Auteur : Patsy Nakell
Organisation affiliée : UNICEF
Type de publication : Rapport
Date de publication : Août 2019
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Les attaques contre les écoles ne sont pas rares en Afrique de l’Ouest et centrale. Au Burkina Faso, au Cameroun, au Mali, au Niger, au Nigéria, en République centrafricaine, en République démocratique du Congo et au Tchad, une intensification des menaces et des attaques contre les élèves, les enseignants et les écoles – contre l’éducation elle-même – fait planer une ombre alarmante sur les enfants, leur famille, leur communauté et l’ensemble de la société.
En dépit des risques auxquels elles s’exposent, les communautés en première ligne de ces combats n’auront de cesse qu’on ne garantisse à leurs enfants l’éducation qui constitue le droit de chaque enfant. Il s’agira toutefois d’une lutte ardue si elles ne bénéficient pas d’un appui supplémentaire, car les programmes d’éducation dans les situations d’urgence en Afrique de l’Ouest et centrale manquent cruellement de moyens.
Le quotidien des enfants déscolarisés est également rempli de dangers. Ils courent un risque d’enrôlement dans les groupes armés beaucoup plus élevé que ceux qui fréquentent l’école. Les filles risquent davantage d’être victimes de violence liée au genre et sont souvent contraintes à un mariage précoce, avec son cortège de grossesses et d’accouchements qui surviennent trop tôt et qui menacent leur vie et leur santé.
Écoles attaquées, l’apprentissage en péril
Lorsque l’éducation est prise pour cible, il devient impossible d’assurer une scolarisation sans danger au sens traditionnel du terme. Les risques d’attaques engendrent la peur dans les communautés locales, ce qui force les écoles à fermer, les enseignants à fuir et les écoliers à rester à la maison, se trouvant dans l’impossibilité d’apprendre dans une salle de classe avec leurs camarades.
Une intensification des menaces et des attaques contre les élèves, les enseignants et les écoles – contre l’éducation elle-même – fait planer une ombre alarmante sur les enfants, leur famille, leur communauté et l’ensemble de la société
Mais, en des temps désespérés, des approches innovantes peuvent fournir des solutions. Aujourd’hui, l’UNICEF coopère avec des gouvernements d’Afrique de l’Ouest et centrale pour offrir de nouveaux outils d’enseignement et d’apprentissage – et diversifier les options et les possibilités éducatives – de sorte que nous puissions atteindre les enfants où qu’ils se trouvent.
Depuis 2016, par exemple, l’UNICEF et la Children’s Radio Foundation (Fondation de la radiodiffusion pour les enfants) collaborent à la conception et à la mise à l’essai du tout premier programme d’enseignement par la radio dans les situations d’urgence. Ce programme offre jusqu’à neuf mois de cours radiodiffusés d’alphabétisation et de calcul, et diffuse également des messages essentiels sur la vie dans les situations de conflit.
Dans les pays où des conflits ou crises prolongés ont entraîné de longues fermetures d’écoles, l’enseignement par la radio, bien qu’il ne couvre pas tout le programme scolaire, fournit aux enfants les connaissances élémentaires qui faciliteront leur retour ultérieur à l’école. Dans les zones où règne une forte insécurité, cette approche crée pour les enfants une routine protectrice. Elle permet également de leur faire parvenir des informations vitales et des messages d’espoir.
Une étreinte rassurante en période de danger
Dans les zones où l’insécurité perdure et les écoles restent fermées, les centres d’apprentissage dirigés par des membres de la communauté contribuent à faire en sorte que les enfants ne perdent pas les connaissances acquises antérieurement. Les centres constituent un petit espace sûr où les enfants acquièrent des aptitudes fondamentales en mathématiques et en lecture. Les enfants sont encouragés à raconter dans leurs cahiers l’histoire de leur famille et de leur communauté. Mais surtout, ils sont encouragés à jouer – activité d’une importance cruciale, particulièrement pour les enfants qui vivent dans des zones où règne l’insécurité.
Au-delà des approches communautaires, il existe des mécanismes éducatifs innovants comme l’apprentissage interactif par l’audio et la formation des enseignants au moyen de tablettes. Des kits scolaires peuvent aussi remédier aux pénuries de matériel pédagogique.
Les risques d’attaques engendrent la peur dans les communautés locales, ce qui force les écoles à fermer, les enseignants à fuir et les écoliers à rester à la maison, se trouvant dans l’impossibilité d’apprendre dans une salle de classe avec leurs camarades
En outre, dans les zones marquées par l’insécurité, il faut prendre diverses mesures afin d’accroître le sentiment de sécurité des enfants dans l’environnement scolaire. Au nombre de ces mesures, on compte par exemple l’amélioration des infrastructures et la formation des enseignants à la planification des interventions d’urgence en milieu scolaire.
Protéger l’éducation des filles
Les mariages d’enfants constituent un obstacle majeur au développement durable et ils ont des effets dévastateurs sur les filles, leur famille et leur communauté. Plus longtemps une fille reste à l’école, moins elle risque d’être mariée ou d’avoir des enfants avant l’âge de 18 ans. Les filles qui poursuivent leurs études sont également moins susceptibles, ultérieurement, de donner naissance à des enfants souffrant de malnutrition ou mourant en bas âge.
L’investissement dans l’éducation des filles demeurera d’une importance cruciale dans les pays d’Afrique de l’Ouest et centrale, surtout dans les situations d’urgence, lesquelles tendent à exacerber les problèmes existants comme le mariage d’enfants et la violence liée au genre.
Améliorer les écoles, préparer les enseignants
L’école offre un enseignement coranique combiné à un enseignement formel de base. Les autorités scolaires de l’État considèrent maintenant de telles écoles coraniques intégrées comme faisant partie du système formel, au titre d’une stratégie élaborée avec l’UNICEF. Auparavant, les enfants qui recevaient une éducation religieuse étaient considérés comme non scolarisés.
L’UNICEF a contribué des façons suivantes à l’intégration des écoles coraniques : plaidoyer et sensibilisation ; fourniture de matériel pédagogique et d’une formation aux enseignants (y compris la formation d’enseignantes) ; aide à l’harmonisation d’un programme scolaire incorporant des apprentissages de base en calcul et en écriture aux études religieuses ; établissement de critères de référence relatifs à un apprentissage de qualité.
L’importance de l’aide psychologique
Dans les situations d’urgence, les enfants peuvent éprouver de la détresse psychologique et un sentiment de perte nuisant à leur capacité à apprendre et à absorber de nouvelles informations. Avec un soutien approprié, toutefois, un enfant peut retourner à l’école et reprendre son apprentissage avec succès, même après avoir vécu les expériences les plus traumatisantes.