Auteur : Aïcha Awa Ba
Site de publication : GNB
Type de publication : Rapport
Date de publication : Juillet 2024
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Contexte
En Afrique de l’Ouest et du Centre, 39% des filles sont mariées ou en union avant l’âge de 18 ans. La région abrite sept des dix pays où la prévalence du mariage d’enfants est la plus élevée au monde. Le Niger a le taux de prévalence du mariage d’enfants le plus élevé au monde, avec 76 %, suivi de près par la République Centrafricaine (68 %), le Tchad (67 %), le Mali (54 %) et le Burkina Faso (52 %). Au rythme actuel, il faudra encore 200 ans pour mettre fin au mariage des enfants en Afrique de l’Ouest et du Centre.
Filles, Pas Épouses met en œuvre un projet financé par Éducation Out Loud (EOL), qui vise à résoudre les problèmes liés au mariage des enfants et au manque d’accès des filles à une éducation de qualité. Il se concentre sur les pays de l’Afrique de l’Ouest francophone – en particulier le Burkina Faso et le Niger – qui affichent les taux de mariage d’enfants et de filles non scolarisées les plus élevés au monde.
L’impact des normes sociales sur l’éducation des filles et le mariage des enfants
L’Afrique de l’Ouest présente une variété riche en cultures et en traditions, mais il existe une base culturelle commune, marquée par des valeurs patriarcales, le respect de l’ancienneté et l’importance du mariage et de la fécondité. Le mariage est considéré comme une étape essentielle dans le passage entre l’enfance et l’âge adulte et comme un outil important pour confirmer les relations sociales et le soutien au sein de la communauté. En Afrique de l’Ouest, le lien perçu entre la virginité d’une fille et l’honneur de la famille est un concept central qui motive les décisions liées.
Au Niger, le mariage est considéré comme un événement inévitable de la vie. Ce phénomène est accéléré par des facteurs tels que le manque d’opportunités économiques, la pression sociale au sein de la communauté et la socialisation liée au sexe des filles dès un jeune âge. Au Burkina Faso comme au Niger, les normes liées aux genres relatives au rôle reproductif des femmes influencent considérablement la décision des filles de se marier tôt.
En Afrique de l’Ouest et du Centre, 39% des filles sont mariées ou en union avant l’âge de 18 ans. La région abrite sept des dix pays où la prévalence du mariage d’enfants est la plus élevée au monde. Le Niger a le taux de prévalence du mariage d’enfants le plus élevé au monde, avec 76 %, suivi de près par la République Centrafricaine (68 %), le Tchad (67 %), le Mali (54 %) et le Burkina Faso (52 %). Au rythme actuel, il faudra encore 200 ans pour mettre fin au mariage des enfants en Afrique de l’Ouest et du Centre
La pression des pairs et les rôles stéréotypés des hommes et des femmes renforcent l’idée que les filles ne peuvent se projeter qu’en tant que futures épouses et mères, et non en tant que source de revenus économiques ou acteurs clés au sein de leur communauté. Cela a un impact sur l’ambition des filles de réussir à l’école, ce qui se traduit par un faible taux de scolarisation et des taux élevés d’abandon scolaire prématuré. La mauvaise qualité d’éducation ainsi que le manque d’accès.
Corrélation entre le mariage d’enfants et l’abandon scolaire des filles
Il existe une forte corrélation entre le mariage des enfants et l’éducation des filles. En Afrique de l’Ouest, Centrale, l’Est et du Sud, le mariage des enfants est un facteur déterminant du faible niveau de réussite. Au Niger, 81 % des femmes sans éducation et 63 % de celles qui n’ont qu’un niveau d’éducation primaire étaient mariées à l’âge de 18 ans, contre seulement 17 % des femmes ayant complété une éducation secondaire ou supérieure.
Dans cette recherche menée par des jeunes, la plupart des études de cas établissent un lien direct entre le mariage des enfants et l’abandon précoce d’études des filles. Dans son étude de cas, Saley Ibrahim, un enseignant, évoque les responsabilités des parents dans le maintien des filles à l’école dans la communauté rurale de Dan Issa, au Niger. Il observe que les filles ont tendance à se marier avant d’atteindre la troisième année d’éducation secondaire et que le mariage conduit presque systématiquement les filles à abandonner leurs études . Selon lui, le mariage a la priorité sur l’éducation coranique et moderne.
