Auteur (s) : Gorée Institute
Organisation affiliée : Gorée Institute
Type de publication : Rapport
Date de publication : Février 2017
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LE BURKINA FASO
Les conséquences de l’insurrection populaire
En Afrique de l’Ouest, la lutte pour le pouvoir politique est la source de la majorité des conflits et violences observés au cours des dernières décennies. Cela se traduit par des tentatives de révision de la Constitution par les dirigeants pour prolonger leur mandat ou encore des refus de céder le pouvoir aux vainqueurs des élections. Au Burkina Faso, la population a résisté courageusement et avec succès à ce phénomène. Des manifestations se sont déclenchées après la tentative par Blaise Compaoré de modifier, au mois d’octobre 2014, l’article 375 de la constitution afin de se présenter à nouveau en 2015.
Le projet de loi visant à changer la constitution a finalement été retiré le 30 octobre. Toutefois, cela n’a pas suffi à une grande partie de la population, qui a continué à manifester, refusant de s’arrêter tant que Blaise Compaoré n’aurait pas quitté le pouvoir. Ce dernier a finalement démissionné le 31 octobre 2014 laissant place au gouvernement de transition. Un an plus tard, pour la première fois dans l’histoire du pays, les Burkinabè ont choisi un président civil à la suite d’élections libres et transparentes le 29 novembre 2015.
Ces événements peuvent donc être considérés comme un espoir pour un renouveau de la démocratie burkinabè. Cependant, ils ont entrainé une déstabilisation du pays. Ainsi peuvent être cités comme conséquences, l’émergence des « koglwéogo », l’incivisme grandissant au sein du pays, la difficulté à organiser les élections communales ainsi que la rupture de confiance entre la justice et les citoyens.
La perte de l’autorité de l’Etat et l’émergence des « Koglwéogo »
L’Etat, affaibli par l’insurrection populaire, a progressivement perdu son autorité sur le territoire national. Les services de défense et de sécurité ont fait face à de nombreuses contestations de la part de la population qui a perdu confiance en leur mission de protection des biens et des personnes. De ces mécontentements se sont constitués en milieux rural, des milices d’autodéfense appelés « koglwéogo ».
Ces groupes entendent défendre leurs intérêts face à la recrudescence de la violence dans les zones rurales. Ils essaient de se substituer à l’Etat et défient les forces nationales en créant des barrages, en vérifiant les pièces d’identités à la place de la police et en imposant des couvre-feux. Ceci représente un danger pour les populations puisqu’ils exercent un pouvoir arbitraire sur celles-ci et dans le même temps affaiblissent les services de sécurité nationale. De nombreuses dérives ont été dénoncées comme des arrestations et détentions arbitraires de supposés délinquants, le rançonnement ainsi que la pratique de la torture entrainant dans certains cas la mort. La possibilité que des éléments extérieurs infiltrent les rangs des Koglwéogo n’est pas non plus à exclure.
Un incivisme grandissant
Le pays des hommes intègres fait face à un incivisme grandissant depuis l’insurrection de 2014. Si la déperdition des valeurs sociales touche l’ensemble de la population, indifféremment de la classe sociale, elle est surtout accentuée au niveau de la jeunesse. Elle se manifeste par la pratique d’une justice privée, des actes de vandalisme, un manque d’intérêt pour la chose publique, le non-respect de l’autorité de L’État, de l’intolérance ainsi que par des revendications tout azimut. Cette situation atteint même le système éducatif. Dans certains établissements scolaires comme les lycées de Nagaré, Gounghin ou encore Ouahigouya, des élèves s’en sont pris à leurs professeurs en détruisant leurs biens et parfois même en les séquestrant. Ce phénomène reste une préoccupation majeure quant à l’évolution de la société.
Des élections locales contestées
A l’occasion des élections municipales du 22 mai 2016, le pays a enregistré une vague de violence sans précédent. Des affrontements entre militants ont fait deux morts et de nombreux blessés. Des maires et conseillers municipaux ont été pris pour cible, lynchés et leurs biens vandalisés. Ces événements ont été observés dans les localités de Gomboro, Péni, Kanchari, Sabcé, Kongoussi, KarangassoVigué, etc. En raison des troubles, les citoyens de trois communes rurales n’ont pu voter tandis que les populations d’une vingtaine de communes se sont trouvées dans l’incapacité d’élire leurs exécutifs, du fait de tensions locales. Dans d’autres communes, ce sont les résultats qui ont été contestés de manière violente.
