Organisations affiliées: UNICEF, Global Partnership for Education (GPE).
Type de publication : Rapport
Date de publication : Mai 2022
Introduction et contexte
Au cours des deux dernières décennies, des progrès remarquables ont été réalisés au niveau international sur le plan de la généralisation de l’accès à l’éducation. Rien qu’en Afrique subsaharienne, le taux net de fréquentation en primaire est passé à 79 % en 2018, contre 60 % en 2000. Malgré ces progrès, les avancées ne sont pas réparties de manière égale entre tous les groupes, et certains des plus vulnérables restent à la traîne. Les personnes handicapées font partie de ces groupes qui continuent d’être exclus de l’éducation plus que tout autre groupe démographique. Des recherches antérieures montrent que le handicap est plus étroitement corrélé à la déscolarisation que le sexe, le lieu de résidence ou même le statut socio-économique.
Un système éducatif qui intègre tous les élèves, les accueille et les aide à apprendre dans les mêmes salles de classe et écoles, indépendamment de leur identité, de leurs capacités ou de leurs besoins, est un « système éducatif inclusif ». L’éducation inclusive signifie que tous les enfants apprennent ensemble dans les mêmes écoles, y compris les enfants en situation de handicap.
Enfants souffrant de troubles fonctionnels en AOC
Neuf pays ont participé à l’enquête MICS6 et disposent des données du module sur le fonctionnement de l’enfant. Ces pays sont : la République centrafricaine, le Tchad, la République démocratique du Congo, le Ghana, la Guinée-Bissau, la Sierra Leone, Sao Tomé-et-Principe, la Gambie et le Togo.
En moyenne, dans les neuf pays analysés, 8 % des enfants de 2 à 4 ans souffrent de troubles fonctionnels. Chez les enfants de 2 à 4 ans, les différences les plus marquées sont observées selon le sexe, montrant une proportion plus élevée de garçons souffrant de troubles fonctionnels par rapport aux filles. En moyenne, un jeune de 5 à 17 ans sur cinq est en situation de handicap dans les neuf pays analysés. Il n’y a pas de différences notables selon le sexe.
Cependant, dans ce groupe d’âge, les différences sont statistiquement significatives lorsque l’on compare les zones rurales aux zones urbaines, montrant une proportion plus élevée d’enfants souffrant de troubles fonctionnels parmi ceux qui vivent dans les zones rurales. En outre, les enfants issus de milieux pauvres sont plus nombreux à présenter des troubles fonctionnels que ceux issus de milieux plus riches. Ces facteurs démographiques et socio-économiques jouent un rôle important car ils exposent potentiellement les enfants à un risque plus élevé d’être confrontés à un environnement mal adapté, limitant ainsi l’exercice de leurs droits. Par conséquent, si les membres d’un groupe déjà marginalisé ont des troubles fonctionnels, ils peuvent faire face à un double ou triple fardeau de marginalisation (sexe, zone géographique, statut économique).
Éducation de la petite enfance pour les enfants souffrant de troubles fonctionnels
La petite enfance est la phase la plus importante du développement humain. Cette phase de la vie définit les bases de l’avenir de chacun. Pour les enfants en situation de handicap, l’éducation de la petite enfance et le soutien parental peuvent jouer un rôle important, d’abord par une identification précoce des troubles fonctionnels dont ils souffrent, puis en apportant les aides et les soins nécessaires et en créant un environnement adapté pour qu’ils ne soient pas laissés pour compte.
Des recherches antérieures montrent que le handicap est plus étroitement corrélé à la déscolarisation que le sexe, le lieu de résidence ou même le statut socio-économique
Il est important de savoir si ces enfants ont le même accès à l’éducation et à l’aide à la petite enfance que leurs camarades sans troubles fonctionnels. Les différences en matière de fréquentation des établissements d’éducation de la petite enfance et de soutien précoce sont parfois le résultat des obstacles auxquels les enfants souffrant de troubles fonctionnels sont confrontés lorsqu’ils entament leur parcours dans le système éducatif.
Les parents jouent un rôle essentiel dans la vie de l’enfant. Ils peuvent identifier les troubles fonctionnels de leur enfant et faciliter la mise en place d’un environnement adapté à la maison. Une connaissance limitée du processus de développement de l’enfant chez les parents, ainsi que la stigmatisation sociale et culturelle peuvent empêcher les parents de répondre de manière appropriée aux besoins d’un enfant en situation de handicap.
Au Burkina Faso, les communautés sont sensibilisées au handicap et à la nécessité de scolariser les enfants en situation de handicap et les parents ont tendance à inscrire les enfants en situation de handicap à l’école. Ainsi, en 2019, près de 10 000 enfants en situation de handicap scolarisés ont été accompagnés par l’UNICEF.
Accès à l’éducation pour les jeunes de 5 à 17 ans
La fréquentation scolaire dans la tranche d’âge de 5 à 17 ans est un déterminant majeur des performances ultérieures dans la vie. Cette période est propice à l’acquisition de compétences fondamentales, qui peuvent renforcer l’autonomie des enfants et les mettre sur la voie de la réussite à l’âge adulte. Dotés des compétences acquises à l’école, les enfants rencontrent moins de difficultés pour trouver un emploi plus tard et gagner leur vie. En outre, ils sont moins susceptibles de voir leur santé se dégrader et sont globalement plus enclins à participer aux décisions importantes qui les concernent, ce qui accroît leur capacité à construire un avenir meilleur pour eux-mêmes, leurs familles et leurs communautés.
