Auteurs : Ada Nayihouba et Quentin Wodon
Site de publication : RSEC
Type de publication : Article
Date de publication : Février 2022
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L’éducation est un secteur essentiel pour le développement en Afrique, mais les enjeux auxquels la plupart des pays font face sont majeurs. Le capital humain – mesuré comme la valeur actualisée de l’espérance de revenus futurs des travailleurs, représente au plan global les deux tiers de la richesse des nations. En Afrique sub-saharienne, la proportion est en dessous de la moitié. L’une des raisons en est le faible niveau d’éducation.
Alors que les taux d’achèvement du primaire et du premier cycle du secondaire sont de 90,1 % et 77,0 % au niveau mondial selon les dernières données disponibles de la Banque mondiale, ils sont respectivement à 70,4 % et 43,7 % en Afrique subsaharienne, menant à un grand nombre d’enfants non scolarisés3. Pour ce qui est de l’apprentissage, dans les pays à revenus bas ou moyens, plus de la moitié des enfants de 10 ans ne savaient pas lire et comprendre un texte simple avant la crise de la COVID.
Les moteurs de la corruption sont souvent complexes7, et définir la corruption et la mesurer n’est pas une tâche facile. Il est cependant clair que dans les pays à bas ou moyens revenus, ainsi que dans les régimes autoritaires, la corruption sous différentes formes reste fort répandue. Comme exemple de corruption à grande échelle, une analyse récente suggère que 7,5 % de l’aide au développement pourrait être détournée vers des comptes en banques offshore. Les conséquences de la corruption sont importantes non seulement pour les individus et les ménages qui en sont les victimes, mais aussi pour la croissance économique. Les pauvres sont souvent touchés de manière disproportionnée.
La corruption dans la prestation de services peut avoir des effets négatifs importants sur la population, et en particulier sur les pauvres qui ont déjà des difficultés à se procurer les services de base. Dans le cas des écoles, elle peut conduire les parents à ne pas inscrire leurs enfants à l’école, ou les membres de la famille à ne pas se faire soigner en cas de besoin. Elle peut fausser les comportements, y compris lorsqu’elle affecte les mécanismes de sélection, par exemple ceux liés à la réussite aux examens nécessaires pour qu’un enfant poursuivre sa formation à un niveau scolaire supérieur. De plus, la corruption sape la confiance qui devrait exister entre les individus et les écoles. D’autres formes de corruption sont également répandues.
Prévalence de la corruption
Dans la première des trois vagues utilisées pour l’analyse, la modalité « aucun contact » était codifiée comme « pas au cours de l’année écoulée », ce qui pourrait à nouveau entraîner une certaine divergence dans les estimations des parts de répondants considérés comme ayant payé des pots-de-vin ou rendu d’autres faveurs entre les années. La dernière colonne du tableau représente de nouveau la part de l’échantillon déclarant payer des pots-de-vin ou rendu d’autres faveurs.
Alors que les taux d’achèvement du primaire et du premier cycle du secondaire sont de 90,1 % et 77,0 % au niveau mondial selon les dernières données disponibles de la Banque mondiale, ils sont respectivement à 70,4 % et 43,7 % en Afrique subsaharienne, menant à un grand nombre d’enfants non scolarisés3. Pour ce qui est de l’apprentissage, dans les pays à revenus bas ou moyens, plus de la moitié des enfants de 10 ans ne savaient pas lire et comprendre un texte simple avant la crise de la COVID
Cette part est obtenue en additionnant les catégories de répondants déclarant avoir versé des pots-de-vin ou rendu d’autres faveurs une fois, deux fois, et quelques fois ou souvent, et en divisant ces trois catégories par la somme des quatre catégories allant de jamais à souvent. Pour le continent, comme ce fut le cas pour la question sur les difficultés à obtenir des services, les estimations de la part des répondants payant des pots-de-vin ou d’autres faveurs sont du même ordre de grandeur dans le temps, à 15,0 % en 2011-13, 18,6 % en 2014-15 et 17,6 % en 2016-18.
Il existe une relation claire entre les difficultés rencontrées pour obtenir des services et le payement de pots-de-vin ou autres faveurs. Le tableau 3 fournit des statistiques sur la part des répondants payant des pots-de-vin en fonction du niveau de difficulté rencontré pour obtenir des services. La somme des taux par ligne ne totalise pas 100 %, car ici l’accent est mis sur la mesure des taux de petite corruption parmi chacune des différentes catégories de répondants par degré de difficulté à obtenir des services.
Analyse de régression
Quatre régressions sont estimées : La première considère les corrélats d’éprouver des difficultés à obtenir des services. La seconde considère les corrélats du paiement de pots-de-vin ou autres faveurs rendues, sans information parmi les variables explicatives indiquant si le répondant a rencontré des difficultés. La troisième régression considère les corrélats du paiement de pots-de-vin ou autres faveurs rendues en incluant dans les variables explicatives si le répondant a rencontré des difficultés. La dernière régression considère les corrélats du paiement de pots-de-vin ou autres faveurs rendues uniquement parmi les répondants qui ont déclaré éprouver des difficultés à obtenir des services.
Conclusion
Il existe une forte relation entre les difficultés rencontrées pour obtenir des services et le versement de pots-de-vin ou autres faveurs rendues, ce qui suggère, comme on pouvait s’y attendre, que les pots-de-vin ou autres faveurs sont payés en partie pour résoudre ces difficultés (ou éventuellement que certains enseignants ou responsables d’écoles peuvent créer des difficultés pour bénéficier des pots-de-vin ou autres faveurs). Il n’y a pas d’améliorations dans le temps vers une réduction des difficultés à obtenir des services et des paiements de pots-de-vin ou autres faveurs. En 2011-13, les individus les plus défavorisés sont particulièrement susceptibles d’éprouver des difficultés à obtenir les services dont ils ont besoin, et ils sont davantage victimes de la corruption, mais c’est moins le cas dans les deux autres vagues de l’enquête utilisées pour l’analyse dans cet article.