De nombreuses dérives ont été dénoncées comme des arrestations et détentions arbitraires de supposés délinquants, le rançonnement ainsi que la pratique de la torture entrainant dans certains cas la mort
Des défis sécuritaires « classiques »
La menace du terrorisme islamique
Les frontières burkinabés se caractérisent par leur porosité. Cela représente un danger pour la sécurité du pays surtout au Nord avec le Mali et le Niger. Ces zones ont fait l’objet de nombreuses attaques. Parmi celles-ci peuvent être citées l’attaque du poste frontalier d’Intangom en juin dernier, du Commissariat de police de Koutoukou en mai 2016 ainsi que des Gendarmeries de Oursi et de Samorogouan en août et octobre 2015. Des expatriés ont également été enlevés dans les villes de Tambao et Djibo en avril 2015 ainsi qu’en janvier 2016. Ce manque de contrôle des frontières engendre le risque d’exportation de l’instabilité des pays voisins au Burkina.
Le contrôle démocratique du secteur de la sécurité
La vulnérabilité des Etats ouest-africains associée à la nature diffuse des menaces qui pèsent sur eux, entrainent souvent des dérives de la part des services de sécurité. Pourtant, le respect de l’ordre constitutionnel par ces services reste l’une des conditions préalables à l’établissement d’une société pacifique, stable et démocratique. L’une des solutions à cet enjeu majeur réside dans le contrôle démocratique du secteur de la sécurité. Au Burkina Faso, ce contrôle est quasi inexistant.
Des maires et conseillers municipaux ont été pris pour cible, lynchés et leurs biens vandalisés
La gestion du foncier en milieu rural
La gestion du foncier constitue une bombe à retardement au Burkina Faso. Depuis l’essor considérable du secteur minier et la politique de promotion de l’agrobusiness en vigueur, de plus en plus de paysans se voient expropriés de leurs terres. Cette situation alimente les frustrations ainsi que les sentiments d’inégalités faisant émerger des troubles communautaires qui se traduisent par des conflits entre agriculteurs et éleveurs.
LA GUINÉE-BISSAU
Seul pays d’Afrique de l’Ouest à avoir obtenu son indépendance par les armes au terme de 10 années de guerres avec le Portugal, la Guinée-Bissau peine encore à se développer. Cette situation s’explique par les périodes d’instabilité politico-institutionnelle récurrentes que traverse l’Etat lusophone. Depuis son accession à l’indépendance en 1974, le pays a connu neuf coups d’Etats militaires dont le dernier date du 12 avril 2012. À ce jour, aucun leader politique élu n’est allé au bout de son mandat.
Aujourd’hui, les divisions au sein du PAIGC (Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert), parti au pouvoir, le poids occupé par l’armée dans la vie politique ainsi que la corruption liée au trafic de drogues paralysent la gouvernance du pays. Cette instabilité se manifeste par la violation récurrente de la Constitution, l’impunité, le manque d’accès à la justice, les inégalités de genre, etc. représentant un danger pour la sécurité humaine des ressortissants bissau-guinéens.
Une instabilité politico-institutionnelle chronique
Un système politique favorisant les rivalités de leadership
Depuis le 12 mai 2016, la Guinée-Bissau se trouve dans une impasse. Pour la deuxième fois en deux ans de mandat, le président José Mario Vaz a relevé de ses fonctions l’ensemble de son gouvernement. Le début de cette crise politique remonte à 2015 lors de la destitution du précédent chef de l’exécutif, Domingos Simoes Pereira. Si la mésentente entre ce dernier et le président était connue depuis les élections de 2014, une raison plus profonde et structurelle semble expliquer le dysfonctionnement des institutions bissau-guinéennes : le système de gouvernance.
Dans un régime semi-présidentiel, le pouvoir exécutif est dirigé par un premier ministre issu de la majorité parlementaire ainsi que par un président de la république élu au suffrage universel direct. Ce système confie des pouvoirs assez larges au président notamment la capacité de nommer et de renvoyer le Premier ministre, le chef des Forces armées ou encore le Garde des Sceaux. Cependant, ce dernier joue un rôle plutôt symbolique en comparaison avec le Premier ministre qui est le véritable homme fort du pays. Cette bipolarité de l’exécutif entraine une rivalité entre les deux fonctions ce qui explique les blocages politiques que connait le pays.
