Auteurs : Karim OUATTARA, Elisée Napari YEO, Inza KONE et Blandine SCHAFNER4
Site de publication : AJOL
Type de publication : Article
Date de Publication : Aout 2022
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Introduction
La biodiversité dans la sous-région ouest-africaine connait une réduction drastique due aux activités humaines, à la base de la fragmentation forestière engendrant l’isolement des aires protégées. Ainsi, certains parcs nationaux forestiers sont devenus les derniers refuges de biodiversité. Cependant, même dans ces refuges, la stabilité de la diversité biologique n’est pas toujours garantie. En effet, dans les zones forestières tropicales, une grande partie des espèces de plantes et d’animaux sont sous de fortes pressions et en déclin. C’est le cas du Parc national de Taï (PNT) dont la stabilité écosystémique est principalement due aux équilibres des écosystèmes dans ce parc, mais également à un système de gestion développé pour réduire les menaces anthropiques.
Les critères écologiques
Il a été identifié quatre critères décisifs, deux critères importants et deux critères à valeur ajoutée. Ces principaux critères écologiques retenus intègrent les conditions physiques incluant la qualité de l’écosystème et nécessaires pour garantir un déplacement de certaines espèces cibles entre les îlots forestiers identifiés et pour faciliter, au besoin, une occupation de ce corridor comme habitat pour d’autres espèces animales. Dans ces critères trois principales espèces ont été retenues comme cibles.
Il s’agissait de l’éléphant de forêt, de l’hippopotame pygmée et du Cercopithèque Diane. En plus de ces principales espèces cibles dites primaires, quatre autres espèces animales ont été retenues comme cibles secondaires, il s’agissait du céphalophe de Jentink, du chimpanzé d’Afrique de l’Ouest, le crocodile nain, et la pintade à poitrine blanche.
Les critères socio-économiques
Dix critères socio-économiques ont été retenus, dont sept critères décisifs, deux critères importants et un critère à valeur ajoutée. Ces critères socio-économiques, identifiés prennent en compte les conflits homme faune sauvage, le caractère inclusif dans la gestion et aussi la prise en compte du renforcement social entre les communautés nationales et transnationales.
Les risques liés à la mise en place du corridor écologique transfrontalier
Les risques écologiques ont été évalués seraient lié au fait que des espèces animales de valeur pour la conservation utilisent le corridor principalement lors des périodes de dispersion, lorsque les jeunes animaux vont à la recherche de nouveaux habitats et en raison de la surpopulation. Ainsi, les animaux du PNT utilisant le corridor pour chercher un nouveau territoire dans le PNGK reviendront rarement dans le PNT.
Les risques socio-économiques transfrontaliers sont surtout liés à la densité démographique grandissante de la zone qui entraine une pression foncière de plus en plus problématique. Cependant, la petite taille du corridor demeure gérable, si un bon système de surveillance est mis en place dans une synergie d’action avec les communautés riveraines. Ces risques bien que considérés dans cette étude, comme élevés pourraient s’atténuer surtout avec le statut de Réserve Naturelle Volontaire qui responsabilise les communautés selon la loi n° 2002-102 du 11 février 2002, relative à la création et la gestion des aires protégée en Côte d’Ivoire.
Les risques sanitaires, bien que considérés comme étant relativement faible, peuvent influencer la dynamique des échanges entre animaux et les humains au niveau du corridor. Cependant rien ne montre que les populations vivant près des forêts et des aires protégées ont plus de risques de contracter une maladie zoonotique que les personnes vivant dans d’autres zones. Ce constat est soutenu par Jactel et al, qui ont montré que les vecteurs des maladies infectieuses sont également présents dans d’autres composantes du paysage dont les « forêts mélangées ». Le plus grand risque proviendrait de la manipulation ou la consommation d’animaux contaminés.