Auteurs : Julie Mwabe, Hiba Elamin Omer
Organisations affiliées : Banque mondiale
Type de publication : Rapport
Date de publication : 2022
Améliorer le cycle de vie de l’apprentissage
La région de l’AOC comprend 22 pays dont la population totale est d’un demi-milliard de personnes et devrait atteindre 1 milliard d’ici 2050. L’accès à l’éducation de base s’est développé rapidement mais reste inferieur à ce que l’on observe dans les autres régions du monde. En 2020, le taux net de scolarisation (TNS) moyen au primaire en AOC était de près de 90 pour cent, contre moins de 50 pour cent dans les années 1990. Les disparités intergénérationnelles en matière d’éducation sont importantes. Fait plus inquiétant que la faiblesse de la couverture, le niveau d’apprentissage à travers toute la région est bas. On estime que 80 pour cent des enfants de 10 ans en AOC souffrent de pauvreté des apprentissages, c’est-à-dire qu’ils sont incapables de lire et de comprendre un texte simple.
La pandémie de COVID-19 a exacerbé de nombreux défis chroniques en matière d’éducation dans la région et a compromis les progrès durement gagnés. Au plus fort de la crise, 101 millions d’apprenants ne pouvaient pas assister aux cours en présentiel dans la région, et la plupart ne pouvaient pas apprendre en ligne parce qu’ils n’avaient pas accès à Internet.
La région est confrontée à des lacunes chroniques en matière d’accès à l’emploi et de participation au marché du travail, en particulier chez les jeunes femmes, et le chômage des jeunes est élevé, même parmi les personnes instruites et formées.
La plupart des jeunes en AOC acquièrent des compétences grâce à des formations informelles d’apprentis qui les préparent uniquement au travail informel. A cause de la pauvreté généralisée dans la région de l’AOC et des prévisions de ralentissement économiques, il est difficile de mobiliser les dépenses des ménages pour l’éducation.
Les ménages de la région contribuent déjà en moyenne à 42 pour cent des dépenses totales d’éducation. De nombreux pays de l’AOC ont supprimé les frais de scolarité au niveau de base dans les écoles publiques, mais les ménages continuent de devoir prendre en charge certaines dépenses, telles que les livres et le transport. Les systèmes éducatifs en AOC sont non seulement confrontés à des difficultés dues au manque de financement, mais présentent également des inefficiences dans leur fonctionnement.
La croissance rapide de la population dans les pays de l’AOC (avec une moyenne annuelle de 3 pour cent) exerce une pression sur les systèmes éducatifs qui doivent ainsi faire face à l’augmentation des effectifs
De nombreux pays de l’AOC cherchent à apporter une réponse à leurs immenses défis en matière d’éducation à travers d’importantes reformes systémiques visant à produire de meilleurs résultats. En 2017, le Ghana a introduit la Politique de gratuité de l’éducation au niveau lycée pour garantir l’accès, l’équité et l’égalité dans l’éducation. En 2018, la Sierra Leone a mis en place une Initiative de gratuité de la scolarité de qualité qui permet à tous les enfants de s’inscrire sans frais de scolarité dans des écoles agréées par le gouvernement.
L’élargissement et l’amélioration de l’éducation rehausseront également les résultats économiques des pays, réduisant la pauvreté et augmentant la prospérité partagée. L’éducation améliore également les résultats en matière de survie et de santé de l’enfant et réduit l’incidence de mariages des enfants et de grossesses précoces. L’éducation peut contribuer à renforcer le capital social et à stabiliser une région où le tissu social est en train de s’effriter.
Une pauvreté généralisée et la lenteur de la croissance économique découragent les investissements dans le capital humain. Dans 14 pays de l’AOC, plus de 30 pour cent de la population vit avec moins de 1,90 USD par jour. L’écart entre les revenus par habitant en AOC et ceux des autres pays en développement et des pays à revenu élevé n’a cessé de se creuser.
La croissance rapide de la population dans les pays de l’AOC (avec une moyenne annuelle de 3 pour cent) exerce une pression sur les systèmes éducatifs qui doivent ainsi faire face à l’augmentation des effectifs.
Le taux synthétique de fécondité de la région est en moyenne de 4,6 enfants par femme, soit près du double de la moyenne mondiale de 2,4. La population de 459 millions d’habitants croit beaucoup plus rapidement que le taux moyen de 2 pour cent par an d’Afrique subsaharienne et doublera d’ici 2050.
La forte dépendance à l’égard des ressources non renouvelables pour stimuler la croissance économique crée de sérieux défis en termes de durabilité et de gouvernance dans de nombreux pays de l’AOC. Ces pays exploitent essentiellement leur capital non renouvelable – qu’il s’agisse d’hydrocarbures, de minéraux ou de terres – et le consomment plutôt que de le transformer en capital humain ou en capital produit.
La population de personnes déplacées internes et de réfugiés, dont beaucoup sont des enfants ou des jeunes dont les besoins en éducation sont non satisfaits, a augmenté en raison de la montée de la violence dans la région.
La région compte plus de 11 millions de personnes requérant une forme de protection (dites « relevant de la compétence du HCR »),18 dont 7,5 millions de personnes déplacées internes (PDI). Cinq millions de ces PDI sont des enfants. Au cours de l’année scolaire 2020-202, plus de la moitié des réfugiés d’âge scolaire en AOC n’étaient pas allés à l’école, et ceux qui étaient scolarisés étaient plus susceptibles d’étudier dans des classes en sureffectif, ce qui réduit leur apprentissage.
La révolution numérique crée de nouvelles opportunités et de nouveaux défis. Les nouvelles technologies offrent des avantages significatifs pour le développement de la région, y compris pour l’éducation. Le changement climatique apporte de nouveaux défis qui ont des impacts négatifs sur l’éducation. L’Afrique n’est responsable que 2 à 3 pour cent des émissions mondiales de dioxyde de carbone, mais elle est la région qui devrait souffrir le plus du changement climatique.
La population de personnes déplacées internes et de réfugiés, dont beaucoup sont des enfants ou des jeunes dont les besoins en éducation sont non satisfaits, a augmenté en raison de la montée de la violence dans la région
Objectifs prioritaires stratégiques sur l’ensemble du cycle de vie de l’apprentissage
- Renforcer le leadership stratégique.
- Assurer un financement adéquat et une utilisation efficace des ressources pour l’éducation.
- Investir dans des interventions à haut niveau d’impact tout au long du cycle de vie de l’apprentissage.
- Transformer la profession enseignante.
- Renforcer les politiques des sous-secteurs critiques pour un enseignement et un apprentissage efficace.
- Assurer l’inclusion des groupes vulnérables.
- Renforcer la capacité de mise en œuvre et de suivi et évaluation.
- Approfondir les capacités techniques et de gestion pour la mise en œuvre des politiques et des programmes.
- Renforcer les systèmes de données sur l’éducation pour une prise de décision éclairée.