Le poids de l’armée dans la vie politique bissau-guinéenne
Les forces armées bissau-guinéennes occupent une place prépondérante au sein de la vie politique et publique du pays tant par leur effectif que par leur influence. Responsables de plusieurs coups d’Etat depuis l’indépendance, l’armée est en réalité le détenteur du pouvoir au sein du pays. Les forces armées se sont érigées en élite nationale, s’exonérant de participer aux travaux de reconstruction du pays ainsi qu’aux activités économiques pouvant contribuer à l’accroissement 8 de la production nationale. Toutefois leur poids dans le budget de l’Etat est considérable. Elles bénéficient d’une impunité favorisée par leur complicité avec certains politiciens grâce à qui elles imposent leur volonté dans les instances de gouvernance.
Pour la deuxième fois en deux ans de mandat, le président José Mario Vaz a relevé de ses fonctions l’ensemble de son gouvernement
L’armée est hautement ethnicisée. Elle est en majeure partie constituée de « Balantas » qui représentaient l’ethnie majoritaire dans le pays et étaient situés au bas de l’échelle de la société coloniale ce qui a favorisé leur adhésion massive au mouvement de libération. De nos jours, cette situation est exploitée par certains milieux politiques, qui utilisent délibérément ce déséquilibre ethnique ainsi que l’influence militaire, pour contrôler le pouvoir politique.
Un Etat gangréné par le narcotrafic international et la corruption
Qualifié de premier « narco-Etat » d’Afrique par les Nations Unies, la Guinée-Bissau s’est érigée en véritable plaque-tournante du trafic de cocaïne à destination de l’Europe. La situation géographique du pays, c’est-à-dire ses frontières poreuses avec le Sénégal et la Guinée, sa façade atlantique non-surveillée ainsi que ses îles quasiment désertes dans l’archipel de Bijagos peuvent expliquer en partie cette tendance. Sont également en cause la faiblesse du système judiciaire, la corruption et la pauvreté au sein du pays.
Ces facteurs ont favorisé la pénétration de narcotrafiquants sud-américains et leur infiltration dans les hautes sphères de l’Etat : les milieux politique, militaire et de la haute fonction publique. La prolifération du trafic de drogue qui est facilitée par la faiblesse de l’Etat contribue dans le même temps à fragiliser durablement les instances de gouvernance ce qui place le pays dans un cercle vicieux.
Les forces armées bissau-guinéennes occupent une place prépondérante au sein de la vie politique et publique du pays tant par leur effectif que par leur influence
Des défis socio-économiques
Une situation économique fragile
La Guinée-Bissau est l’un des pays les plus pauvres au monde. Sur les 1.844 millions d’habitants que compte la nation, près de 70% vivent dans la pauvreté. L’instabilité étatique engendrée par tous les facteurs susmentionnés a contribué à exacerber la situation économique du pays. Les risques financiers et commerciaux entrainés par l’instabilité politico-institutionnelle du pays éloignent les perspectives d’investissements légaux au sein de celui-ci et sont susceptibles de faire fuir les potentiels investisseurs locaux vers l’étranger. À terme, la Guinée-Bissau pourrait être fortement touchée par le phénomène du « brain-drain », ce qui appauvrirait encore le capital humain indispensable à un développement durable.
Les femmes : premières victimes de la pauvreté
Les femmes représentaient 50.4% de la population bissau-guinéenne en 2015. Selon une étude du PNUD en 2014, la pauvreté est particulièrement accentuée dans les régions du nord du pays où est concentrée la majorité de la population féminine. En raison des discriminations basées sur le genre, les femmes sont plus touchées par cette pauvreté.
Les jeunes : force vive délaissée par le pays
La population bissau-guinéenne est en grande partie composée de jeunes. L’âge moyen de la population est de 20 ans et 41% des citoyens ont moins de 14 ans. La situation des jeunes bissau-guinéens est cependant peu enviable. Cette tranche de la population est fortement touchée par le sous-emploi et par le chômage. D’après les dernières données disponibles en 2011, le taux de chômage des jeunes avoisinait les 30%.
Les perspectives d’emploi dans le secteur privé sont très faibles, l’Etat reste donc le premier employeur des jeunes. Le manque d’éducation et de structures d’enseignement constitue un frein majeur au développement du pays. Des enjeux sanitaires se distinguent également au niveau de la jeunesse. Le manque d’accès aux soins, l’absence d’informations notamment concernant les Infections Sexuellement Transmissibles ainsi que la déficience des services de dépistage favorisent la propagation d’épidémies comme le VIH/Sida dans le pays.
D’autre part, les infrastructures pour la jeunesse dédiées à l’exercice d’activités sportives ou culturelles sont inexistantes. Tous ces facteurs placent les jeunes dans une situation difficile favorisant leur implication dans la petite délinquance ou dans le narcotrafic international.
