Auteur : Danielle TAN
Auteur : Gloria Diamond
Site de publication : Ungei
Type de publication : Document d’orientation
Date de publication : Avril 2022
Les normes sociales qui renforcent les préjugés sexistes sont extrêmement prédominantes globalement et profondément ancrées dès le plus jeune âge. Les normes sociales et de genre restrictives alimentent les perceptions autour de la valeur de l’éducation des filles et influencent les investissements et le soutien à l’éducation des filles au niveau des ménages et des communautés.
Une éducation de qualité visant à établir l’égalité des genres peut apporter une réponse pour corriger des normes sexistes néfastes et des inégalités de pouvoir. L’éducation transformative des genres va au-delà de l’accès à l’éducation pour les filles et les femmes, tirant parti de l’ensemble du système éducatif pour transformer les normes et stéréotypes néfastes.
Les normes sociales qui font obstacle à l’éducation des filles en Afrique de l’Ouest et du Centre : un bref aperçu
Les pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre ont enregistré des progrès notables dans l’éducation des filles au cours des deux dernières décennies. Cependant, l’accès à l’éducation reste très inéquitable en Afrique de l’Ouest et du Centre, en particulier pour les filles marginalisées et adolescentes, les enfants du quintile de richesse le plus pauvre, les enfants vivant dans des zones de conflit et les enfants ayant des difficultés fonctionnelles.
Les filles représentent 52 % des 38,8 millions d’enfants non scolarisés dans la région.
Les grossesses précoces sont motivées par une combinaison de facteurs sociaux, économiques et éducatifs. L’Afrique subsaharienne a connu une baisse globale des taux de grossesses précoces au cours des 25 dernières années. Cependant, les taux de grossesse de nombreux pays, dont le Tchad, le Mali et le Niger, sont actuellement parmi les plus élevés au monde.
Le mariage des enfants est motivé par l’inégalité entre les sexes et par une dynamique de pouvoir inégale. Il est exacerbé dans les sociétés et les communautés connaissant des niveaux élevés de violence sexiste, des normes socioculturelles restrictives, la pauvreté, l’insécurité (y compris les attaques contre les écoles) et les déplacements. L’Afrique de l’Ouest et du Centre à l’un des taux de mariage des enfants les plus élevés au monde. Bien que les taux diminuent, le rythme reste trop lent : même si les progrès doublaient, une fille sur trois dans la région serait encore une enfant mariée en 2030.
Les mutilations génitales et féminines sont étayées par des normes socioculturelles et persistent malgré des mesures législatives interdisant leur pratique dans certains pays. Ces dernières années, le Tchad, le Mali et la Mauritanie n’ont enregistré aucun ou seulement un léger déclin des MGF, alors que le Burkina Faso, le Nigeria et la Sierra Leone ont connu une baisse significative, peut-être en raison de l’évolution des normes, des campagnes de sensibilisation, de la législation contre la pratique, et une éducation qui a accru la prise de conscience de ses méfaits et conduit à une résistance contre la pratique.
En Afrique subsaharienne, les filles signalent des cas d’enseignants masculins exigeant des faveurs sexuelles en échange de bonnes notes, d’un traitement préférentiel en classe, d’argent et de cadeaux.
Les pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre ont enregistré des progrès notables dans l’éducation des filles au cours des deux dernières décennies. Cependant, l’accès à l’éducation reste très inéquitable en Afrique de l’Ouest et du Centre, en particulier pour les filles marginalisées et adolescentes, les enfants du quintile de richesse le plus pauvre, les enfants vivant dans des zones de conflit et les enfants ayant des difficultés fonctionnelles
Pour les apprenants handicapés, les environnements scolaires, les programmes et les pratiques pédagogiques ne sont souvent pas adaptés à leurs besoins, ce qui crée des obstacles supplémentaires à la participation et à la réussite des apprenants dans l’éducation. En Afrique de l’Ouest et du Centre, les installations de gestion de l’hygiène menstruelle dans les écoles ne sont souvent pas adaptées aux filles handicapées, ce qui entraîne des absences répétées pendant les menstruations.
L’Afrique de l’Ouest et du Centre, et en particulier la région du Sahel, est confrontée à certains des défis humanitaires les plus complexes au monde, notamment l’insécurité alimentaire, les conflits et l’instabilité, les déplacements internes et l’impact du changement climatique. Les urgences humanitaires ont également un impact sur l’accès et la qualité de l’éducation dans la région.
Malgré les efforts concertés des gouvernements et d’autres parties prenantes dans la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, l’accès à l’apprentissage à distance pendant les fermetures d’écoles liées au Covid-19 a été inégal.
En Afrique de l’Ouest et du Centre, la pauvreté des ménages et l’accès limité à une éducation de qualité sont également les causes profondes du travail des enfants, qui est à la fois une cause et une conséquence majeures de l’abandon scolaire, et a un impact négatif direct sur les résultats scolaires des apprenants et sur la réussite des garçons et des filles.
Les chefs d’établissement jouent un rôle essentiel dans la création d’environnements d’enseignement et d’apprentissage sûrs, de haute qualité et sensibles au genre, et dans la promotion de relations solides entre leurs écoles et leurs communautés. Dans l’ensemble des pays participant au Programme d’analyse des systèmes éducatifs (PASEC), les résultats d’apprentissage à la fin de l’école primaire pour les filles et les garçons dans les écoles dirigées par des femmes sont plus élevés.
En outre, bien qu’il soit entendu que les normes et les stéréotypes de genre soient acquis dans la petite enfance, peu de pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre abordent de manière adéquate les questions de genre dans l’enseignement et l’apprentissage dès la petite enfance. Les preuves provenant des pays africains ont montré que les filles sont plus susceptibles d’aller à l’école et d’y rester, et que les parents sont plus disposés à soutenir l’éducation des filles, lorsque des enseignantes sont présentes. Les facteurs déterminants incluent les perceptions et les normes concernant les enseignants masculins enseignant aux étudiantes, les réalités de la VGMS vécue par les filles et le fait que les enseignantes peuvent être des modèles importants pour les filles.
Conclusion et recommandations
Transformer les normes sociales patriarcales et restrictives n’est pas la seule responsabilité des filles et des femmes. Les figures d’autorité dans la vie des filles (telles que les parents, les membres de la communauté, les maris et les chefs religieux et traditionnels) détiennent souvent un pouvoir décisionnel sur l’éducation des filles.
L’éducation peut être un moteur de changement transformateur et elle offre une opportunité de former et de présenter des visions et des possibilités alternatives à ce que les filles et les garçons peuvent aspirer à être. Les études examinées dans cet article indiquent que des interventions multisectorielles, travaillant à travers des modèles socio-écologiques, sont nécessaires pour modifier les relations de pouvoir inégales et les normes de genre.