Auteurs : Veronica Torres, Mariko Scavone, Joëlle Matte.
Site de publication : Unicef
Type de publication : Rapport
Date de publication : Juillet 2023
Introduction
En Afrique de l’Ouest et du Centre (AOAC), malgré les résultats considérables obtenus pour scolariser davantage d’enfants au cours des deux dernières décennies (par exemple, 4,3 millions de plus dans l’enseignement pré-primaire, 35,5 millions de plus dans l’enseignement primaire et 13,2 millions de plus dans l’enseignement secondaire inférieur entre 2000 et 2017), de nombreux enfants sont encore laissés pour compte. Depuis 2010, le taux de non-scolarisation n’a guère évolué et n’a que très légèrement diminué, passant de 33,2 % en 2010 à 29,3 % en 2021, alors que les chiffres absolus sont en augmentation en raison de la forte croissance démographique.
Les possibilités de formation technique et professionnelle qui facilitent la transition entre l’école et le travail sont difficiles à trouver, et le manque et l’inadéquation des compétences conduisent à un chômage élevé chez les jeunes. Cette situation a été exacerbée depuis le début de l’année 2020 par la pandémie de COVID-19, qui a perturbé l’éducation et la formation des enfants, des adolescents et des jeunes dans le monde entier en entraînant la fermeture d’écoles et de centres d’apprentissage alternatifs.
En AOAC, les fermetures d’écoles ont touché 128 millions d’élèves de l’enseignement pré-primaire au secondaire supérieur, augmentant le risque d’abandon total des enfants et adolescents vulnérables.
Étude de cas de pays : Cote d’Ivoire
La formalisation de l’éducation coranique : Le cas de la Stratégie Nationale d’Intégration des Enfants des Structures d’Éducation Islamique dans le Système Éducatif Formel (SNIESIE)
Contexte
Au cours de la première décennie des années 2000, l’éducation dans la région nord de la Côte d’Ivoire a été sévèrement impactée par une rébellion armée et des déplacements de population. Lorsque le pays est sorti du conflit, et après la proclamation de l’enseignement obligatoire en 2015, le système éducatif ivoirien a connu une croissance rapide. Malgré cette croissance, le système éducatif n’a pas été en mesure d’absorber cette augmentation des inscriptions et les communautés n’ont pas pleinement investi dans un retour à l’éducation formelle.
En 2016, plus de 1,6 million d’enfants âgés de 6 à 16 ans étaient en dehors du système éducatif officiel, ce qui représente environ 25% de ce segment de la population. Parmi les enfants hors du système éducatif officiel, près d’un sur quatre, avec une proportion de 45,3 % de filles, fréquentait une Structure Éducative Islamique (SEI).
Les possibilités de formation technique et professionnelle qui facilitent la transition entre l’école et le travail sont difficiles à trouver, et le manque et l’inadéquation des compétences conduisent à un chômage élevé chez les jeunes. Cette situation a été exacerbée depuis le début de l’année 2020 par la pandémie de COVID-19, qui a perturbé l’éducation et la formation des enfants, des adolescents et des jeunes dans le monde entier en entraînant la fermeture d’écoles et de centres d’apprentissage alternatifs
Compte tenu de l’hétérogénéité du curriculum de la SEI, les diplômes n’ont pas été reconnus par le gouvernement et ont donc eu un impact négatif sur la capacité des diplômés à réussir leur transition vers le monde du travail, notamment dans les services publics. Le gouvernement ivoirien craignait que cela n’entraîne un sentiment d’aliénation et de colère chez les étudiants de la SEI et ne devienne une voie de recrutement pour les djihadistes.
Dans le sillage des efforts de cohésion nationale, le besoin d’un socle commun de connaissances, de compétences et de culture était plus pressant que jamais. De 2011 à 2014, une commission dédiée au soutien des SEI a été mise en place et a contribué à l’intégration de 262 SEI dans le système éducatif formel sur une base volontaire. Ce processus a été relancé en 20185 et étendu à toutes les SEI avec la Stratégie nationale pour l’intégration des enfants des structures d’éducation islamique dans le système éducatif formel.
Basée sur les conclusions du Rapport de synthèse Élaboration d’une stratégie d’intégration des écoles islamiques dans le système d’enseignement officiel (2008), l’approche du SNIESIE s’est appuyée sur l’autonomisation des parties prenantes au niveau communautaire afin d’établir efficacement la confiance et le consensus pour l’intégration des SEI dans le système d’enseignement officiel. A la fin du processus, les écoles islamiques sont reconnues (comptabilisées dans les statistiques du ministère) et sont éligibles pour le processus d’intégration.