À terme, la Guinée-Bissau pourrait être fortement touchée par le phénomène du « brain-drain », ce qui appauvrirait encore le capital humain indispensable à un développement durable
LE SÉNÉGAL
Le Sénégal est souvent cité comme un modèle de stabilité dans la sous-région ouest-africaine, laquelle est régulièrement secouée par des crises politiques majeures. S’il est vrai que le pays de la Teranga ou hospitalité est moins affectée par la violence que ses voisins, il reste néanmoins en proie à des menaces d’ordre divers. D’un point de vue sécuritaire, le pays est toujours affecté par le conflit de basse intensité qui se déroule en Casamance depuis plus de trente ans.
De plus, il n’est pas à l’abri de la menace du terrorisme djihadiste qui fait rage dans la sous-région. Le Sénégal fait également face à des défis au niveau socio-économique et écologique. Salué pour sa bonne gouvernance par rapport à ses voisins africains, des améliorations restent souhaitables notamment au niveau de la gestion foncière ainsi que la lutte contre la corruption dans le pays.
Des menaces d’ordre politico-militaires
Le conflit casamançais : facteur d’insécurité depuis plus de trente ans
Le Sénégal est touché depuis une trentaine d’années par un conflit de basse intensité en Casamance. Celui-ci est né des revendications indépendantistes d’une partie de la population de cette région. Il oppose le groupe rebelle Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), qui était à l’origine un parti politique visant à représenter le sud du pays, au gouvernement sénégalais depuis 1982.
Si cette guerre civile est l’une des moins meurtrières d’Afrique, elle a fait de nombreuses victimes dont une grande partie en raison des mines antipersonnel présentes dans la région. Cette guerre civile a entrainé un important déplacement de population au sein du pays et dans les pays voisins. L’Agence nationale pour la relance des activités économiques et sociales en Casamance estimait en 2014 le nombre de déplacés internes à 52 800 et à 20 000 ceux qui ont trouvé refuge dans les pays limitrophes.
Aujourd’hui, la dimension politique du mouvement s’est amoindrie pour laisser place à une violence s’apparentant plus à la criminalité organisée. Cette dernière est rendue possible par la prolifération et le trafic d’armes légères et de petit calibre (ALPC) amenés par le conflit. La guerre a facilité l’installation d’une économie de la drogue en Casamance notamment du fait de sa frontière poreuse avec la Guinée Bissau, plaque tournante du narcotrafic en Afrique de l’Ouest. La présence des ALPC entraine des répercussions sur la sécurité humaine des habitants de la région. Elles ont été utilisées pour le trafic de bois, de drogues, le vol de bétail, des braquages et, sporadiquement, des enlèvements.
La menace terroriste aux portes du Sénégal ?
A l’image des autres pays de la sous-région, les frontières sénégalaises sont poreuses. Ce phénomène, ajouté à l’instabilité de la région et notamment de ses voisins les plus proches tels la Mauritanie ou le Mali, fait courir un risque pour le pays. En témoigne la présence de nombreux groupes terroristes opérant dans la région comme Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), Ansar Dine, Al Mourabitoune, Boko Haram (ou Etat Islamique en Afrique de l’ouest) ou encore Le Front de libération du Macina.
Les pays qui se sont engagés dans la lutte contre le terrorisme dans la sous-région s’exposent à des représailles de la part de ces groupes. C’est le cas du Sénégal dont les forces armées opèrent au sein de la MINUSMA. De plus, les relations étroites qu’il entretient avec l’occident notamment la France et les Etats-Unis feraient du Sénégal une cible privilégiée des terroristes. Les groupes tels l’Etat Islamique ou AQMI ont enregistré en leur sein la présence de combattants sénégalais notamment en Libye et au Mali.
En février dernier, plusieurs présumés djihadistes sénégalais auraient été arrêtés en Mauritanie et extradés au Sénégal. Certains d’entre eux se sont récemment mis en scène dans des vidéos postées sur les réseaux sociaux projetant de mener le Djihad au Sénégal. D’ailleurs, en 2015 les autorités auraient démantelé un réseau sénégalais affilié à Boko Haram au Niger et au Nigeria, préparant un attentat dans le pays.
Le Sénégal est touché depuis une trentaine d’années par un conflit de basse intensité en Casamance
Des défis socio-économiques et environnementaux
Un accès inégal au marché de l’emploi
Les Sénégalais sont sujet à des difficultés socio-économiques. Selon la banque mondiale 46,7% d’entre eux vivaient en dessous du seuil de pauvreté en 2010. Le taux de chômage en 2015 se situait autour de 13%.Alors qu’ils constituent la majeure partie de la population, les jeunes sont les plus touchés par la pauvreté. Les jeunes en âge de travailler, c’est-à-dire de 15 à 35 ans, représenteraient plus de la moitié de la population active. En 2011, le taux de chômage des jeunes était estimé à 12,2%.
