Auteur (s) : Stanley Kwenda
Organisation affiliée : Afrique Renouveau
Type de publication : Article
Date de publication : Avril 2010
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Les handicapés luttent pour obtenir les services qui garantiront leurs droits et leur dignité. Dans le cadre de la célébration d’une “journée de la paix” au Libéria, l’ONU a organisé un match de football entre deux équipes d’amputés. Toutes les personnes handicapées ont le droit de participer activement à la vie de leur société. «Il est très difficile d’accéder aux transports publics, aux édifices publics et aux réunions publiques»
La plupart des obstacles auxquels font face les personnes handicapées concernent l’accès aux infrastructures publiques, à l’éducation et à l’information. “Il est très difficile d’accéder aux transports publics, aux édifices publics et aux réunions publiques, raconte M. Kuchera, les infrastructures n’étant pas conçues pour la commodité d’utilisation. Je ne peux pas utiliser un ascenseur tout seul et il n’existe pas de guides en braille. C’est encore pire pour les utilisateurs de fauteuils roulants, car les rampes n’existent pas dans cette région du monde.” Kuchera est membre de divers groupes qui se battent pour les personnes handicapées au Zimbabwe et dans toute la région d’Afrique Australe.
Des poids morts encombrants?
Dans les rues d’Harare, des centaines de personnes handicapées mendient, la plupart vêtues de haillons, assis dans des fauteuils roulants improvisés ou se déplaçant sur des béquilles, les moins chanceux se traînant à terre sur les mains et les genoux.
Il est très difficile d’accéder aux transports publics, aux édifices publics et aux réunions publiques
La plupart d’entre eux étaient auparavant accueillis dans des institutions spécialisées, mais la récession économique qui a commencé en 2000 au Zimbabwe a rendu la vie dans ces foyers difficiles, et la plupart de leurs résidents n’ont pas eu d’autre choix que d’aller vivre dans la rue.
« Le gouvernement a oublié les handicapés … »
“Le gouvernement a oublié les handicapés, déplore M. Kuchera, rien ne leur est réservé dans le budget du pays pour 2010. Il n’y a pas le moindre projet ni programme en leur faveur.” Les personnes handicapées semblent également faire face à une société indifférente à leur sort. Quand celles-ci sollicitent l’aide du public pour lancer des projets d’emploi dans le maraîchage, la confection ou la musique, elles sont considérées comme gênantes. Le sentiment général est que leur place est dans la rue ou devant une église à mendier.
“La société considère les personnes handicapées comme des poids morts encombrants qui n’ont aucun rôle à jouer,” explique Gladys Charowa, une mère célibataire qui est confinée à un fauteuil roulant depuis un accident de voiture en 2001. Elle a contribué à fonder la Disabled Women Support Organization, organisme dont elle est la secrétaire générale et qui se consacre à l’aide aux femmes et aux filles handicapées.
Discrimination et mauvais traitements
Un rapport publié en 2004 par la section norvégienne de Save the Children conclut que la maltraitance sexuelle des enfants handicapés est de plus en plus fréquente au Zimbabwe et que 87,4 % des filles handicapées en avaient été victimes. Environ 48 % de ces filles souffraient de handicap mental, 15,7 % de déficience auditive et 25,3 % avaient des handicaps physiques visibles ; de plus, 52,4 % de ces victimes de maltraitance sexuelle se sont révélées séropositives.
Plus grave, conseils psychologiques, tests et traitements sont rares. Le personnel sanitaire manifeste souvent des préjugés à l’encontre des personnes handicapées. Il n’existe pas d’information en braille sur le VIH/sida, et les soignants ne connaissent pas le langage des signes.
Lutter pour le respect de la loi
Un certain nombre d’organisations, dont l’Organisation mondiale des personnes handicapées (OMPH), font pression sur le gouvernement pour qu’il reconnaisse les droits des handicapés et fasse appliquer les lois existantes. Joshua Malinga, qui est confiné à un fauteuil roulant, est un des fondateurs de l’OMPH. Il milite pour les personnes handicapées depuis 1980.
«Les personnes handicapées ne sont pas représentées dans les parlements ni les instances de décision, même pour les questions qui les concernent …» « n Afrique, la qualité de vie des handicapés est lamentable parce que l’invalidité n’est pas socialement intégrée, explique-t-il à Afrique Renouveau. Les personnes handicapées ne sont pas représentées dans les parlements ni les instances de décision, même pour les questions qui les concernent. Les gouvernements ne tiennent pas compte des handicapés dans leurs projets.»
Plusieurs pays d’Afrique australe ont fait quelques progrès, signale M. Malinga : en Namibie, tous les ministères sont officiellement obligés d’intégrer les questions de handicap dans leur travail. En Afrique du Sud, le Ministère des femmes, des enfants et des personnes handicapées se penche sur leurs préoccupations.
Initiatives régionales et continentales
Dans plusieurs pays d’Afrique australe, des organisations non gouvernementales militent pour le bien-être des personnes handicapées. Certaines s’occupent de ceux qui ont des besoins spécifiques, comme les aveugles, les sourds, les paralysés ou les malades mentaux. La plupart de ces organisations pressent les gouvernements de mettre en œuvre des politiques qui garantissent les droits des personnes handicapées.
Les personnes handicapées ne sont pas représentées dans les parlements ni les instances de décision, même pour les questions qui les concernent
Quelques évolutions positives
Dans toute l’Afrique, des gouvernements citent les contraintes budgétaires comme obstacles à la promotion des droits des personnes handicapées. Néanmoins, certains succès et certaines améliorations ont été obtenus au Burkina Faso, au Sénégal et au Togo. Le Ghana offre un exemple remarquable : on estime qu’environ 1,8 million de Ghanéens à peu près 5 % de la population sont, d’une manière ou d’une autre, handicapés, principalement par des problèmes de vision, d’ouïe ou de parole.
En 2006, le parlement du Ghana a voté la Loi nationale sur l’invalidité (National Disability Act) qui a pour but de garantir aux personnes handicapées la jouissance des mêmes droits que les personnes valides. La loi fournit un cadre législatif à la protection des droits des personnes physiquement ou mentalement handicapées dans divers domaines, dont l’éducation, l’apprentissage et l’emploi, l’accessibilité physique et et l’accès aux soins de santé. La loi est aussi conçue pour faciliter la création d’un environnement qui favorise le bien-être économique des personnes handicapées et leur permette de vivre mieux.
Les autorités s’emploient aussi à faire connaître plus largement la loi de 2006, notamment sous forme électronique. En juin 2009 par exemple, le Ministre de l’éducation Alex Tettey-Enyo a lancé la version électronique de la loi à Akropong dans la région de l’Est du pays. Grâce à un financement de l’Agence danoise de développement international, la loi a été traduite en plusieurs langues locales comme le Ga, l’Éwé et le Twi.
“La volonté politique a toujours existé au Ghana,” commente Aïda Sarr, responsable des communications et des programmes au secrétariat de la Décennie africaine des personnes handicapées installé au Togo voisin. Mais la volonté politique fait cruellement défaut dans la plupart des autres pays africains, en dépit de l’existence d’une convention internationale, de la proclamation d’une Journée internationale des personnes handicapées (le 3 décembre) et d’autres programmes. Dans la plus grande partie de l’Afrique, les personnes handicapées font toujours face à la discrimination et ne reçoivent qu’un faible soutien.
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