Auteurs : Savchenko,Yevgeniya De Simone, Martin Elias Weaver, Jason Allen Rasolonjatovo Andriamihamina, Harisoa Danielle Bentil, Ekua Nuama Baranshamaje, Etienne Dahal, Mahesh Mosuro,Wuraola Olubusola Silva,Karishma Talitha Yukseker, Elif Yonca
Site de publication : Banque Mondiale
Type de publication : Rapport
Date de publication : Octobre 2022
S’ils ont fait des progrès en matière d’éducation, les pays de l’Afrique de l’Ouest et centrale restent néanmoins au bas du classement mondial en termes de capital humain et n’ont pas encore réalisé pleinement la promesse de l’éducation. En appui aux pays d’AOC dans la poursuite de ces objectifs, cette Stratégie régionale d’éducation énonce le plan de la Banque mondiale (2021-2025) pour les interventions dans le secteur de l’éducation dans ces pays. Éclairée par des consultations avec diverses parties prenantes, cette stratégie cerne les principaux défis et décrit les priorités stratégiques, les options politiques et les interventions à haut niveau d’impact pour l’amélioration.
Sur l’ensemble du continent, la part des personnes vivant dans l’extrême pauvreté est passée de 54 pour cent en 1990 à 41 pour cent en 2015. Cependant, au cours de cette même période, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté est passé de 278 millions à 413 millions en raison de la forte croissance démographique. Les perspectives macroéconomiques peu reluisantes, qui se manifestent par une faible croissance économique, constituent l’un des principaux facteurs qui contribuent à l’extrême pauvreté dans la région.
Moderniser le cycle de vie de l’apprentissage
Tous les pays d’AOC doivent moderniser le cycle de vie de l’apprentissage pour tirer pleinement parti des investissements dans l’éducation et la formation. L’accès à l’éducation de base s’est développé rapidement, mais l’AOC reste à la traîne par rapport aux autres régions du monde dans ce domaine.
Il existe d’importantes disparités intergénérationnelles en matière d’éducation. n. Par exemple, grâce à l’expansion rapide de la couverture des services d’éducation au cours des dernières décennies, aujourd’hui, un enfant au Burkina Faso peut espérer terminer en moyenne 7 années de scolarité avant son 18e anniversaire, alors que ce chiffre n’était que de 2 ans chez les adultes de 25 ans ou plus.
Plus inquiétant encore que l’agenda inachevé de l’universalité de l’éducation de base est la crise réelle, bien que moins évidente, des faibles niveaux d’apprentissage dans toute la région. Selon les estimations, 83 pour cent des enfants de 10 ans en AOC souffrent de pauvreté des apprentissages, c’est-à-dire d’une incapacité à lire et à comprendre un texte simple. Un enfant d’AOC aujourd’hui peut s’attendre à terminer en moyenne 7,8 années de scolarité à 18 ans, mais ce nombre tombe à seulement 4,5 ans lorsqu’il est ajusté en fonction de la qualité de l’apprentissage.
Dans l’enseignement post-basique, la région est confrontée à des écarts chroniques en matière de réussite et de participation au marché du travail, en particulier chez les jeunes femmes, et les taux de chômage des jeunes sont élevés, même parmi les personnes instruites et formées.
Impact de l’éducation sur la santé et le capital social
L’éducation améliore également le bien-être des pays à travers ses effets positifs sur la santé, en particulier dans la mesure où elle améliore la survie des enfants et les résultats en matière de santé et réduit les cas de mariage d’enfants et de grossesses précoces. L’éducation peut contribuer à renforcer le capital social et à stabiliser une région où le tissu social est en train de s’effriter. En contribuant à atténuer les pressions démographiques, à réduire la pauvreté et à accélérer la croissance économique, l’éducation peut apporter une contribution vitale et alléger les causes sous-jacentes de FCV dans la région.
Renforcer le leadership stratégique pour un impact à long terme
Les résultats en matière d’éducation priorisés dans cette Stratégie régionale d’éducation exigent de la volonté politique et du leadership de part des dirigeants aux plus hauts niveaux s’ils doivent se concrétiser. Il est essentiel mais insuffisant d’obtenir l’engagement politique des dirigeants aux plus hauts niveaux envers les objectifs prioritaires ; ces objectifs doivent aussi être attrayants pour un large éventail de parties prenantes et mobiliser leur coopération à agir dans l’intérêt national.
Les dirigeants peuvent utiliser un discours de réforme pour indiquer que le statu quo dans le domaine de l’éducation est inacceptable et expliquer le plan d’action du gouvernement. Un cadrage méticuleux des questions appelant à un dialogue et à un réseautage est particulièrement important dans les cas où les normes sociales, les préférences religieuses ou les considérations culturelles constituent des obstacles majeurs au changement. Il faut souvent négocier et prendre en compte les préoccupations des principales parties prenantes pour obtenir leur engagement et leur appui par rapport au programme de réforme.
Une approche à l’échelle de l’ensemble du gouvernement nécessite des structures de gouvernance cohérentes au niveau systémique et des mesures incitatives qui favorisent la coopération et la coordination entre les silos organisationnels du système éducatif. Dans de nombreux pays d’AOC, le système éducatif est fragmenté entre plusieurs ministères. Seuls cinq pays d’AOC (à savoir le Cap-Vert, la Guinée équatoriale, le Ghana, la Guinée Bissau et le Liberia) rassemblent tous les sous-secteurs en un seul ministère de l’Éducation. Les autres pays ont plusieurs ministères pour les différents cycles ou types d’enseignement, pouvant aller jusqu’au nombre de cinq comme c’est le cas au Cameroun et au Niger. Si ces divisions peuvent encourager chaque unité à se concentrer sur ses responsabilités opérationnelles, elles alourdissent et compliquent les processus décisionnels stratégiques à l’échelle du système (telles que les décisions sur la redistribution des ressources entre les différentes unités, par exemple).
Élargir l’espace fiscal pour augmenter les dépenses publiques d’éducation
Les perspectives de croissance économique s’étant assombries à la suite de la crise COVID-19, les pays d’AOC sont confrontés à de nouvelles pressions négatives pour le financement de l’éducation. Le Fonds monétaire international (2021) prévoit que la plupart des pays d’AOC ne retrouveront pas leur PIB par habitant d’avant la crise avant la fin de 2025. Les économies prospères sont capables de faire augmenter rapidement les dépenses publiques en matière d’éducation ; en revanche, les économies souffrant du ralentissement induit par la pandémie risquent de connaître des difficultés dans ce domaine.
Les pays d’AOC ne disposent que d’une faible marge de manœuvre pour contracter une dette publique supplémentaire afin de financer les investissements dans l’éducation et sont confrontés à des conditions défavorables pour emprunter sur les marchés de capitaux internationaux. Les déficits budgétaires en pourcentage du PIB dans la région ont bondi d’une moyenne de 3,8 pour cent en 2019 à 6,1 pour cent en 2020 et 2021, entraînant une accumulation rapide de l’encours de la dette.
Dans les conditions actuelles, les pays d’AOC doivent envisager d’autres mesures, notamment la mobilisation de davantage de recettes publiques par le biais de la fiscalité, le renforcement de l’administration fiscale et l’amélioration de la conformité. L’affectation de nouvelles recettes fiscales à l’éducation peut contribuer à augmenter les dépenses publiques dans ce domaine, mais prise isolément, cette mesure s’avère souvent insuffisante pour accroître les dépenses publiques aux niveaux requis afin de réaliser les ODD relatifs à l’éducation.