Les principales causes du chômage des jeunes semblent être liées à l’instabilité du marché du travail ainsi qu’à l’inadéquation entre les formations dispensées et les besoins des employeurs. D’une part, le manque d’instruction de beaucoup de jeunes sénégalais représente un frein à leur accès à l’emploi. La part des jeunes n’ayant reçu aucune instruction est estimée à 46% et 24% n’auraient pas dépassé l’école primaire. D’autre part, les jeunes diplômés du niveau supérieur semblent être fortement touchés par le chômage également avec un taux atteignant les 31% en 2011.
L’absence de prise en compte environnementale et ses répercussions socio-économiques et sanitaires
Le secteur de la pêche employait 800 000 personnes et générait 370 millions de dollars grâce à l’exportation en 2014. Bien que les ressources halieutiques soient capitales pour l’économie et la 14 sécurité alimentaire du pays, les autorités sénégalaises laissent faire des pratiques endommageant l’environnement et donc la pérennité de ces ressources. Il s’agit en partie de la construction d’habitations, de complexes hôteliers en bord de mer ou encore l’installation d’industries le long de la baie de Hann à Dakar. Des pratiques favorisant l’érosion côtière qui contribue fragiliser les écosystèmes marins et donc à amoindrir les ressources.
Des failles persistantes dans la bonne gouvernance du Sénégal
La nécessité d’une réforme du secteur foncier
« Au Sénégal, la terre a toujours été un enjeu économique, politique et social ainsi qu’une source de conflits entre ceux qui déclarent en être les maîtres, ceux qui l’exploitent effectivement et ceux qui légifèrent sur ses composantes ». Cette citation de l’ancien directeur des domaines, Monsieur Ciré Sall, témoigne de l’importance qu’occupe le secteur foncier dans la vie sénégalaise. L’accès à la terre fait l’objet d’une compétition entre les différents groupes sociaux qui élaborent des stratégies de plus en plus radicales pour s’emparer des espaces disponibles.
La lutte contre la corruption
La lutte contre la corruption s’est érigée comme une composante majeure de la Gouvernance publique dans le monde. En effet, aucun secteur de la gestion des affaires publiques n’est épargné par ce fléau et le Sénégal ne fait pas exception. Peuvent être cités les secteurs de la santé, des impôts, des transports, des marchés publics jusqu’au « racket » des chauffeurs de taxis par les forces de l’ordre. Ces pratiques illégales constituent un frein au développement du pays puisque l’argent et les biens publics détournés ne sont pas réinvestis pour la nation. De nos jours, la corruption est d’autant plus difficile à combattre qu’elle s’inscrit dans un contexte de sophistication de la criminalité financière qui passe par des procédés de plus en plus complexes et se développe à travers des réseaux parfois transnationaux.
Au Sénégal, la terre a toujours été un enjeu économique, politique et social ainsi qu’une source de conflits entre ceux qui déclarent en être les maîtres, ceux qui l’exploitent effectivement et ceux qui légifèrent sur ses composantes
CONCLUSION
Le Burina Faso, la Guinée-Bissau et le Sénégal ont chacun leurs spécificités historiques et sociales desquelles découlent des défis sécuritaires particuliers. Néanmoins, si les ressorts de l’insécurité humaine se traduisent de manière différente dans chaque pays, les points de vulnérabilités sont assez similaires. En témoigne l’instabilité institutionnelle et politique qui frappe tant le Burkina Faso que la Guinée-Bissau ou encore le risque d’attentat terroriste dont craint l’ensemble de la région.
Les menaces récurrentes tiennent aux inégalités sociales et injustices présentes dans la sous-région. Plus particulièrement, le défi de l’intégration des jeunes dans les sociétés semble devenir une préoccupation majeure. Les difficultés liées à la gestion du foncier et aux conflits qui en découlent affectent universellement l’ensemble des pays ouest africains. Il est nécessaire de renforcer la résilience des Etats face à ces enjeux.
La nature relativement homogène et parfois transnationale des menaces affectant la sous-région montre la pertinence de mener des actions en synergie de la part des Etats et de la société civile afin de diminuer leur impact sur les sociétés. Une des solutions serait de s’appuyer sur la CEDEAO pour la résolution des conflits. En renforçant ses capacités humaines, financières et techniques, l’institution régionale pourrait fournir un cadre privilégié pour le maintien de la paix et la résistance face aux défis sécuritaires.
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