Auteurs : Abdeljalil Akkari, Ydo Yao
Auteur : Satya Brink
Organisations affiliées : Secrétariat TALENT, Global Partnership for Education (GPE)
Type de publication : Rapport
Date de publication : Décembre 2020
La réforme des politiques éducatives nationales fait progresser le développement et contribue à la réalisation de l’ODD 4 sur l’éducation. Les approches efficaces pour améliorer l’utilisation des résultats des évaluations à grande échelle des apprentissages (LSLA) sont coûteuses et exigeantes ; si elles doivent être utilisées, elles doivent donc constituer un outil efficace.
De nouvelles réflexions ont été engagées concernant le but des évaluations, sur quoi elles portent et la manière dont elles sont menées, de sorte qu’elles sont plus étroitement liées à l’enseignement, à l’apprentissage et à la réalisation des objectifs éducatifs. Elles visent moins à évaluer l’enfant et la position relative de l’élève dans la classe qu’à évaluer les apprentissages et la manière dont tous les enfants scolarisés peuvent réussir. L’accent est mis sur l’application de ce qui est appris à l’aide de diverses méthodes d’évaluation reposant sur des tests papier-crayon ou des moyens numériques.
L’évaluation des apprentissages consiste à collecter des données pour mieux cerner les points forts et les points faibles de l’apprentissage des élèves dans un domaine particulier et à un moment précis. Les LSLA sont une composante du système d’évaluation (qui comprend des évaluations (formatives et sommatives) en classe, des examens et des évaluations à grande échelle).
Principaux problèmes liés à l’utilisation des LSLA dans les pays d’Afrique subsaharienne
- Manque d’adhésion et de culture des données. L’utilisation systématique des données et des résultats découlant des évaluations à grande échelle n’est pas institutionnalisée de façon à pouvoir mesurer la qualité du système et les performances des élèves.
- Sous-utilisation des résultats des LSLA. Alors que les pays ont investi beaucoup de temps, d’efforts et de ressources, ces évaluations ne sont pas utilisées de manière efficace ou stratégique pour soutenir pleinement l’ensemble du cycle politique (notamment l’identification des problèmes, l’élaboration de politiques, la mise en œuvre à l’échelle du système, le suivi des résultats conformément à un calendrier préétabli et la remontée des informations au système éducatif) de façon à ce que l’abandon de politiques, les ajustements apportés aux politiques ou l’élaboration de nouvelles politiques conduisent à une amélioration continue des performances.
- Mauvaise collaboration institutionnelle. L’unité responsable des évaluations entretient généralement un lien distendu ou de mauvaises relations avec les sections ministérielles chargées des politiques, de la réglementation et de l’administration de l’éducation et reçoit peu de soutien de haut niveau. Lorsque c’est le cas, les hauts fonctionnaires du ministère ne tirent pas parti des données et des résultats issus des évaluations à grande échelle des apprentissages malgré les investissements réalisés. S’appuyer sur ces unités, qui gèrent les évaluations et produisent des résultats analysés, les aiderait à prendre des décisions éclairées à tous les niveaux et dans tous les secteurs du système.
Les pays d’Afrique subsaharienne sont mis au défi d’atteindre les objectifs de l’Éducation pour tous, les Objectifs de développement durable relatifs à l’éducation et, en particulier, les objectifs de la Stratégie continentale d’éducation pour l’Afrique. Or pour ce faire, ils doivent opérer des changements structurels et culturels. L’infrastructure organisationnelle doit être fonctionnelle pour que des changements systématiques puissent être apportés. L’éducation doit être considérée comme un levier essentiel du progrès, du bien-être et du développement nationaux.
Créer une culture et un environnement propices à l’utilisation des données tirées des LSLA pour améliorer l’éducation
- Évoluer vers une culture de prise de décision reposant sur l’utilisation systématique des données : commencer par annoncer à l’ensemble du ministère qu’un investissement national a été fait dans un système d’évaluation afin de générer des données qui permettront à tous les secteurs de l’éducation de travailler individuellement et collectivement à l’amélioration continue des résultats en matière d’éducation.
- Démocratiser les informations sur les résultats d’apprentissage et renforcer les capacités des gestionnaires de l’éducation et des enseignants à comprendre l’intérêt de l’utilisation des données dans la prise de décisions aux niveaux décentralisé et des écoles.
Mettre en place une unité d’évaluation solide et renforcer la capacité à répondre aux besoins d’information des décideurs et des acteurs du système éducatif
L’unité d’évaluation : cette unité doit disposer des effectifs et des ressources requis et faire rapport à la haute direction. Elle doit être chargée de l’ensemble du processus de production de données : élaboration d’un plan d’évaluation pour toutes les années scolaires, conception d’évaluations, mise en œuvre des évaluations, stockage des données, réalisation de recherches, production de résultats ayant des répercussions sur la politique éducative, et élaboration et mise en œuvre d’une stratégie de diffusion.
Garantir que les résultats des LSLA apportent des réponses fiables aux questions que se posent les décideurs
Les décideurs du secteur de l’éducation incluent tous les acteurs (par exemple les ministres de l’Éducation, les directeurs de services, les chefs d’établissement et les enseignants) du système pour qui l’éducation de qualité représente un enjeu important. Afin d’améliorer l’utilisation des évaluations à grande échelle, les instruments doivent produire les données requises pour répondre aux questions des décideurs de façon à ce qu’ils puissent prendre des décisions éclairées concernant les politiques et les programmes éducatifs.
Leur préoccupation immédiate est d’identifier les politiques qui fonctionnent et celles dont l’impact n’est pas satisfaisant pour une grande partie ou une partie sensible de la population et qui devraient donc être révisées ou abandonnées. La fiabilité des informations est essentielle pour les décideurs.
- Suivi de la qualité de l’apprentissage au fil des années scolaires : un plan d’évaluation est nécessaire pour gérer les apprentissages au fil d’une année scolaire et la transition réussie vers l’année suivante.
- Mesures appropriées de la qualité et des performances : il n’est plus question de centrer les évaluations sur le programme et les tests, mais sur un diagnostic et les apprentissages. L’objectif n’est pas d’évaluer la mémorisation de faits, mais la compréhension et l’utilisation des connaissances en fonction des compétences à acquérir au cours de chaque année de scolarité. Il ne s’agit pas d’évaluer les élèves, mais de diagnostiquer leurs forces et leurs difficultés en matière d’apprentissage.
Les futures améliorations doivent être liées à une stratégie, une exploitation et une analyse claires des données pour augmenter au fil du temps leur disponibilité et leur utilisation par un nombre croissant d’acteurs du système.
Utilisation des évaluations à grande échelle des apprentissages pour rendre compte de la situation du secteur de l’éducation afin de promouvoir des améliorations
- Utilité des directives (2017) pour établir un rapport sur l’ODD 4. Le rapport doit être fondé sur des données probantes de qualité (fiables, à jour) et des analyses rigoureuses et mettre à contribution tous les ministères et organismes gouvernementaux compétents. Les directives laissent entendre que le processus aide à déceler les lacunes dans les données et les capacités et donnent des indications sur des approches coordonnées et progressives permettant de répondre aux besoins d’information pour établir les rapports nationaux.
Il est important de communiquer les résultats au grand public, aux parties prenantes et à tous les individus qui travaillent dans le secteur de l’éducation.