Auteur (s) : Agence des Nations Unies pour les Réfugiés (UNCHR)
Type de publication : article
Date de publication : Mars 2018
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Des réfugiés rentrés spontanément depuis le Cameroun rebroussent chemin, face aux exactions de Boko Haram, soulignant les dangers endurés par des centaines de personnes forcées de rentrer. Après des années d’exil au Cameroun, Ahmadou a choisi de rentrer chez lui au nord du Nigéria l’année dernière dans l’espoir de trouver la paix et de reconstruire sa vie. Toutefois, la veille de la fête traditionnelle de l’Aïd al-Adha en août dernier, l’expérience a viré au cauchemar. Des militants de Boko Haram ont pris d’assaut le site clôturé à Banki pour protéger les personnes déplacées internes comme Ahmadou et sa famille et un massacre a commencé.
Ils sont « entrés sur le site et ont égorgé mon fils devant les membres de ma famille, en guise de sacrifice pour la fête », se souvient-il
Dès lors, cet homme de 58 ans n’avait plus qu’une seule idée en tête : fuir de nouveau les violences et retourner au Cameroun. « Je ne peux pas retourner au Nigéria et je suis très inquiet pour les membres de ma famille que j’ai laissés là-bas », dit Ahmadou, vêtu d’un boubou blanc immaculé. « Je regrette profondément d’être retourné au Nigéria avec ma famille, pour me retrouver dans de telles difficultés. »
Ahmadou s’inquiète pour la sécurité de sa famille restée au Nigéria. Il travaille désormais avec le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, pour sensibiliser environ 50 000 réfugiés dans le camp sur la persistance des violences au nord-est du Nigéria. Entre avril et juin 2017, près de 14 000 réfugiés vivant à Minawao ont organisé leur retour spontané et par leurs propres moyens.
Dans les rues principales du camp, de nombreux panneaux d’affichage lancent une mise en garde : « Partir ou rester, ma sécurité d’abord », dans le cadre de la campagne pour informer les réfugiés des risques qu’ils peuvent courir lorsqu’ils décident de retourner dans certaines régions du Nigéria.
Alors que d’autres continuent à rentrer, la plupart des réfugiés sont prêts à attendre que les autorités camerounaises et nigérianes organisent leur retour avec le HCR, une fois que la sécurité sera en place et sur la base de l’accord tripartite signé en mars 2017.
Compte tenu des dangers endurés par ceux qui retournent spontanément dans des zones où l’insécurité persiste, le HCR est particulièrement alarmé par les retours forcés de réfugiés, dont au moins 385 ont déjà été expulsés par les autorités camerounaises depuis début 2018.
Selon le HCR, ces rapatriements constituent une violation du principe de non-refoulement. Ils sont également le signe d’un recul significatif par rapport aux progrès précédemment réalisés par le Cameroun dans l’octroi de l’asile aux civils nigérians qui ont fui les violences de Boko Haram dans l’État de Borno.
« Cette situation nous alarme et nous étonne également, car les autorités camerounaises, fidèles à leur tradition d’accueil, font également preuve d’une grande générosité envers les réfugiés », a déclaré le représentant du HCR au Cameroun, Kouassi Lazare Etien. Il a noté qu’en 2018, des milliers de réfugiés centrafricains et nigérians ont été accueillis et ont trouvé refuge au Cameroun. A Minawao le mois dernier, 5 547 réfugiés ont été enregistrés par les autorités, avec l’appui du HCR.
Au total, le Cameroun accueille plus de 90 000 réfugiés nigérians, et le HCR y a enregistré 71 000 réfugiés
Tout en reconnaissant les préoccupations légitimes des États affectés par la crise de Boko Haram en matière de sécurité nationale, il est important que la protection des réfugiés et la sécurité nationale ne soient pas considérées comme incompatibles. Le bon fonctionnement des systèmes de filtrage, d’enregistrement et d’asile contribue à garantir la sécurité du pays d’accueil.
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