Site de publication : ECW
Type de publication : Note de plaidoirie
Date de publication : 2023
Le nombre d’écoles fermées en Afrique de l’Ouest et du Centre en raison d’attaques de groupes armés non étatiques (GANE), d’occupation par des forces armées, d’un climat général d’insécurité, de menaces directes sur la vie des élèves et du personnel scolaire, et de la peur pure et simple à laquelle sont confrontés les enfants, les familles, les enseignants et les communautés, a augmenté sur la période de l’année dernière, pour atteindre plus de 13 250, avec un impact estimé à 2. 5 millions d’enfants sur le plan de l’apprentissage, du bien-être et de la protection. Bien que cela représente une modeste augmentation annuelle de 7 %, cette moyenne cache des évolutions très contrastées.
Le cas du Burkina Faso est le plus remarquable. Le nombre d’écoles fermées pour cause d’insécurité a augmenté de près de 33 % pour atteindre le nombre de 6 150 ; aujourd’hui, une école sur quatre est fermée dans le pays. La RDC a également connu une forte augmentation, dans la même proportion mais à une moindre échelle, pour atteindre le nombre de 410, suite à la détérioration du conflit dans les régions orientales du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri. Au Tchad, le nombre d’écoles fermées a été multiplié par plus de dix, pour en atteindre 134. Heureusement, ces tendances sont contrastées par celles du Nigeria et de la République centrafricaine, où plus de 70 % et 90 % des écoles fermées en septembre 2022 ont depuis lors rouvert leurs portes aux élèves.
Recommandations
Adopter des approches holistiques, intégrées et multisectorielles pour la mise en œuvre des protocoles et des cadres pour des écoles sûres:
- Les gouvernements devraient veiller à ce que des organes de décision et des mécanismes de coordination inclusifs et transparents soient mis en place et fonctionnent pour rendre opérationnelle et mettre en œuvre la Déclaration pour des écoles sûres (SSD).
- Les gouvernements et la communauté internationale devraient veiller à renforcer la coopération et la coordination entre les acteurs de la protection et de l’éducation pour le développement de stratégies opérationnelles pour la prévention et l’atténuation de l’impact des attaques sur l’éducation.
- Les gouvernements devraient adopter une vision holistique pour renforcer la résilience des écoles face aux conflits, aux catastrophes et au changement climatique, en cherchant à optimiser la convergence et les synergies institutionnelles, techniques et de mise en œuvre de la SSD avec d’autres cadres pertinents, tels que le Cadre global de sécurité des écoles (CSSF), L’initiative Apprendre en toute sécurité, et les Normes minimales du Réseau inter-agence pour l’éducation dans les situations d’urgence (INEE), le cas échéant.
Négocier immédiatement la non-occupation des écoles par les parties au conflit et la réouverture des écoles fermées :
- Les gouvernements devraient prendre des mesures concrètes – par exemple, par le biais de la législation, d’ordres permanents et de la formation – pour mettre fin à l’utilisation militaire des écoles et, au minimum, mettre en œuvre les lignes directrices pour la protection des écoles et des universités contre l’utilisation militaire pendant les conflits armés.
- La communauté internationale devrait veiller à ce que les mécanismes de coordination militaire civile documentent l’utilisation militaire des écoles et identifient rapidement des mesures concrètes pour y mettre fin.
- Les gouvernements et la communauté internationale devraient utiliser la SSD pour inciter les dirigeants des groupes armés non étatiques à respecter le droit humanitaire international en émettant des ordres de commandement, en adoptant des politiques internes, en créant un code de conduite ou en signant et en mettant en œuvre la Déclaration d’engagement de l’Appel de Genève pour la protection des enfants contre les effets des conflits armés. Ces initiatives devraient comprendre, au minimum, des engagements pour mettre fin au recrutement et à l’utilisation d’enfants de moins de 18 ans, et à prévenir les violences sexuelles et sexistes commises par les combattants (notamment en mettant fin à tous les mariages forcés et mariages précoces.)
Le cas du Burkina Faso est le plus remarquable. Le nombre d’écoles fermées pour cause d’insécurité a augmenté de près de 33 % pour atteindre le nombre de 6 150 ; aujourd’hui, une école sur quatre est fermée dans le pays. La RDC a également connu une forte augmentation, dans la même proportion mais à une moindre échelle, pour atteindre le nombre de 410, suite à la détérioration du conflit dans les régions orientales du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri. Au Tchad, le nombre d’écoles fermées a été multiplié par plus de dix, pour en atteindre 134. Heureusement, ces tendances sont contrastées par celles du Nigeria et de la République centrafricaine, où plus de 70 % et 90 % des écoles fermées en septembre 2022 ont depuis lors rouvert leurs portes aux élèves
Élaborer et mettre en œuvre des plans d’intervention fondés sur des données quantitatives et qualitatives, en accordant la priorité aux personnes les plus exposées :
- Les gouvernements, les organisations internationales humanitaires et de développement et la société civile devraient mettre en œuvre la boîte à outils pour la collecte et l’analyse de données sur les attaques contre l’éducation de la Coalition mondiale pour la protection de l’éducation contre les attaques afin d’identifier les lacunes en matière de suivi et de communication des informations.
- Sur la base des lacunes identifiées, les gouvernements devraient mettre en place des mécanismes pour renforcer le suivi et le signalement des attaques contre l’éducation (y compris les incidents de violence sexuelle et les menaces spécifiques à l’encontre des étudiantes et des enseignantes) avec:
- Des données ventilées par type d’attaque contre l’éducation, sexe, âge, lieu, personne ou groupe responsable ; nombre de jours de fermeture de l’école (à la suite d’une attaque directe ou de menaces contre les enseignants et les élèves) ;
- Type d’école pour améliorer les efforts de prévention et de réponse aux attaques contre l’éducation.
Renforcer les solutions d’apprentissage alternatives, innovantes, accélérées et flexibles pour la continuité de l’éducation.
- Les gouvernements et les partenaires doivent mettre en place ou développer des initiatives qui favorisent la poursuite de l’apprentissage pour les enfants qui ont dû abandonner l’école ou pour ceux qui ont subi de longues interruptions de leur apprentissage, d’une part, et pour les autres enfants, d’autre part. Pour ce faire, les ministères doivent faire preuve de souplesse dans leurs approches et les partenaires doivent être innovants et expérimenter diverses options d’éducation alternative, y compris l’apprentissage à distance.
Développer et améliorer le soutien psychosocial aux enfants, à leurs enseignants et aux personnes qui s’occupent d’eux :
- Les gouvernements et les partenaires devraient apporter un soutien accru à l’apprentissage psychosocial et socio émotionnel, en groupe et individuellement, aux enfants stressés et traumatisés et à leurs enseignants, en reconnaissant que les premiers ne peuvent pas apprendre et que les seconds ne peuvent pas enseigner.
Augmenter les financements prévisibles, flexibles et à long terme pour l’éducation dans les situations d’urgence :
- Les ministères de l’éducation devraient plaider auprès des ministères des finances et du budget pour une augmentation des allocations budgétaires permettant des décaissements flexibles.
- Les bailleurs de fonds devraient promouvoir les synergies et les complémentarités en matière de financement afin d’en assurer une utilisation optimale, et financer des mesures spécifiques pour prévenir, atténuer et répondre aux attaques contre l’éducation dans le cadre du lien entre le développement et l’aide humanitaire.