Étude de cas de pays : Mauritanie
Apprendre à connaître les programmes d’éducation réservés aux filles : le cas de SAFIA
Contexte
La population Mauritanienne est caractérisée par sa jeunesse. Cinquante-quatre pour cent de la population a moins de 20 ans, tandis que près de 22 % sont des adolescents (10-19 ans). Les adolescentes représentent 12 % de la population totale. Cependant, l’éducation au-delà de 9-10 ans (6e année) pour les filles en Mauritanie continue d’être un défi. Seulement 38 % des adolescentes ont eu la chance de fréquenter l’école secondaire en 2018, ce qui entraîne un taux élevé d’analphabétisme et d’abandon scolaire.
Les normes de genre, culturelles et religieuses liées au mariage précoce empêchent souvent les filles de poursuivre leur éducation. Plus d’une fille mauritanienne sur trois est mariée avant l’âge de 18 ans, et 16 % des filles sont mariées avant l’âge de 15 ans.
Échelle et Appropriation Nationale
SAFIA est lié à une gamme d’organismes gouvernementaux, ce qui le place en bonne position pour une forte appropriation nationale. Parmi ceux-ci, la loi n° 2001-054 sur l’obligation de l’éducation de base stipule que l’éducation de base est obligatoire pour les enfants des deux sexes âgés de six à quatorze ans pendant au moins six ans. SAFIA est également en phase avec la politique et la stratégie de promotion de la jeunesse qui promeut l’éducation des jeunes ainsi que leur employabilité. Les autorités gouvernementales encouragent et adhèrent aux principes du projet, notamment l’ouverture sur le monde extérieur et la réorientation des jeunes filles rencontrant des difficultés scolaires vers une formation professionnelle.
Dans le sillage des efforts de cohésion nationale, le besoin d’un socle commun de connaissances, de compétences et de culture était plus pressant que jamais. De 2011 à 2014, une commission dédiée au soutien des SEI a été mise en place et a contribué à l’intégration de 262 SEI dans le système éducatif formel sur une base volontaire. Ce processus a été relancé en 20185 et étendu à toutes les SEI avec la Stratégie nationale pour l’intégration des enfants des structures d’éducation islamique dans le système éducatif formel
Étude de cas de pays : Ghana
Une Approche Multi-Sectorielle pour l’éducation des Filles : Le cas du programme Best Life for Girls (BLG) “Vie Meilleure pour les Filles »
Contexte
57% de la population ghanéenne a moins de 25 ans, dont environ 3 à 5 millions d’adolescentes. L’adolescence est une période de transition qui pose de multiples défis aux filles, car elles changent de niveau d’éducation ou quittent l’enseignement, passent au monde du travail et/ou fondent une famille. Le programme de l’UNICEF Protection et Autonomisation des Adolescentes au Ghana a permis de relever un certain nombre de défis auxquels sont confrontées les adolescentes, notamment les relations sexuelles précoces et les grossesses précoces avec les risques sanitaires qui en découlent et le potentiel de mariage précoce, l’augmentation du temps consacré aux tâches ménagères, ainsi qu’une forte prévalence et un risque accru de multiples formes de violence.
Le taux de pauvreté du Ghana était de 13,3 % en 2016, la pauvreté étant la plus répandue parmi la population rurale (23 %) et les personnes âgées de 16 ans et plus sans éducation et la plus concentrée dans les cinq régions du nord du Ghana et la région de la Volta. La parité entre les sexes dans l’éducation a été atteinte aux niveaux primaire et secondaire inférieur. Les taux d’achèvement des études primaires et secondaires sont également les plus faibles dans ces six régions. Au Ghana, les filles sont généralement plus performantes que les garçons dans les matières scientifiques et mathématiques.
Aperçu du programme
Le projet Vie Meilleure pour les Filles (BLG) était un projet de 5,2 millions de dollars sur 4 ans, financé par l’Agence Coréenne de Coopération Internationale (KOICA) et mis en œuvre par le Service de l’éducation du Ghana et l’UNICEF au Ghana. Le programme a été mis en œuvre entre 2017 et 2021. BLG a été mis en œuvre dans les régions du Ghana où la pauvreté et le faible niveau d’éducation sont monnaie courante, à savoir les régions du Nord et de la Volta.