Par rapport aux enfants sans trouble fonctionnel, la fréquentation scolaire actuelle diminue de 6 points de pourcentage chez les enfants souffrant d’un trouble fonctionnel quelconque, et de 11 points de pourcentage chez les enfants souffrant de troubles fonctionnels multiples.
Chez les enfants souffrant de troubles fonctionnels, on observe une grande disparité dans la fréquentation en fonction des domaines fonctionnels. Par exemple, les enfants ayant des troubles de la vision et des difficultés à maîtriser leur comportement ont un taux de fréquentation similaire à ceux qui n’ont pas de troubles fonctionnels. Cependant, les enfants souffrant d’autres troubles fonctionnels ont des taux de fréquentation inférieurs à ceux qui n’en ont aucun. La fréquentation scolaire actuelle des enfants de 5 à 17 ans qui ont des troubles de la communication et de l’autonomie est significativement plus faible que celle des enfants sans troubles fonctionnels. Cela montre que les solutions visant à améliorer l’accès aux écoles doivent répondre à un spectre plus large et plus complexe de problèmes de fonctionnement.
Dans la plupart des pays, les enfants ayant des troubles fonctionnels sont moins nombreux à fréquenter l’école (Gambie, Guinée-Bissau, République démocratique du Congo et République centrafricaine). Cependant, à ce niveau, la différence n’est statistiquement significative que pour la République démocratique du Congo et la Guinée-Bissau.
Le Ghana a le taux net ajusté de fréquentation le plus élevé des pays couverts et à un degré élevé de parité (86 % pour les enfants ayant des troubles fonctionnels et 85 % pour ceux qui n’en ont pas). S’il n’est pas possible d’exposer ici les raisons de cette parité, il est intéressant de souligner certaines mesures prises par le Ghana pour assurer l’éducation des enfants en situation de handicap. Le Ghana pratique le dépistage, l’évaluation et l’intervention précoces afin de déterminer quels enfants ont des besoins particuliers, ce qui permet de prendre des mesures pour les satisfaire dès le départ.
La législation récente au Togo a fait de l’inclusion un axe majeur du développement de l’éducation.
Progression scolaire (5-17 ans)
Au Ghana et en Sierra Leone, le taux de réussite des enfants ayant des troubles fonctionnels se situe à moins de 3 points de pourcentage de celui enregistré par les autres enfants. Au Ghana, où le faible taux de fréquentation et de réussite des enfants en situation de handicap a été reconnu dans le plan stratégique pour l’éducation 2018-2030, la priorité a été accordée à l’amélioration des infrastructures physiques et à la fourniture de supports d’enseignement et d’apprentissage appropriés, y compris des dispositifs d’assistance. De plus, l’inclusion des enfants en situation de handicap dans les écoles ordinaires doit être davantage soutenue en transformant les établissements d’enseignement spécialisé en centres de ressources.
Au Tchad, en République centrafricaine, en République démocratique du Congo, au Ghana et en Sierra Leone, les enfants ayant des troubles fonctionnels ont nettement moins de chances de terminer leur scolarité primaire, même en prenant en compte plusieurs autres caractéristiques.
Compétences de base, soutien parental et environnement d’apprentissage à la maison (7-14 ans)
L’exclusion de l’éducation entraîne une diminution des résultats d’apprentissage, ce qui limite la participation sociale et économique et altère la qualité de vie. C’est une préoccupation particulière pour les enfants ayant des troubles fonctionnels, pour qui l’acquisition de compétences fondamentales est cruciale pour une pleine intégration. Même lorsque les enfants souffrant de troubles fonctionnels peuvent aller à l’école, leur pleine intégration dans le processus d’apprentissage, et donc le degré auquel ils bénéficient de l’école, peuvent encore être entravés par des supports pédagogiques et des méthodes d’enseignement mal adaptés. Il est donc essentiel de comprendre comment l’apprentissage se déroule chez les enfants présentant des troubles fonctionnels afin de pouvoir prendre des mesures, non seulement pour scolariser tous les enfants, mais aussi pour améliorer les résultats de l’apprentissage pour tous.
Parmi les pays où les différences entre les deux groupes sont importantes, la Guinée-Bissau a la plus faible proportion d’enfants souffrant de troubles fonctionnels qui ont des compétences en calcul. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette situation : la Guinée-Bissau a des taux de fréquentation relativement faibles, ce qui signifie qu’il existe des obstacles à l’accès à l’éducation pour tous les groupes, qui sont encore aggravés si le système éducatif n’inclut pas les personnes handicapées.
Conclusion
Alors que la voie de la reprise après les perturbations de l’éducation causées par la COVID-19 commence à se dessiner, il sera important d’accélérer les efforts visant à garantir une éducation de qualité aux enfants en situation de handicap et à remédier aux dégâts qu’ils ont subis tout en créant un système éducatif plus équitable et inclusif. Ce rapport constitue la première étape visant à fournir davantage de données sur l’éducation des enfants handicapés dans la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour tirer parti des preuves fournies, afin de comprendre les obstacles auxquels sont confrontés les enfants souffrant de troubles fonctionnels.
Pour aller de l’avant et même au-delà de la collecte de données, le rapport formule les recommandations suivantes :
- systèmes de données inclusifs
- capacité d’analyse et de planification stratégique du secteur de l’éducation inclusive
- financement ciblé pour les enfants en situation de handicap
- partenariats avec les organisations de la société civile, les secteurs de la santé, de l’enfance, de la protection sociale et autres.