- Parce que nombre de pays francophones de la région connaissent un niveau très élevé d’analphabétisme. La situation est particulièrement préoccupante pour des pays comme le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad qui affichent des taux d’alphabétisation inférieurs à 30 %. La situation semble plus favorable dans les pays anglophones (Nigéria et Ghana) mais partout les États ont du mal à offrir à la fois la quantité et la qualité des services éducatifs à leurs populations extrêmement jeunes et en forte croissance.
- Parce que l’éducation est un facteur clé du développement économique, social, culturel et politique d’un pays. Les États qui ont connu un niveau de performance économique élevé au cours des dernières décennies sont ceux qui ont su mettre en place des systèmes éducatifs efficaces adaptés à leurs contextes et à leurs choix d’orientation économique (Singapour, Taiwan, Maurice, Botswana, Rwanda, etc.). L’acquisition de savoirs et de savoir-faire dans la tranche d’âge de 6 à 18 ans détermine, tout comme les aptitudes acquises et développées dans les premières années de vie, le niveau futur du capital humain individuel et collectif.
- Parce que les insuffisances accumulées par les élèves au niveau de l’école primaire et secondaire (notamment en écriture, lecture et mathématiques) ont des répercussions importantes lorsqu’ils abordent les études supérieures ou entament une vie professionnelle. Ces insuffisances démontrent l’urgence d’une prise de conscience par tous les acteurs du secteur éducatif de leurs responsabilités. La qualité de l’enseignement primaire et secondaire détermine largement la capacité d’un pays à faire face, avec des femmes et des hommes bien formés, aux défis futurs dans tous les domaines.
- Parce que l’Afrique de l’Ouest continue de se distinguer en moyenne par un niveau faible de scolarisation, malgré des progrès remarquables au plan mondial et dans quelques pays de la région (le taux net de scolarisation à l’école primaire est à plus de 94% au Togo, 93% au Cap-Vert et 92% au Bénin, http://uni.cf/29aZ7lj). La région compte cependant plus du tiers des 21 pays du monde dans lesquels le taux net de scolarisation dans le primaire est inférieur à 60 %. Au Burkina Faso et au Niger par exemple, moins de deux enfants sur cinq bénéficient de l’enseignement primaire. Au niveau du secondaire, les taux nets de scolarisation sont partout nettement plus bas (le Bénin est à 42% et le Cap-Vert à 69%, http://bit.ly/297IKly).
- Parce que l’insuffisance ou l’absence d’équipements et d’infrastructures scolaires, le nombre pléthorique d’élèves dans les salles de classe, les programmes scolaires souvent inachevés, les grèves et revendications répétées pour une revalorisation des salaires des enseignants ne permettent pas de créer les conditions d’un enseignement primaire et secondaire de qualité.
- Parce que la privatisation spectaculaire dans le secteur de l’éducation, de l’école maternelle à l’enseignement supérieur, a créé au cours des deux dernières décennies des systèmes éducatifs à plusieurs vitesses, avec des secteurs publics progressivement abandonnés par les parents d’élèves. Les ressources humaines de qualité en matière d’enseignement optent pour le secteur privé où elles bénéficient de meilleures conditions de travail et des revenus plus élevés. Les parents font des efforts financiers énormes pour fournir une meilleure éducation à leurs enfants en les envoyant dans des écoles privées coûteuses, mais la qualité n’y est pas toujours assurée.
- Parce qu’il faut repenser les systèmes éducatifs dans toutes leurs dimensions pour les rendre plus adaptés aux réalités économiques, sociales et culturelles des pays de la région et encore davantage aux besoins des futures générations et au type de sociétés que l’on souhaite construire. Au-delà des connaissances transmises dans les écoles, il est urgent de s’interroger sur les pratiques qui ont cours dans les enceintes scolaires et menacent l’intégrité physique, psychologique et morale des enfants, comme les mauvais traitements, le harcèlement sexuel, la corruption et les mauvais exemples donnés par certains acteurs du secteur éducatif.