sierra Leone. Sur le classement mondial des inégalités sur le marché du travail pour les femmes, ce pays se classe à la 118e position.
Bien que la mortalité infantile et l’inégalité des sexes perdurent au Sierra Leone, une lueur d’espoir est observable. Depuis quelques années, le gouvernement prend plusieurs mesures pour tenter d’améliorer le sort des enfants et des femmes. Dorénavant, les nouvelles mères ont 84 jours de congés de maternité, mesure qui était inexistante auparavant. En 2010, le président de l’époque, Ernest Bai Koroma, annonçait un projet de soins de santé universels pour les enfants de moins de 5 ans ainsi que les femmes enceintes ou venant d’accoucher. D’autres plans d’action ont été annoncés depuis, pouvant indiquer un éveil des décideurs politiques face à ces problèmes.