Organisations affiliées : UNESCO – Institut international de planification de l’éducation Bureau pour l’Afrique
Type de publication : Article
Date de publication : 08/08/2022
L’éducation constitue le premier poste de dépenses des États en Afrique. Son financement reste toutefois insuffisant et peu efficient. Trouver des leviers d’optimisation des dépenses publiques, miser sur des ressources supplémentaires et sur des outils alternatifs de financement est impératif pour mieux financer l’éducation. Et ainsi garantir une scolarisation de qualité à des millions d’enfants sur le continent, en particulier les plus pauvres.
Entre 2000 et 2014, l’Afrique a connu une croissance économique annuelle de 4 à 5 % (1), un taux parmi les plus élevés au monde. Cette période propice a clairement bénéficié à l’éducation. Toutefois, les effets cumulés de la pandémie de Covid-19, de la croissance démographique et de la massification de l’accès à l’éducation font peser de lourdes contraintes sur les systèmes éducatifs… et les besoins restent considérables.
Les ménages africains consacrent en moyenne 4,2 % de leur budget à l’éducation, selon une étude de l’IIPE-UNESCO Dakar portant sur une quinzaine de pays d’Afrique
L’éducation en Afrique : financée massivement, mais pas suffisamment
Les États africains allouaient en moyenne près d’un quart de leurs dépenses courantes au secteur éducatif en 2015, faisant de l’éducation le premier poste de dépense des gouvernements sur le continent. Le financement de l’éducation repose aussi fortement sur les ménages. En Afrique, ils contribuent à environ 30 % des dépenses courantes nationales d’éducation, alors que les moyens des familles sont extrêmement limités.
Mieux dépenser, premier levier d’un financement soutenable
Améliorer le financement de l’éducation ne suppose pas seulement d’augmenter le budget du secteur. Il s’agit d’abord d’optimiser l’efficacité en matière d’allocation des ressources publiques d’éducation. Une utilisation plus efficiente de la dépense publique n’est pas seulement un moyen d’optimiser les résultats éducatifs. C’est aussi un devoir vis-à-vis des contribuables et un signal fort pour les partenaires financiers. Assurer une plus grande transparence dans le financement public de l’éducation, lutter contre la corruption ou optimiser les mécanismes de gouvernance des systèmes éducatifs sont autant de leviers à fort potentiel pour augmenter les recettes nationales. Sur le continent, les difficultés de scolarisation touchent en particulier les zones rurales peu développées, pauvres en infrastructures sociales et qui manquent d’enseignants. Cibler ces zones en priorité permettra d’atténuer les inégalités sociales.
Ressources alternatives : miser sur le financement privé…
Des outils de financement existent, notamment pour la formation professionnelle et l’enseignement supérieur. Grâce au développement de partenariats publics-privés, des entreprises participent au financement de filières en lien avec la demande économique des pays, répondant ainsi à leurs propres besoins de main-d’œuvre.
… et élargir la base de ressources domestiques
Bien que les États africains allouent près d’un quart de leur budget à l’éducation, le montant reste faible en valeur absolue car le budget des pays est lui-même insuffisant. Accroître les ressources domestiques des États africains, grâce à la croissance économique et la fiscalité est un enjeu primordial pour améliorer le financement de l’éducation.
Plaider pour une renégociation de la dette publique
Une dette publique trop importante contraint les États à réduire leurs dépenses dans les services publics. Dans certains cas extrêmes, comme au Ghana, plus de la moitié des recettes nationales disparaissent au profit de la dette.
Réaffirmer la priorité de l’aide à l’Afrique
L’aide extérieure pour les pays d’Afrique a diminué depuis la crise financière de 2007-2008. Elle risque de diminuer encore du fait de la pandémie de Covid-19 et de la crise de la dette qu’elle induit. D’importants efforts peuvent encore être faits par la communauté internationale. De plus, cette aide extérieure devrait être mieux ciblée géographiquement. L’Afrique subsaharienne ne reçoit qu’un quart de l’aide à l’éducation de base distribuée dans le monde alors que les besoins y sont les plus prégnants.
Bien que les États africains allouent près d’un quart de leur budget à l’éducation, le montant reste faible en valeur absolue car le budget des pays est lui-même insuffisant
Covid-19, quel prix à payer pour l’éducation ?
Le financement public de l’éducation risque hélas de se détériorer dans les prochaines années. Alors que la pandémie de Covid-19 a représenté une perte de temps d’apprentissage d’une rare ampleur, la crise a aussi un impact majeur sur le financement de l’éducation.
Financement des ménages : mieux redistribuer les ressources éducatives (frais de scolarité, fournitures scolaires, frais auxiliaires…)
Les ménages africains consacrent en moyenne 4,2 % de leur budget à l’éducation, selon une étude de l’IIPE-UNESCO Dakar portant sur une quinzaine de pays d’Afrique. Pour concilier efficacité et équité, l’effort relatif des ménages pour le financement de l’éducation devrait donc augmenter avec le niveau d’éducation. Les décideurs africains gagneraient à promouvoir des mécanismes incitant un investissement conséquent des ménages dans l’enseignement supérieur. C’est déjà le cas des pays ayant progressivement remplacé les bourses très généreuses mais mal ciblées par des systèmes de prêt bien contrôlés. Par ailleurs, une politique plus active en matière de redistribution des ressources éducatives doit être encouragée. Cela favoriserait l’accès des plus pauvres à l’éducation de base, à travers la mise en place de fonds de soutien alimentés par la hausse des dépenses des ménages dans les niveaux scolaires supérieurs.