Principales Réalisations
BLG a permis d’améliorer les taux d’achèvement des études de premier cycle du secondaire dans 70 écoles, tant pour les filles que pour les garçons. Deux ans avant la mise en œuvre du BLG, (en 2016/2017), les taux d’achèvement du premier cycle pour les filles à Krachi East et Kpandai (région du Nord) étaient respectivement de 34,3% et 48,3%. Après la mise en œuvre du BLG, les taux d’achèvement ont augmenté de 6,5% à Krachi East, 18,9% à Kpandai.
BLG a reconnu l’intersection des croyances sexistes et de l’achèvement de la scolarité et a travaillé pour y remédier. En conséquence, BLG a constaté une meilleure compréhension de ce qui constitue la violence sexuelle chez les filles scolarisées et non scolarisées, des améliorations considérables dans les attitudes et les pratiques au sein des communautés sur un large éventail de sujets liés à la protection de l’enfance, y compris la prévention de la séparation des familles, l’élimination des pratiques néfastes telles que le mariage des enfants, et la connaissance et la bonne volonté concernant l’endroit où chercher de l’aide en cas d’abus.
Les normes de genre, culturelles et religieuses liées au mariage précoce empêchent souvent les filles de poursuivre leur éducation. Plus d’une fille mauritanienne sur trois est mariée avant l’âge de 18 ans, et 16 % des filles sont mariées avant l’âge de 15 ans
Étude de cas de pays : Tchad
Renforcer le développement des compétences pour accroître la résilience dans les conflits : Le cas de la fourniture d’urgence de l’éducation inclusive (FUEI)
Contexte
L’insécurité au Sahel s’est amplifiée au cours de la dernière décennie avec des attaques extrémistes violentes directes dans la région du lac Tchad. Cela a entraîné une instabilité accrue dans les pays limitrophes, notamment le Nigeria, le Cameroun, le Niger et le Tchad. Au Tchad, les dépenses de sécurité ont augmenté, les revenus pétroliers ont chuté et il y a eu d’importants mouvements de population (déplacées, retournées, réfugiées). En effet, la population comprend 4% de réfugiés des conflits dans les pays voisins. La moitié des réfugiés âgés de 6 à 18 ans ne sont pas scolarisés ou reçoivent un enseignement dispensé par des organisations non reconnues et sont hors de portée du HCR et de ses partenaires.
Le système éducatif tchadien est soumis à une pression supplémentaire alors que le gouvernement doit faire face aux problèmes de sécurité. La situation de l’éducation dans la province du Lac est particulièrement préoccupante : le taux d’analphabétisme chez les jeunes atteint 95,8%, tandis que le pourcentage d’enfants non scolarisés est de 62%, l’un des taux les plus élevés du pays.
Approches et Activités
Compte tenu du contexte de forte mobilité et de déplacement de population, le projet FUEI a adopté une approche de protection de l’enfance – visant à inclure les besoins des enfants dans les environnements d’apprentissage formels, non formels et informels. Des valeurs universelles telles que le sport, la diversité et la cohésion sociale ont inspiré les activités de renforcement des systèmes mixtes et de prestation de services du projet.
Pour renforcer le système éducatif, le projet FUEI a réalisé d’importants investissements dans la construction d’infrastructures et la fourniture de matériel. Trois écoles coraniques ont été construites et/ou modernisées pour améliorer leur enseignement, leur hygiène et leur sécurité.
Le projet FUEI a contribué au secteur de l’éducation au Tchad en améliorant l’accès à l’éducation de base, en améliorant les infrastructures des écoles coraniques et leur programme d’enseignement, et en développant des infrastructures de loisirs. Le projet a construit deux CEBNF qui ont fourni une formation professionnelle à 1 820 jeunes non scolarisés et déscolarisés (709 filles). Ce chiffre a dépassé de 21 % l’objectif de 1 500 fixés par FUEI, grâce à l’enthousiasme des jeunes. Les étudiants des CEBNF ont acquis des compétences en menuiserie, couture, pêche, maraîchage et mécanique automobile.
Les activités récréatives ont été bien suivies. 5 591 enfants et adolescents (2 393 filles), ont pratiqué régulièrement des activités sportives sur les 8 terrains de sport construits. De plus, des activités récréatives ont été proposées à 1 277 enfants, dont 323 filles. Ces activités sportives ont permis de rapprocher les filles et les garçons et de créer des relations respectueuses.