Pauvreté multidimensionnelle et la corrélation entre l’abandon précoce de l’école par les filles et leur obligation d’entretenir leur famille
Les études de cas des jeunes chercheurs ont été menées en grande partie dans des régions où la pauvreté endémique pousse continuellement les filles à s’occuper de leur famille et/ou à les entretenir. La pauvreté multidimensionnelle détermine également l’accès des filles à l’éducation et leurs chances de terminer leurs études. Toutes les études de cas sur la capacité des filles à terminer leurs études ont démontré que le simple fait de ne pas pouvoir payer les frais de scolarité est un facteur important qui les pousse à l’abandon scolaire précoce. Les coûts indirects tels que les uniformes et les fournitures scolaires, les transports et les frais des comités de gestion des écoles (COGES) jouent également un rôle ; ces coûts ont augmenté au cours des dernières années.
La pression des pairs et les rôles stéréotypés des hommes et des femmes renforcent l’idée que les filles ne peuvent se projeter qu’en tant que futures épouses et mères, et non en tant que source de revenus économiques ou acteurs clés au sein de leur communauté. Cela a un impact sur l’ambition des filles de réussir à l’école, ce qui se traduit par un faible taux de scolarisation et des taux élevés d’abandon scolaire prématuré. La mauvaise qualité d’éducation ainsi que le manque d’accès
Les conclusions de Saley Ibrahim suggèrent que, dans la commune rurale de Dan Issa, au Niger, l’une des principales raisons pour lesquelles les filles abandonnent leur études est le rôle qu’elles jouent dans les réponses aux besoins quotidiens de leur famille. Les parents – en particulier les mères – recherchent le travail de leurs filles dans les petites entreprises familiales. Dan Issa se trouve à la frontière du Nigeria, où les possibilités de petits commerces sont plus nombreuses. La région souffre également de l’impact du changement climatique : lorsque les récoltes agricoles ne permettent pas de nourrir la famille entre les saisons des pluies, de nombreux maris émigrent au Nigéria, laissant leurs femmes comme chefs de famille temporaires.
Les écolières s’engagent à des activités génératrices de revenus pour préparer et financer leur mariage
Les conclusions d’Abdoulaye montrent que la préparation du mariage, et la constitution de leur trousseau de mariage, est une motivation fondamentale pour certaines des jeunes filles qui quittent les villages nigériens comme Bingou, Santché, Sabon Birni et Bana pour travailler dans les centres urbains. Selon les jeunes filles qui ont participé à l’étude, le trousseau de mariage se compose généralement de revêtements muraux, de draps, de rideaux, de tapis de prière, de casseroles, de matelas, de seaux, de bassines, de meubles, de tasses, d’ustensiles de cuisine, de thermos, d’une coiffeuse, d’une armoire et d’un tapis. Les filles ont indiqué qu’elles devraient économiser de l’argent pour couvrir un budget estimé à CFA 100 000-500 000 pour l’achat du trousseau.
Recommandations
- Passer d’un plaidoyer axé sur l’accès à l’éducation à un plaidoyer axé sur la qualité de l’éducation et l’inclusion.
- Plaider en faveur d’un changement systémique dans le système éducatif et promouvoir une éducation transformatrice en matière d’égalité entre les hommes et les femmes :
▪ Intensifier le recrutement d’enseignantes.
▪ Mettre fin à toutes les formes de violence à l’école, y compris la violence sexiste à l’école. ▪ Réexaminer les programmes scolaires qui diffusent des normes sexospécifiques néfastes.
- Construire des installations scolaires pour prévenir l’absentéisme lié aux menstruations et intégrer des espaces dans les écoles pour dispenser une éducation sur les menstruations ;
- Promouvoir une éducation culturellement pertinente ;
Recommandations
- Renforcer les mécanismes de prise en charge des personnes déplacées en enregistrant celles qui vivent dans des sites officiels et informels.
- Renforcer la mise en œuvre et le financement des politiques d’éducation d’urgence en mettant l’accent sur une approche intégrée/transformatrice pour les filles déplacées à l’intérieur du pays.
- Veiller à ce que les voix des filles déplacées à l’intérieur du pays soient rigoureusement et systématiquement prises en compte dans les politiques et les programmes.
- Renforcer le soutien aux acteurs du secteur de l’éducation afin de mieux prendre en charge les filles qui ont été déplacées.
- Intégrer la santé mentale dans la réintégration scolaire des enfants déplacés.