Organisations affiliées : Global Partnership for Education (GPE), Institut de la Francophonie pour l’éducation et la formation (IFEF), Organisation internationale de la francophonie, International Development Research Center (IDRC).
Type de publication : Rapport
Date de publication : Juillet 2020
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Quatre thématiques éducatives prioritaires ont été relevées par les 21 pays de la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre : la première, en tête de toutes, est la formation initiale et continue des enseignants qui, d’après la revue de la documentation, va de pair avec le renforcement des capacités de tout le personnel du secteur de l’éducation.
La survenue de la pandémie de COVID19, avec ses corollaires notamment les mesures prises par les pays pour en minimiser la propagation et leur impact négatif sur la continuité éducative, est également ressortie comme une préoccupation de premier ordre. Enfin, la problématique de la gouvernance du secteur de l’éducation est apparue dans la revue de la documentation comme une des priorités importantes, couvrant de façon transversale toutes les autres priorités.
Formation initiale et continue des enseignants
Le principal déterminant d’une éducation de qualité, outre l’apprenant lui-même est sans conteste l’enseignant, dans sa présence, sa qualification, son savoir-faire et son savoir être. Le manque d’enseignants qualifiés à tous les niveaux d’éducation reste une réalité courante dans les différents pays.
Les principales raisons avancées par différentes études sont :
- la mauvaise planification et gestion des ressources humaines;
- la pression démographique qui engendre des classes pléthoriques et des ratios élèves/ enseignants très élevés et donc de faibles taux d’encadrement;
- le niveau de qualification au recrutement ; etc.
Les principales limites à la formation continue des enseignants, de tout niveau, est la motivation à entrer en formation aussi bien des enseignants que de leurs encadreurs, dominée par l’exigence de perdiems, la disponibilité des enseignants en dehors du temps scolaire pour suivre la formation, afin de ne pas nuire à la continuité éducative.
Le manque d’enseignants qualifiés à tous les niveaux d’éducation reste une réalité courante dans les différents pays
Des réformes sont en cours ici et là pour relever le niveau de recrutement, notamment pour les enseignants du primaire, du BEPC au Baccalauréat. En ce qui concerne la formation continue des enseignants, plusieurs initiatives cohabitent :
- les conférences pédagogiques annuelles qui regroupent les enseignants d’une part et leurs encadreurs de l’autre, par niveaux d’enseignement ;
- les groupes d’animation pédagogique, qui regroupent les enseignants d’une circonscription éducative et sont animés par les encadreurs de la circonscription.
Équité et inclusion : la question du genre
Toutes les littératures sur l’éducation soulignent la nécessité d’assurer l’équité et l‘inclusion, dans la perspective de rendre effectif, le droit à une éducation de qualité.
En Afrique subsaharienne, seulement 38% des pays ont réalisé la parité entre les sexes dans le primaire, et plus dramatiquement 19% au premier cycle du secondaire et 6% au second cycle du secondaire. Ces chiffres cachent de grandes disparités selon qu’on est en milieu rural ou urbain, qu’on est riche ou pauvre, qu’on vit avec un handicap ou non, etc.
Les réponses des pays pour plus d’inclusion et d’équité sont bien variées, mais portent essentiellement sur les principaux éléments ci-dessous :
- adoption par quelques pays de la planification et budgétisation sensible au genre, ainsi que la mise en place de formations y relatives ;
- pratique de discriminations positives ;
- inclusion des enfants vivant avec un handicap et autres enfants à besoins spécifiques ;
- mise en œuvre d’une éducation en situation d’urgence dans les zones touchées par des catastrophes naturelles ou des conflits.
Qualité de l’enseignement et de l’apprentissage en milieu bilingue ou plurilingue
La problématique de la qualité de l’éducation (enseignement et apprentissage), pose la question de ses principaux déterminants. Parmi les pays présents à la rencontre sur le centre KIX francophone le 15 avril 2020, plusieurs d’entre eux ont affirmé avoir une politique d’intégration d’un enseignement « bi ou plurilingue » qui articule une langue africaine comprise et parlée par les enfants comme langue principale des apprentissages pendant les premières années et l’introduction du français de manière progressive pour devenir la langue principale d’enseignement par la suite.
En Afrique subsaharienne, seulement 38% des pays ont réalisé la parité entre les sexes dans le primaire, et plus dramatiquement 19% au premier cycle du secondaire et 6% au second cycle du secondaire
Bien que des progrès aient été accomplis dans la plupart des pays d’expression française en ce qui concerne le taux de scolarisation, l’évaluation des acquis des élèves dans neuf pays (Rapport PASEC, 2014) utilisant le français comme langue d’apprentissage a montré que 60% des enfants ne maîtrisent pas les premiers apprentissages à la fin du primaire, notamment en raison du fait que ces enfants, qui évoluent dans des contextes plurilingues, apprennent les premières bases dans une langue (le français) qu’ils ne parlent ni ne comprennent tous.
Alphabétisation de qualité
D’après les statistiques de l’UNESCO, il y a encore 750 millions d’adultes analphabètes à travers le monde. Les femmes représentent les deux tiers de la population analphabète, un chiffre inchangé depuis 2000. Les pays d’expression française sont majoritairement concernés. Le taux d’alphabétisation dans les 21 pays membres du GPE de l’Afrique du Centre et de l’Ouest va de moins 20% (Niger) à près de 87% (Cabo Verde).
Cette situation est alimentée par le fait qu’encore aujourd’hui, bon nombre d’enfants et de jeunes ne vont pas à l’école. Elle est aussi alimentée par le décrochage scolaire qui reste un problème majeur : chaque année, des millions d’enfants et de jeunes quittent l’école sans qualification.
Mais la situation globale s’améliore, la scolarisation des enfants progresse dans le monde. En Afrique subsaharienne, le taux net de scolarisation au primaire a progressé de 60% (2000) à 78% (2015), tandis que celui du secondaire passait de 20% (2000) à 33% (2015).
D’après les statistiques de l’UNESCO, il y a encore 750 millions d’adultes analphabètes à travers le monde. Les femmes représentent les deux tiers de la population analphabète, un chiffre inchangé depuis 2000
Pour répondre à ce défi, une expérimentation ou innovation cherchant à créer une passerelle entre les centres d’alphabétisations et les écoles de base est en cours dans plusieurs pays du Centre KIX Afrique 21. La politique des États est de mettre en place des classes passerelles inspirées par les programmes d’alphabétisation dans les écoles pour donner une première ou une deuxième chance à ceux qui n’ont jamais fréquenté l’école ou à ceux qui en sont partis très tôt.
Pour les communautés sans écoles, l’État encourage les centres d’éducation communautaire (CEM) qui fonctionnent avec un personnel enseignant local recruté auprès des sortants de l’école avec environ 10 ans d’éducation de base. L’un des facteurs les plus importants dans la réussite et la durabilité de l’expérience en classe passerelle est l’appropriation communautaire du projet et la vision qui la sous-tend.